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Citations de Colin Lemoine (38)


Mais qui peut dire qu'il se souvient vraiment et qu'il pense vrai ? Toute assertion devrait être indirecte, pondérée, nuancée, commencer par « Il m'apparaît » où « Il me semble ».
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Les femmes n’étaient pas des proies, ni des butins.
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Vivre, en somme, c'est toujours revivre, c'est retrouver le goût des conquêtes premières.
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On ne comprenait rien ; c’était du chinois. On ne pouvait pas échanger, plus ratiociner, recourir au pouvoir des mots. Il n’y avait pas de langage possible : c’était nouveau. On devait s’en remettre aux seuls gestes, à ces mains orbes qui nous aplatissaient sur la table comme une limande, qui nous prenaient les épaules avec une puissance sans ménagement, qui jouaient avec nos pieds comme avec des osselets, qui équarrissaient notre résistance, nous faisaient viande, préféraient à la tendresse la tendreté.
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Mon corps m’incarne. Il me présente et me représente — en société, en réunion, en regard des miroirs. Il est mon effigie. Ce mot m’évoque « l’exécution en effigie », cette époque où, faute de mettre la main sur un criminel, les autorités inquisitoriales commandaient in absentia de pendre publiquement un mannequin de sorte que fût rendue une sentence fictive, mais non moins effective. Ce succédané de corps était le corps même, et l’âme même.
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Il n’y eut pas de ver dans le fruit défendu du corps paradisiaque, de cause princeps, d’abîme originel. Il y eut une onde recouvrante, une houle venue de loin, oublieuse de la rive. Il y eut un vacarme silencieux, avec quelques essais de paroles — « depuis quelque temps, je », « c’est étrange, mais », « je ne comprends pas ce qui », « bizarrement, hier ». Avant le trou noir qui engouffrera la santé, avant le mal qui m’interdira bientôt de consentir à la possibilité du monde sans croix ni chimie, il y eut d’abord une destitution du connu.
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L'oeuvre de Bourelle jouera un rôle majeur dans la mutations de la sculpture du XXe siècle. Héritier de Rodin - auprès duquel il appris la sensualité et la perfection du modelage -, il fut professeur de Giacometti.
Toujours, il se montra curieux d'expérimenter: depuis les premières œuvres réalistes jusqu'aux créations affirmant son goût de l'ordre et de la synthèse. Il sut accueillir la déformation intégrer l'accident et restituer le mouvement.
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Je suis en état de siège. Je rêve d’urgences hospitalières, celles dont me plaisent l’odeur d’excrément que ne dilue pas celle de la javel, la douceur des brancards et les néons inflexibles, les gueules cassées, les visages tristes, hagardement tristes, les membres amputés, les bandages, les tubes et les perfusions, toute cette principauté du cathéter où j’aimerais qu’une place me fût réservée, avec ma chemise repassée et mon cou parfumé, malgré cette tenue que je peux encore avoir en toute chose.
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J’ai alors erré dans le grand règlement intérieur.
L’histoire de ce livre commence à compter de ce jour, ignoré.
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On pourrait récurer le temps. Il fait trop chaud, moite. Des prises et des cordons disloqués lacèrent la pièce. Au plafond, un ventilateur. Au mur, un tue-mouches. La clinique ressemble à un dispensaire, Manosque à Hanoï. La blouse m’allonge sur une table de torture, électrodes sur les bras et les jambes.
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Je condescends au mal pour éviter la folie.
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Ivresse de la douleur qui est une balustrade, une bouée qui m’arrime à ce monde vertigineux où dégringolent les étourdis et les imbéciles heureux. Mon supplice est le brise-lames de l’imprévisible. Lâcher le symptôme, et son infinie pesanteur, c’est m’évanouir, ou m’écrouler. Le mal, cette limaille qui plombe mon âme, m’évite des errances et des envolées.
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Ma douleur délire mon corps. Elle est panique, provient de Pan, de cette divinité pastorale portant barbe et cornes parmi les sous-bois, les prés et les ronces. Elle bat la campagne. Elle est suitée de fantômes, de diables et de foules, de singes hurleurs, de cris dans les tympans, de saccades, de stridences et de secousses.
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La douleur ramène au pays enfant de la vie alternative, celle, cruellement facile, qui évince les tergiversations comme les nuances, celle des « oui ou non », des « noir ou blanc », des « loup, y es-tu ? ».
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Je les écoute autrement, comme jamais, fort de la douleur qui élucide les cœurs et toujours reconnaît les siens. Je les écoute et j’entends leur foi dans le langage, dans cette parlure sauvage qui n’est pas une clameur ni une déclamation, un mugissement ou un aboiement, une grosse parole lancée contre la foule, mais un cri nu venu de l’exil, un brame qui, au milieu de la futaie des jours, permet de souffrir encore et d’encore se souffrir.
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L’infini est le pseudonyme de la douleur. Plus d’innocence. Tout nuit. Tout est nuit. Je rêve d’un corps de rêve, sans entraves et sans représailles, sans le jugement de Dieu, sans la transhumance des spasmes. Je rêve d’oublier la calamité présente et d’acquiescer aux désirs qui sont des demains. Mon corps produit du mal ; il est malfaisant.
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J’ai la nostalgie de moi, de ma vie de plaisance, de mon corps alangui d’avant la santé subvertie et la peine endémique, métastatique, d’avant l’infraction de la douleur, ce cheval de Troie venu saccager mon cœur heureux.
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Tout est bon pour renouer avec la bienfaisance de la durée, pour n’être plus chien ni mouche, pour égrener, écouler et épancher, pour réintroduire la cadence dans mon corps ruiné, offert en holocauste à Sa Majesté l’Immobilité.
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Elle plaide pour la sagesse et la clémence, pour cette délicatesse femelle qui rend les hommes bons lorsqu’ils vont aux mamelles des louves ou dans le ventre des baleines.
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Ça finira, de toute façon. Rien de cela n’est éternel. J’ignore si la mort est un couronnement ; je sais seulement qu’elle écroulera le mal.
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