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Citation de Polomarco


Le long de l'escalier était encombré de femmes, assises l'une près de l'autre, comme sur les gradins d'un amphithéâtre (...).
Cette foule de femmes déployées sur cet escalier semblable à l'escalier des Anges dans le songe de Jacob paraissaient réunies là pour quelque fête, ou pour quelque spectacle dont elles eussent été à la fois actrices et spectatrices (...).
Tout à coup, au moment où je mettais le pied sur la première marche, elles se turent : un étrange silence se posa légèrement, palpitant, comme un immense papillon bariolé, sur l'escalier fourmillant de femmes.
Devant moi montaient quelques soldats noirs. Serrés dans leur uniforme couleur kaki, ils se balançaient sur leurs pieds plats, chaussés de fins souliers de cuir jaune, luisants comme des souliers d'or. Ils montaient lentement, dans ce silence soudain, avec la dignité solitaire du nègre. A mesure qu'ils gravissaient les marches, dans le passage étroit laissé libre à travers cette foule muette de femmes assises, je voyais les jambes de ces malheureuses s'ouvrir lentement, s'écarter d'une façon horrible, montrant leur noir pubis dans la lueur rose de la chair nue. "Five dollars! Five dollars!" se mirent-elles à crier toutes ensemble d'une voix rauque, mais sans faire un geste, et cette absence de gestes ajoutait encore à l'obscénité des voix et des mots. A mesure que les nègres montaient, la clameur augmentait : les cris se faisaient plus perçants et plus rauques les voix des horribles mégères qui, penchées aux balcons, exhortaient les nègres en leur criant elles aussi : "Five dollars! Five dollars! Go, Joe! Go, go, Joe, go!"
(Chapitre II - La vierge de Naples - pages 80 à 83 de l'édition Livre de Poche de 1963).
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