Claudine Legardinier 17/06/2011 1ère Rencontre Méditerranéenne sur la Traite des Êtres humains
L’esclavage n’a pas été éradiqué mais il a bel et bien été aboli. Aucun État n’oserait plus le justifier, l’organiser ou le laisser prospérer. Le même choix pour la prostitution serait une avancée de civilisation.
À quoi bon multiplier les objectifs de lutte contre les violences ou le sexisme si le droit de les fouler au pied reste préservé dans la prostitution ? Comment ne pas remettre en cause la dernière des violences faites aux femmes dont les victimes sont encore pénalisées et les auteurs impunis ? Comment ne pas interroger, après le droit de cuissage et le harcèlement sexuel (accès sexuel obtenu par le pouvoir), après le viol (obtenu par la force), la prostitution comme droit obtenu par l’argent ?
Vouloir inverser la charge pénale en libérant les personnes prostituées des poursuites pour les transférer sur les véritables auteurs de la violence prostitutionnelle, les clients prostitueurs, c’est ébranler l’un des piliers les plus résistants du pouvoir masculin.
La prostitution est le lieu emblématique du mépris, voire de la haine des femmes, comme le montre la lecture des forums des sites « d’escortes » où les commentaires des prostitueurs rivalisent de sexisme et de racisme.
Toutes, nous devons devenir des actrices de changement qui nous tenons debout, en affrontant nos peurs, tête haute et dans la dignité
Aucune femme ne sort indemne de l’immense fascination qui entoure la prostitution et de l’idée de dégradation qui en est inséparable
Et comment, après avoir obtenu le droit de refuser une naissance non désirée (contraception, avortement), celui d’être exempte de viols et de harcèlement, ne pas travailler à conquérir le droit à l’intégrité, le véritable droit à disposer de soi même ?
Céder sur la corvéabilité sexuelle dans le cadre de l’emploi, c’est réduire à néant les acquis fondamentaux arrachés de haute lutte
On ne dira jamais assez à quel point l’étouffement des incestes et des viols sert la machine proxénète
Une personne handicapée cherche un compagnon, pas un cinq à sept avec un assistant sexuel.