Ni grande, ni petite, ni jeune, ni vieille, elle flotte plus qu’elle ne marche. Silhouette aux contours incertains, empâtée par des années de traitement psychiatrique, habillée d’un halo d’étrangeté qui vous frappe dès la première rencontre et qui n’a pas échappé aux habitués de la supérette du quartier de la Croix Blanche…
Avant, on allait au bistrot ou à la messe pour causer. Mais maintenant, les gens préfèrent s’abrutir devant leur écran. À la vitesse où la planète se déglingue, on finira bien par tous se retrouver dans des endroits comme celui-là pour recycler nos cœurs.
Un jour, j’en ai eu ras le bol de raconter ma foutue vie sans intérêt. Alors je me suis dit qu’il valait mieux parler de Marion, de Maeva, de Jérémy et de Kalyane, au nom de tous les enfants placés qui ont eu des vies broyées et déchirées en mille morceaux. Des existences jetables. Des existences rongées par l’acidité du monde et la cruauté des hommes. J’ai pensé que leurs histoires, on pouvait aussi les trier et les recycler pour les déposer dans un bouquin.