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Citation de Polomarco


Je me trouvais à Varsovie, au Café Europeiski. L'orchestre jouait de vieux chants polonais et des lieds viennois.
(...) À la table voisine de la mienne, des soldats allemands étaient assis les yeux écarquillés et ne changeaient pas de visage. Au milieu de leur œil fixe, je voyais la pupille se dilater et se rétrécir de façon bizarre. Je m'aperçus qu'ils ne battaient pas des paupières. Cependant, ils n'étaient pas aveugles : quelques-uns lisaient le journal, d'autres observaient attentivement les musiciens de l'orchestre, les gens qui entraient et sortaient, les garçons qui s'activaient autour des tables et, à travers les vitres embuées des grandes fenêtres, l'immense place Pilsudzki déserte sous la neige.
Tout à coup je m'aperçus avec horreur qu'ils n'avaient pas de paupières. (...)
Brûlée par le froid, la paupière se détachait comme un morceau de peau morte. J'observais avec horreur, à Varsovie, les yeux de ces pauvres soldats du Café Europeiski, cette pupille qui se dilatait et se resserrait au milieu d'un œil écarquillé et fixe, dans un vain effort fait pour éviter la lumière.
(chapitre XII).
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