Claude Pommereau

Écrivain reclus une grande partie de sa vie, Proust a fait de Paris le décor transfiguré de sa Recherche du temps perdu. S'il privilégie le 16° arrondissement, il ne dédaigne pas les escapades vers les barrières et autres quartiers malfamés. Il est, de loin, l'un des écrivains français les plus parisiens de notre littérature, affirmant qu'il n'aime pas la campagne, selon le témoignage de Léon Daudet. Il semblerait même que les souvenirs enchanteurs d'Illiers-Combray si empreints de parfums et de climats provinciaux aient été aussi empruntés à ses souvenirs d'Auteuil où il vécut dans sa petite enfance. Illiers-Combray, Cabourg-Balbec, Paris, tout se fond ainsi dans l'ample puits des souvenirs duquel Proust va tirer la matière d'A la recherche... Paris cependant reste le lieu sédentaire de l'écrivain. Par nécessité, du fait de son asthme qui l'oblige à ne pas s'exposer, au printemps, aux premières éclosions de pollens ou à la verdeur des prés naissants, mais à demeurer confiné dans ses appartements ou dans la capitale. Par nature aussi, parce qu'il n'aime rien tant que la vie de salon, les charmes sophistiqués de la vie urbaine, l'art de vivre de la société aristocratique, son luxe et son raffinement, tout autant que la promiscuité des bas-fonds auxquels il cédera souvent.
Or Paris offre, à qui veut et sait voir, ces mélanges et ces contrastes, et toutes les nuances de l'âme humaine.
Comme les frères Goncourt, Zola, Verlaine ou Huysmans, Proust fait de Paris la ville où la grâce et le péché se côtoient, le carrefour des modes et des traditions, le lieu croisé du vice et de la pureté.

"Il faut avoir le courage de regarder le modèle en face si l'on veut atteindre l'âme. Ne m'amenez jamais pour peindre une femme qui cherche l'aimable ou le joli, je la décevrais tout de suite."
Suzanne Valadon

La mort d'Edgar P. Jacobs plonge les lecteurs dans le doute : le maître a-t-il laissé des dispositions testamentaires permettant de donner une suite aux Aventures de Blake et Mortimer ?

Notre génération a toujours cherché les rapports de l'art avec la vie. Pierre Bonnard (page 44)

On n'a que soi.