Quel gâchis… La mort de Josh la rendait folle de rage. Mais elle était tout aussi furieuse contre elle-même. Furieuse de ne lui avoir jamais dit ce qu’elle pensait vraiment de lui. A quel point elle aimait son sens de l’humour, à quel point elle admirait ses convictions et son intelligence. Au lieu de ça, elle n’avait cessé de le rembarrer, de se moquer de lui, de le critiquer à tout bout de champ. Une fois, elle l’avait même traité de mauviette. Mauviette ! Lui qui s’était sacrifié pour la survie de l’humanité !
Nikolaï ne dit rien. Son visage était de marbre. Pendant un long moment, ils se mesurèrent du regard, immobiles dans le grésillement des lumières bleues. Nikolaï pensait probablement que Josh allait laisser tomber. Pas cette fois. Pas question. Josh en avait marre d’avoir peur, marre d’être perdu et baladé à droite et à gauche. Pour une fois, il allait prendre une initiative. Il allait faire quelque chose de juste.
- Toi être prêt à mourir, souffla finalement Nikolaï.
Josh hocha sombrement la tête.
- Ouais. Si c’est le prix à payer, je suis prêt.
Etre seul, c’était bien pire que de se retrouver coincé avec une autre personne – même un gros con comme Extra Ball. Parce que seul avec vous-même, vous avez tendance à vous triturer la cervelle, à aller voir tout au fond… là où il y a des trucs sombres et effrayants. Des trucs qui ne sortent que quand tout le reste a disparu…
Sarah savait qu’elle n’était pas une très bonne actrice. D’autant moins bonne qu’elle n’était pas loin de considérer le théâtre comme une forme de mensonge particulièrement sophistiquée… Et elle avait toujours été une piètre menteuse. Ce n’était pas un hasard si elle s’était orientée vers le journalisme. C’était la profession idéale pour elle ! Elle aurait passé son temps à déjouer les mensonges pour exposer la vérité aux yeux du monde.
C’était bizarre : il avait toujours ce ton monocorde, genre robot, qui faisait froid dans le dos. C’était peut-être un robot, d’ailleurs. Son vrai frère avait peut-être été échangé à la naissance contre un étrange organisme cybernétique venu du futur – comme dans Terminator. Mais non… Trevor ne lui ressemblerait pas autant dans ce cas. Alors peut-être que les organes de son frère avaient été remplacés par des circuits électroniques, comme dans L’Homme bionique. Quoi qu’il en soit, le… la chose qui se tenait devant elle n’était manifestement pas humaine.
Mais il ne peut y avoir de victoire sans combat. Toute civilisation, à travers les légendes les plus variées, illustre ce même noyau de vérité : le bien requiert le mal ; la rédemption requiert le péché.
C’est drôle, ajouta-t-il avec un rire amer, mes copains et moi, on se demandait toujours comment ce serait, la fin du monde. Maintenant, on sait. […] Ça craint.
J’ai l’impression de commencer une nouvelle vie. Une vie qui m’est aussi étrangère que celle d’une inconnue. Mais c’est un sentiment que je connais déjà. Je l’ai éprouvé de nombreuses fois depuis le Nouvel An, dans des tas d’endroits et dans des circonstances différentes. Sauf que cette fois, je suis d’accord. J’ai décidé d’arrêter de chercher des réponses et de laisser venir.
Son visage rayonna soudain de ce feu intérieur qu’elle connaissait si bien, cette beauté lumineuse et rebelle qui l’avait frappée dès leur première rencontre… et elle sut alors avec certitude qu’elle n’était ni morte ni plongée dans un état second. Parce que cette expression magique dans ses yeux ne pouvait pas s’oublier.
Ce sont nos mensonges qui ont détraqué le monde. Sans eux, on prendra un nouveau départ.