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Critiques de Clement Greenberg (1)
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Art et culture : Essais critiques

Art et Culture est LA bible du pape newyorkais du bon goût artistique et du diktat moderniste, le célèbre critique et théoricien de l'art Clement Greenberg qui, durant cinquante ans, régna sans partage sur l'art moderne mondial avant de sortir du débat. Ce livre, d'une facture très soignée, regroupe l'oeuvre du même nom parue en 1961 enrichie des articles de Greenberg publiés dans Partisan Review.



L'auteur s'est principalement attelé à deux choses dans cet essai, théoriser et hiérarchiser.

Selon sa théorie, l'art doit se raconter lui-même, être autonome, s'affranchir du réel et ne contenir aucun message. Greenberg définit une norme moderniste dogmatique, la seule qui soit légitime : l'art doit tendre vers l'auto purification, bannir tout profondeur, tout rapport au monde et toute illusion. Pas de geste de l'artiste repérable sur l'oeuvre : des aplats, des couleurs pour elles-mêmes. Bref, Greenberg invente la notion d'art qui "réussit" tout en ayant une grille de lecture marxiste où le sujet (c'est bourgeois, c'est mal) doit disparaître de la toile au profit d'une purification du langage des formes (c'est de gauche, c'est bien).

Ensuite Greenberg hiérarchise : toujours très binaire, il définit ce qui est kitsch et provincial et ce qui mérite d'être newyorkais et de bon goût (aimant surtout ce qui le rend célèbre et référent comme goûteur d'art).



Dès les années 40, Greenberg provincialise l'art européen en imposant internationalement Jackson Pollock et la New York School comme centre de l'avant-garde américaine et de l'expressionnisme abstrait. Greenberg donne le ton pour les cinquante années à venir.

Après avoir surfé sur la vague des expressionnistes abstraits américains, Greenberg est dans les années 65 en perte de vitesse. Il abandonne ce mouvement pour la post-painterly abstraction, sorte d'antithèse plus à la mode. On officialise l'enterrement des expressionnistes abstraits, avec ordre de pratiquer un art en contradiction avec Pollock et autres Motherwell pour mériter le qualificatif de "contemporain" (et bankable). Par la suite, l'emprise marketing sur le monde de l'art contemporain ne se démentira plus.

Pourtant de nouvelles formes d'art émergent dans les années 60 et 70 et s'opposent à la théorie esthétique de Greenberg, comme le Pop Art, mettant une claque définitive aux excès stérilisants de sa théorie. L'enjeu pour ces nouveaux artistes fut de trouver une voie non pas post-moderniste mais plutôt post-Greenberg.



Je reconnais pourtant à Greenberg une certaine autonomie de ton très sagace sur la peinture chaque fois qu'il a quitté son rôle de mandarin de l'art et mis de côté l'étroitesse de sa théorie.

Enfin, je lui consens du panache à ce Greenberg intime des milliardaires les plus influents, sorti du Bronx et devenu une des chevilles ouvrières du plan de domination culturelle américaine du président Truman, avec l'installation définitive du marché de l'art contemporain aux Etats Unis au détriment de Paris.

En conclusion : plus je lis Greenberg, plus j'admire George Grosz et la gifle subversive et expressionniste de son art (cette horreur figurative diraient les Greenbergiens).
Lien : https://tandisquemoiquatrenu..
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