Quelques semaines plus tard eut lieu au Vieux Projecteur,
le cinéma d'art et d'essai préféré d'Eva, le festival Eros
Eros, dédié, comme son nom l'indique, à l'amour (c'est en
tout cas ainsi qu'Eva avait présenté la chose).
(p. 137)
Il voulut enfin croire qu'un poème, improvisé à l'instant au creux de l'insomnie méritait d'être livré encore tout frémissant à 4h10 (du matin (heure d'été)) à la face du monde, c'est-à-dire de ses quelques contacts rescapés sur Facebook, pour que tout se révélât, pour crier sa passion, pour que l'amour impossible et finalement sans doute bel et bien à vivre éclatât, que tout un chacun se réjouît qu'au lieu de tourner en rond dans son lit il préférât écrire, et si bellement en plus, si poétiquement exquisement amoureusement nuitamment virtuellement réellement, enfin si romantiquement 2.0 !
Tristesse
Mes mains tremblent
Ma voix se brise
Et je m'enlise
Me désassemble
(p. 57)
De même que s'il y a un problème il y a forcément une solution, de même s'il n'y a pas de solution c'est qu'il n'y a pas de problème.
Certes ils jouirent déraisonnablement de l'intense vie culturelle proposée dans la capitale, assistant chaque soir gratuitement à des spectacles grâce aux invitations que Gabriel gagnait sur une petite station de radio.
[...] la littérature comparée a ses limites, malgré son charme indéniable.
C'est juste pour te dire
Que tu me plais à mort
Et même si j'ai tort
Je t'aime à en souffrir.
Et pourtant, Dieu sait que Gabriel eût été prêt à se damner pour que la femme de sa vie fût satisfaite et qu'ils connussent de concert les confettis ondoyants ourlés de spasmes multicolores sur des corps étoilés.