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Citations de Cristina Peri-Rossi (24)


«  Le jour s’est levé avec la pluie à Barcelone
———ville aux eaux rares.
Des fils transparents
Des aiguilles de cristal
Se décrochaient lentement .
J’ai soutenu le ciel avec les mains
Avec les rêves avec la pensée .
Une prière
Une petite supplique
Une demande
Que les eaux ne s’arrêtent pas
Avant ton arrivée
Pour flotter avec toi dans le déluge » ..
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BABIOLE
  
  
  
  
Elle porte un sceau crétois
au cou
babiole archaïque
indéchiffrable
que j’ose lire
dans les ténèbres rouges des nuits
occidentales
comme le code d’une civilisation perdue
égarée dans les murs,
cachée dans les pierres
ou sur les bords salés de son sexe.


p.28

/Traduction de l’espagnol (Uruguay) par Katia-Sofía Hakim et Stéphane Chaumet
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Je t'aime avec l'immuabilité des lois physiques.
La terre attire les corps
comme toi tu m'attires vers ton centre.

Comme les pierres
je tombe sur toi de toute ma hauteur

—————

Te amo con la inmutabilidad de las leyes fisicas,
La tierra atrae a los cuerpos
Como tú me atraes bacia tu centro.

Igual que las piedras
caigo sobre ti desde mi altura.
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Poétique
  
  
  
  
Il y a des gens qui espèrent que la parole,
du poète les nomme,
atteste leur identité.
Ils ignorent que le poète ne parle pas des êtres,
mais de symboles.


p.50

/Traduction de l’espagnol (Uruguay) par Katia-Sofía Hakim et Stéphane Chaumet
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Après la vingt venait la vingt et un, puis la vingt-deux, la vingt-trois, il fallait se dépêcher de les compter, courir pour dépasser les étoiles, courir infini, compter infini, je mourrai avant de les avoir toutes calculées, se dit-il, car elles continuaient à apparaître, envahissaient tout l’espace, remplissaient la terre et l’air, se posaient maintenant sur les branches des arbres, dans les buissons, sur la tour de guet et les réverbères, étoiles qui ne trouvaient plus de place dans la voûte céleste et plongeaient, se laissaient glisser dans l’atmosphère, pénétraient dans les maisons, les voilà qui vont prendre possession de ma chambre, occuper mon lit, l’armoire, les meubles, trois cent quarante-huit, en un an a subi une dévaluation de 389 %, les poules vont se mettre à caqueter quand elles les verront envahir le poulailler, un journal plein de débris d’étoiles, des militaires spécialisés dans ce genre d’expériences affament un rat jusqu’à le rendre carnivore, la laine qui va et vient, qui va et vient en un roulis perpétuel, puis l’introduisent dans l’intestin de leur victime. Que se passerait-il s’il en tombait une de la branche la plus haute ? Que se passerait-il ? Cesserait-elle de briller ? Perdrait-elle son éclat ? Pourrait-il l’approcher, la toucher ? La toucher comme il ne le faisait jamais avec le tricot bleu ciel de sa maman – elle n’aimait pas ça -, comme ces lettres apparemment fixes du journal qui se mélangeaient. C’est ainsi que vient de mourir le père Pablo Gazzardi. (« Voie lactée »)
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Depuis le fond du ventre,
comme une montagne,
la force obscure du désir.
Le désir, sombre comme une graine.
La graine muette et fermée
comme une huitre.
Les lèvres de l'huître
qui s'ouvrent lentement,
comme la vulve.
La vulve, humide et violette,
parfois, phosphorescente.

—————

Desde el fondo del vientre,
como una montaña,
la oscura fuerza del deseo.
El deseo, oscuro como una semilla.
La semilla cerrada y muda
como una osta.
Los labios de la ostra
lentamente abriéndose,
como la vulva.
La vulva, húmeda y violeta,
a veces, fosforescente.
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On est ressortis de l'amour
comme d'une catastrophe aérienne
On avait perdu les habits
les papiers
moi javais perdu une dent
toi la notion du temps
Etait-ce une année longue comme un siècle
ou un siècle court comme un jour ?
Sur les meubles
dans la maison
des butins en morceaux :
verres photos livres déchirés
On était les survivants
d'un effondrement
d'un volcan
d'eau déchaînées
Et on s'est quittés avec la vague sensation
d'avoir survécu
sans même savoir pourquoi.

—————

Salimos del amor
como de una catástrofe aérea
Habiamos perdido la ropa
los papeles
a mí me faltaba un diente
Y a ti la noción del tiempo
¿Era un año largo como un siglo
o un siglo corto como un dia?
Por los muebles
por la casa
despojos rotos :
vasos fotos libros deshojados
Eramos los sobrevivientes
de un derrumbe
de un volcán
de las aguas arrebatas
Y nos despedimos con la vaga sensación
de haber sobrevivdo
aunque no sabíamos para qué.
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Le baptême

Je te baptise Babel entre toutes les femmes
Babel entre toutes les villes
Babel de la diversité
ambiguë comme les sexes
nostalgique du paradis perdu
- utérus maternel -
centre du monde
cordon ombilical.
« Poète - crie Babel
je suis l'aveugle des langues
la Cassandre dans la nuit obscure des signifiants.
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Les vagues venaient frapper les rochers et l’écume s’élevait, léchant la surface pierreuse. C’était un paysage parfait car l’église était éclairée et la lune toute ronde. Ils étaient arrivés au bord de la mer depuis trois jours et avaient pris, dans un hôtel trois étoiles, une chambre qui donnait sur la plage. La nourriture était correcte. Ils se levaient de bonne heure et se dirigeaient aussitôt vers le sable. Un sable fait de poussière ocre, granuleuse, adhérente, où l’on avait du mal à trouver un endroit pour s’installer. Les parasols se pressaient les uns contre les autres, excluant toute intimité, du moins si l’on ne tenait pas à enfreindre les lois de la politesse. Et eux s’abstenaient généralement de provoquer qui ou quoi que ce soit. Ils se disaient que respecter les usages les mettait à l’abri des dangers qui guettent les dissidents, les marginaux, les fugueurs ou les opposants. Ils pensaient aussi que cette douillette habitude de soumission comportait divers avantages : ces trois semaines de vacances sur une plage à la mode, par exemple, ne récompensaient-elles pas leur obéissance, leur respect des lois ? De loin, on les aurait pris pour frère et sœur. Cheveux blonds, regard clair, vêtements sobres, verbe discret, ils traversaient la plage, main dans la main, et faisaient partie de ces gens que la brise du soir ne saurait surprendre sans une tenue chaude, car sait-on jamais. C’était d’ailleurs leur sens de la prévision qui leur avait valu, ce soir-là, de rester au bord de l’eau jusqu’au coucher du soleil alors que la fraîcheur nocturne avait chassé presque tout le monde. Ils étaient heureux de voir leur bon sens récompensé par ce merveilleux couchant. (1- Sur la plage)
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De toute façon, il soupçonnait l’Histoire de ne pas être très vraisemblable : l’Histoire que nous connaissons est celle que racontent les vainqueurs. Et pourquoi ne savait-on rien de l’Histoire des autres, hein ?
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Comme les liquides se précipitent les uns dans les autres
les ères se précipitent en toi
échos anciens d'éboulements terrestres
balbutiement de formes vierges
déchirements de vastes troncs végétaux
le grondement de mers gelées
le tam-tam ancien du ventre
I'odeur de la poudre
le pas des chevaux
les poissons humides du sexe
et le cri âpre, guttural, profond
d'un animal ancestral
resté enfermé dans tes entrailles
et qui hurle pour sortir.

—————

Como los liquidos se precipitan unos en otros
las enas en ti van precipitándose
ecos antiguos de desprendimientos terrestres
balbuceo de formas virgenes
desgarranientos de vastos troncos vegetales
el retumbar de los mares congelados
el tam-tam antiguo del vientre
el olor de la pólvora
el paso de los caballos
los peces húmedos del sexo
Y el grito áspero, profundo, gutural
de un animal antepasado
que quedó encerrado en tus entrañas
y clama por salir.
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Ton plaisir est lent et dur
il vient de loin
il résonne dans les entrailles
comme les sourdes
secousses d'un volcan
endormi depuis des siècles sous la terre
et toujours somnambule

Comme les lentes évolutions d'une sphère
en perpéruel et imperceptible mouvement
Il rugit au réveil

crache de l'écume
arrache les animaux de leurs grottes
traine une boue ancienne
et secoue les racines

Ton plaisir
monte lentement
enveloppé dans la vapeur du magma premier
et il y a des plumes d'oiseaux cassés dans tes cheveux
et la gorge d'une motte hurle
extraite du fond
comme une pierre.

Ton plaisir, animal rare.

—————


Tu placers lento y duro
viene de lejos
retumba en las entrañas
como las sordas
sacudidas de un volcán
dormido hace siglos bajo la tierra
y sonámbulo todavia

Como las lentas evoluciones de una esfera
en perpetuo e imperceptible movimiento
Ruge al despertar
despide espuma
arrancaa los animales de sus cuevas
arrastra un lodo antiguo
y sacude las raíces

Te placer
lentamente asciende
En vuelto en el vaho del magma primigenio
y hay plumas de pàjaros rotos en tu pelo
y muge la garganta de un terrón extraído del fondo como una piedra.

Tu placer, animal escaso.
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Avec des voix sans miséricorde

Avec des cheurs dionysiaques et des alléluias

Avec des palais détruits dont nous admirons les ruines superbes

Avec des espaces blancs où lottent irréels des bateaux engloutis

Avec une cour de princesses de tarot et des épées en carton pour les jeux du soir

Avec la force de l'Ancien Testament
dont les péchés apocalyptiques
sont toujours plus intenses
que les outrages médiocres du présent

Avec les hérésies ivres de foi des enfants rebelles de l'Église

Avec des fantaisies nocturnes de pressentiments

Avec le présages des rêves
et des feuilles de trèfles

Avec le regard trouble des ocelots en chaleur

Avec cette servitude au désir
appelée - aussi - abnégation
Sans aucune simplicité
Je t'aime

—————

Con voces inmisericordes

Con coros báquicos y alelyas

Con palacios destruidos cuyas ruinas soberbias admiramos

Con espacios blancos donde flotan irreales barcos hundidos

Con una corte de princesas de tarot
y espadas de cartón para los juegos de la tarde

Con la fuerza del Antiquo Testamento
cuyos apocalipticos pecados
son siempre más intensos
que los mediocres desacatos del presente

Con las herejías ebrias de fe
de los hijos rebeldes de la lelesia

Con fantasias nocturnas llenas de presentimientos

Con los presagios de los sueños
y de las hojas de los tréboles

Con la turbìa mirada de los ocelotes en celo

Con esta sujeción al deseo
llamada - otro si - abnegación
Sin ninguna simplicidad
Te amo
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Gloria
Les petits poissons
et la rumeur des plantes :

Gloria

Les fètes de la luxure adorée :

Gloria

Ta pensée est absolue
Quand tu me réclames
un tremblement
secoue la terre

Fuir est impossible

Aucune roche pour me cacher
aucun foyer pour accueillir le fugitif.

Les douces et brûlantes cérémonies
de l'amour fou

où on nait
et on meurt
mille fois

avec toutes les choses du monde
auréolées de lumière fébrile
et de déclinaison.

Alléluia !

————
Gloria

Los peces pequeños
Y el rumor de las plantas :

Gloria

Las fiestas de la amada lujuria :

Gloria

Tu pensamiento es absoluto
Cuando me reclamas
un estremecimiento
sacude la tierra

Huir es imposible

No hay roca que me oculte
ni hogar que acoja al fugitivo.

Las dulces y ardientes ceremonias
del amour fou

donde se nace
y se muere
mil veces

con todas las cosas del mundo
aureoladas de luz fébrile
Y declinación.

¡ Aleluya !
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Nous flottions dans le lit
- arche de Noé -
comme venus d'un autre monde
et d'étranges créatures
nous guettaient
dans l'aube pluvieuse
(des visages de singes, des yeux de souris).

Dans les nuages en sueur comme des oreillers
il y avait des signes obscurs
une géographie diffuse
un peuple exilé.

Nous apprenions une langue nouvelle
comme des échos de perroquet
et la timbale de l'orage

J'ai dit "Terre"
et c'était ton ventre

————

Flotábamos en el lecho
-arca de Noé-
como venidos de otro mundo
y raras criaturas
nos acechaban
en el amanecer pluvioso
(caras de monos, ojos de ratón).

En las nubes sudorosas como almohadas
había signos ocultos
una geografia difusa
un pueblo desterrado.

Aprendíamos una lengua nueva
con ecos de loro
y el timbal de la tormenta.
Dije : "Tierra"
y era tu vientre.
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Si elle était un animal
elle serait la lente tortue qui rampe
sur les ères
lourde de mémoire.

Si elle était un élément
elle serait la terre profonde
avec sa chaleur intense.

Si elle était une figure
elle serait la sphère
large et ronde
comme son ventre.

Si elle était une odeur
elle serait l'odeur du bois
et du hasch.

Si elle était une fleur
elle serait la troublante belladone
(« jolie femme et poison mortel »).

Si elle était un son
elle serait le puissant battement
du tambour.

Si elle était une ville,
Babel serait la multiple Babylone,
peuplée et confuse,
vierge et publique,
sacrée et profane.

————

Si fuera un animal
seria la lenta tortuga que repta
por las eras pesada de memoria.

Si fuera un elemento
seria la tierra profunda
con su hondo calor.

Si fuera una figura
seria la esfera
ancha y redonda
como su vientre.

Si fuera un olor
seria el olor seco de la madera
y del hasch.

Si fuera una flor
seria la turbadora belladona
(«mujer hermosa y veneno mortal).

Si fuera un sonido
sería el latido hondo
del tambor.

Si fuera una ciudad,
Babel seria la múltiple Babilonia,
poblada y confusa,
virgen y pùblica,
sagrada y profana.
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Au matin,
j'aimais t'enseigner notre langue.

Et toi - comme une passagère tout juste débarquée du vaisseau –
tu ouvrais des yeux étonnés
quand je murmurais
le mot inceste.

—————

A la mañana,
amaba enseñarte nuestra lengua.

Y tú -como una pasajera recién descendida de la nave-
ponías ojos asombrados
Cuando yo murmuraba
la palabra incesto.
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Elle aime les maisons
comme les déesses profanes
aimaient les temples

À l'intérieur
à la lumière de bougies ardentes

au doux parfum des ivres belladones

elle célèbre les cultes séditieux de l'amour
en différentes langues.

Grec, latin et un dialecte oublié
se mélangent dans sa bouche.
Comme les pétales d'un bouquet
les syllabes gouttent de plusieurs sources

et le mot obscène
tombe comme une liqueur saturée
comme une dernière offrande.

—————

Ama las casas
como las diosas profanas
amaban los templos

en su interior
a la luz de las ardientes velas

con el perfume dulce de las ebrias belladonas

celebra los cultos sediciosos del amor
en lenguas diversas.

Griego, latin y un dialecto olvidado
se mezclan en su boca.
Como pétalos de un ramo
gotean las sílabas de varias fuentes

y la palabra obscena
cae como licor colmado
como última ofrenda.
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BABEL, LA CURIOSITÉ
L'étrangère est curieuse.
Ses mains touchent mon corps
comme les pas d'un aveugle.
Centimètre par centimètre
je me laisse parcourir
- lélytre sourcier vibre.
Elle lèche mes entrailles
goûte l'eau des sources,
mesure mes chemins,
découvre les tunnels secrets
les gorges entre les montagnes.
Elle ignore si le nouveau territoire lui plaira ;
en tout cas, son devoir est de l'ausculter,
comme il va de soi pour une nouvelle venue,
pour l'exploratrice
la cruelle conquérante.
————
BABEL, LA CURIOSIDAD
La extranjera es curiosa.
Sus manos palpan mi cuerpo
como los pasos de un ciego.
Palmo a palmo me dejo recorrer
-vibra el élitro zahori-.
Lame mis entrañas
prueba el agua de las fuentes,
mide mis caminos,
descubre los túneles secretos
los desfiladeros entre montañas.
No sabe si el territorio nuevo la complacerá;
en todo caso, su deber es auscultarlo,
como corresponde a una recién llegada,
a la exploradora
a la cruel conquistadora.
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AIMER

Aimer c'est traduire
- trahir.
Nostalgiques pour toujours
du paradis avant Babel.
--------------
AMAR

Amar es traducir
-traicionar-
Nostalgicos para siempre
del paraiso antes de Babel.
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