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3.45/5 (sur 10 notes)

Nationalité : Jamaïque
Né(e) à : Kingston (Jamaïque) , le 01/01/1963
Biographie :

Claudia Rankine est une universitaire, dramaturge, essayiste et poète afro-américaine. Elle est membre de l'Academy of American Poets, elle en a été élue chancelière en 2013 . Depuis 2015, elle tient la chaire de littérature anglaise Aerol Arnold au Dornsife College of Letters, Arts and Sciences3 de l'University of Southern California.

Source : Wikipedia
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http://www.librairiedialogues.fr/ Adeline, Romain et Laure nous proposent leurs coups de coeur spéciale poésie : "Amoureux" de Hélène Delforge et Quentin Gréban (Mijade), "Nous, avec le poème comme seul courage 84 poètes d'aujourd'hui", anthologie (Le Castor Astral), "Courage ! – Dix variations sur le courage et un chant de résistance" anthologie de Bruno Doucey et Thierry Renard (Bruno Doucey) et "Citizen ballade américaine" de Claudia Rankine (éditions de l'Olivier). Réalisation : Ronan Loup. Retrouvez nous aussi sur : Facebook : https://www.facebook.com/librairie.dialogues/ Twitter : https://twitter.com/dialogues Instagram : https://www.instagram.com/librairiedialogues/

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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
Citizen ‒ Citoyen


Extrait 3

Sur le bout d’une langue une note qui en suit une autre est un
autre chemin, une autre aube où le ciel rose est l’injecté de
sang d’un choc, d’une insomnie, d’excuses, d’un absurde, chut.
Ces années d’avant et durant moi et mes frères, les années de
passage, plantation, migration, de la ségrégation à la Jim Crow,
de la pauvreté, des centres-villes, profils-types, d’un sur trois,
deux boulots, garçon, hé garçon, chacun un crime, s’addition-
nent dans les heures à l’intérieur de nos vies où nous nous
retrouvons tous pendus, la corde étant en nous, l’arbre en nous,
ses racines sont nos membres, une gorge tranchée et quand
nous ouvrons la bouche pour parler, des fleurs, oh des fleurs,
aucun endroit où sortir, frère, cher frère, ce bleu kind of blue.
Le ciel est le silence des frères tous les jours qui mènent à mon
appel.


//Traduction de l’anglais (américain) par Jean-René Lassalle.
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Il fut un temps où je pouvais dire que personne n’était mort
parmi ceux que je connaissais bien. Ce qui ne veut pas dire
que personne ne mourait. J’avais huit ans quand ma mère
se trouva enceinte. Elle partit à l’hôpital pour accoucher et
revint sans le bébé. Où est le bébé ? avons-nous demandé.
A-t-elle haussé les épaules ? Elle était du genre à hausser
les épaules ; tout au fond d’elle-même il y avait un haussement
infini. Ça ne ressemblait pas à une mort. Les années
passaient et les gens ne mouraient qu’à la télévision – s’ils
n’étaient pas Noirs, ils étaient en noir ou malades à l’agonie.
Puis un jour au retour de l’école, je vis mon père assis sur
les marches de notre maison. Il n’avait pas son air habituel ;
il était en nage, il ruisselait. J’ai grimpé les marches en l’évitant
au maximum. Il craquait ou avait déjà craqué. Ou, pour
être plus précise, il m’avait l’air de quelqu’un qui vient de
comprendre son esseulement. Solitude. Sa mère était morte.
Je ne l’avais jamais rencontrée. Pour lui, ça voulait dire un
voyage là-bas. Quand il revint, il ne dit rien, ni de l’avion ni
de l’enterrement
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Citizen ‒ Citoyen


Extrait 2

Dans cet instant assombri un corps gratifié d’une lumière bleue,
une lampe-torche, s’avance insouciant, avec ou sans préconcep-
tions, et doutes, avec un désir, le cœur battant, une déception,
avec des désirs –

Tiens-toi où tu es.

Tu commences par te déplacer en quête des quelques pas qui
seront nécessaires avant que tu sois rejetée à l’intérieur de ton
propre corps, rejetée dans ton besoin d’être trouvée.

La destination est illusoire. Tu soulèves tes paupières. Personne
n’est en train de chercher.

Tu t’épuises à regarder vers la lumière bleue. Toute une journée
le bleu creuse l’atmosphère. Ce qui ne te sied pas ne sera pas vu.

Tu pourrais construire un monde à partir du besoin ou tu pourrais
tenir toute chose en noir et voir. Tu renvoies le vernis.

Tu gardes tout le noir. Tu te restitues jusqu’à ce que rien ne reste
que le blues bleu s’estompant d’une métaphore.


//Traduction de l’anglais (américain) par Jean-René Lassalle.
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Extrait 3


À terre. À terre tout de suite. J’ai dû aller trop vite. Non,
tu n’allais pas trop vite. Je n’allais pas trop vite ? Tu n’as
rien fait de mal.  Alors pourquoi me  contrôlez-vous  ?
Pourquoi suis-je contrôlé ? Fais voir tes mains. Les mains
en l’air. Lève les mains.
Puis tu es plaqué sur le capot. Puis menotté. À terre tout
de suite.
Chaque fois que ça commence de la même façon, ça ne
commence pas de la même façon,  chaque fois que ça
commence c’est la même chose. Des gyrophares, une
sirène, un rugissement prolongé...

Peut-être parce que  j’habitais dans un  quartier que le
policier ne pouvait s’offrir, non qu’une raison fût néces-
saire, on m’a sorti de mon véhicule à une rue de chez moi,
menotté et poussé  à l’arrière de la voiture de police, le
genou du policier m’appuyant sur la clavicule,  l’haleine
chaude du policier s’exhalant  d’un visage plissé par le
sourire de sa bonne blague.


/traduit de l’anglais (États-Unis) par Maïtreyi et Nicolas Pesquès
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Extrait 2
J’ai quitté la maison de mon client en sachant que je
serais contrôlé. Je le savais. J’en étais sûr. J’ai ouvert
ma mallette  sur le siège passager,  juste pour qu’ils
puissent voir. Oui monsieur l’agent tournait et retour-
nait sur ma langue, tel un battant de cloche qui ne
pourrait jamais sonner parce que son alarme était
le glas qu’il me faudrait ravaler.

Dans un décor remonté des abysses,  tu ne peux pas
ne pas devenir fou — tellement en colère que tu pleu-
res. Tu ne peux pas ne pas devenir fou. Ces façons t’é-
puisent. Nos façons t’épuisent pourtant tu n’es pas le
type en question. Puis des gyrophares, une sirène, un
rugissement prolongé... et tu n’es pas le type du signa-
lement mais quand même tu lui ressembles parce qu’il
n’y a qu’un seul type qui est toujours  le  type qui lui
ressemble
….

/traduit de l’anglais (États-Unis) par Maïtreyi et Nicolas Pesquès
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Extrait 4


Chaque fois que ça commence de la même façon, ça ne
commence pas de la même façon, chaque fois  que  ça
commence c’est la même chose.
Vas-y,  frappe-moi connard m’a échappé mais le policier
n’a pas eu besoin de me frapper, le policier n’avait besoin
que de voir ma tête pendant toute la traversée de la ville.
Tu ne peux pas ne pas devenir fou.  Tu n’es pas fou. Nos
façons t’épuisent. Tu n’es pas le type en question.

C’est comme ça. Tu sais que c’est une erreur. Ça n’est pas
comme ça.  Tu dois te taire. C’est une erreur.  Tu dois la
fermer maintenant. C’est comme ça. Pourquoi parles-tu
si tu n’as rien fait de mal ?

Et tu n’es pas le type du signalement mais quand même
tu lui ressembles parce qu’il n’y a qu’un seul type qui est
toujours le type qui lui ressemble.


/traduit de l’anglais (États-Unis) par Maïtreyi et Nicolas Pesquès
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Extrait 5


Dans un décor remonté des abysses, tu ne peux pas ne
pas devenir fou — tellement en colère que tu ne peux
pas ne pas devenir fou.

Présomption d’excès de vitesse est l’infraction déclarée
par le policier. On m’a dit, après le relevé d’empreintes,
de me mettre nu. Je me suis mis nu. Ce n’est qu’ensuite
qu’on m’a ordonné de me rhabiller, de partir, de refaire
tout le trajet à pied jusque chez moi.

Et tu n’es toujours pas le type du signalement mais quand
même tu lui ressembles parce qu’il n’y a qu’un seul type
qui est toujours le type qui lui ressemble.

/traduit de l’anglais (États-Unis) par Maïtreyi et Nicolas Pesquès
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Extrait 1


Je savais que tout ce qui m’attendait était en train
d’arriver quand devant moi la  voiture  de police
s’est arrêtée dans un crissement de pneus comme
pour dresser un barrage. Partout des gyrophares,
le son d’une sirène et un rugissement  prolongé.
À terre. À terre tout de suite. Alors j’ai su.

Et tu n’es pas le type du  signalement  mais quand
même tu lui ressembles parce qu’il n’y a qu’un seul
type qui est toujours le type qui lui ressemble.


/traduit de l’anglais (États-Unis) par Maïtreyi et Nicolas Pesquès
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Citizen ‒ Citoyen


Extrait 1

Debout hors de la salle de conférence, invisible pour les deux hommes
qui attendent l’arrivée des autres, tu entends l’un dire à l’autre qu’être
en compagnie de noirs est comme regarder un film étranger sans
traduction. Étant donné que tu vas passer les deux prochaines heures
autour de cette table ronde qui rend la discussion plus aisée, tu songes
à attendre quelques minutes avant d’entrer dans la pièce.


//Traduction de l’anglais (américain) par Jean-René Lassalle.
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A la fin de votre brève conversation téléphonique, tu dis au directeur que tu vas passer à son bureau pour signer le formulaire. Quand tu arrives et que tu te présentes, il laisse échapper, Je ne savais pas que vous étiez noire !

Puis il ajoute, Ce n'est pas ce que je voulais dire.

Tout haut, dis-tu.

Comment ? demande-t-il.

Vous ne vouliez pas le dire tout haut.

Après quoi la transaction va très vite.
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