Colombine Huc

Chapitre 7 :

Ethan

«... Elle doit avoir mon âge, mais semble à des années-lumière de mon état d'esprit actuel.

— Je pense que ça ne va pas être possible.

— De quoi ?

— Ça.

Elle montre tout à tour la maison et elle. Je pige enfin.

— Vous ne voulez pas de mon offre ?

Elle se pince les lèvres, mal à l'aise, et je comprends alors qu'elle veut le job. Mais elle ne veut pas de moi. Pour une raison que j'ignore, je choisis d'insister.

— Écoutez... Vous m'avez dit que vous aviez réellement besoin de ce boulot. je suis prêt à vous prendre à l'essai, alors... Je ne vois pas pourquoi vous ne voulez pas au moins essayer.

— Je...

Je la sens indécise, perdue, et à cet instant, j'éprouve le besoin de l'aider. Du mieux que je peux. Rares sont les personnes qui ont suscité pareils sentiments et rares sont les émotions positives qui me traversent en ce moment. Alors, juste pour ça, je reste figé devant elle, un fin sourire courant sur mes lèvres. Je n'ai pas dit mon dernier mot...»

Chapitre 2 :
Ashley

«… C’est aussi pour cela que je déteste les téléphones. Impossible de savoir ce que l’autre pense. Impossible de connaître ses pensées. Alors je me lance et je prie pour que ce ne soit pas encore une piste avortée.
– Je… Je représente quelques personnes souhaitant faire tomber un individu que vous et moi connaissons bien. Très bien même.
Elle ne répond pas immédiatement, et le temps de latence étrangle douloureusement mon cœur.
– Je vois… Et vous parlez de… ?
J’inspire à fond, je m’assois sur mon lit et ferme les yeux. J’ai peur de prononcer son nom, comme si parler de lui pouvait l’invoquer. C’est ridicule. Parfaitement ridicule.
– Christian Leroy.
Je souffle, manquant d’air, alors que le prénom ricoche entre mes murs, sans que rien se produise. Rien d’autre qu’une respiration forte à l’autre bout du fil.
– Vous avez de quoi le mettre hors d’état de nuire ?
Sa question est légitime, et je m’empresse de la rassurer... »

Chapitre 4 :

Ethan

« … Je me vois donc mal l’aborder en lui révélant que je la surveillais de ma fenêtre. Alors qu’aucune excuse valable ne s’est forgée dans mon esprit, je croise son regard surpris. Ses yeux s’écarquillent complètement lorsqu’elle prend conscience que je ne passe pas juste sur le chemin, mais que je me dirige vers elle. Je lui offre alors un sourire timide, tentant de me rendre moins grand que je ne le suis, afin d’essayer de ne pas l’apeurer. À cet instant, face à son visage pâle, je n’ai jamais autant détesté mon corps taillé pour la guerre.

*

Lucile

Lorsque le voisin arrive à ma hauteur, je cesse complètement de respirer et le dévisage, les bras ballants et les yeux ronds comme des soucoupes. J’oublie totalement mes conserves tombées par terre. J’oublie mes courses à ranger rapidement dans le congélateur. J’oublie tout ce qui n’est pas cette montagne de muscles s’avançant ver moi...»

Chapitre 3 :
Elijah
«…
– Pourrais-tu enfin admettre que tu as besoin d’aide ? s’agace Calice. Tu vas te tuer à la tâche et finir par te tordre le cou, à courir la campagne comme tu le fais chaque nuit ! Accepte de l’aide, qu’on passe à autre chose. Je sais qu’Ashley a un agenda encore incomplet, et elle ne refusera pas un autre client.
– À la fin, qu’est-ce que vous avez tous avec cette Ashley ? grondé-je, dorénavant piqué au vif.
Je suis loin d’être un impulsif mais, s’il y a bien une chose que je ne supporte pas, c’est que l’on me force à parler de moi. Dans ce genre d’occasions, heureusement rares, je ne me fais pas confiance car je sais que je peux balancer des énormités.
– Et toi alors ? renchérit Calice en faisant crisser sa fourchette dans son assiette. Qu’as-tu contre elle ?
– Arrête ça, dis-je en désignant son plat du menton... »

Chapitre 4 :

Tristan

« …— Bon, déclaré-je abruptement, je ne sais absolument pas qui tu es.

— Lucile ne t’a rien dit ?

Elle parle d’une voix calme. Douce. Pas de colère, pas de frustration. Juste son sourire et sa gentillesse. Rien d’autre. Ça fourmille soudainement dans ma poitrine. Ça fait longtemps, je crois, que la gentillesse ne fait plus partie de ma vie.

— Je n’ai pas demandé à Lu qui tu étais, avoué-je en fronçant les sourcils sans pouvoir m’en empêcher. J’avais… peur de la froisser.

Face à mes hésitations, elle dépose son sac dans un coin avant de faire deux pas dans ma direction, un sourire encore sur le lèvres. Toujours ses lèvres...»

Chapitre 2 :

Calice

« …J’inspire à fond, me forçant à me calmer. Je suis bavarde de nature, mais ici je deviens infernale. S’il pouvait me répondre, nul doute qu’il me demanderait de me taire. Alors, je ferme les yeux une demi-seconde, reprend machinalement sa main avant de poursuivre l’histoire d’un petit bateau et d’une énorme baleine. Mais, malgré la plume fantastique de l’auteur, je me laisse happer plus d’une fois par le silence de la pièce, et par les sons répétitifs de la machine. De cette foutue machine qui retient le motard dans le monde des vivants. Celui que j’ai sauvé… et qui se trouve être le frère de Lucile. Tristan. »