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Citation de jmb33320


Durant ces jours lumineux d’un froid de glace où j’erre dans les paysages de mon enfance, mais aussi, dans le temps, sur des chemins parfois presque effacés, une conviction m’est venue, de plus en plus forte : tout ce que je suis, tout ce que je pense, tout ce que je fais ou ce que j’ai pu faire est marqué du sceau d’un principe fondamental que je tiens de mon éducation républicaine, la laïcité. C’est pour moi le principe des principes, le fondement de tous les autres, le fondement d’abord de la légitimité politique. La séparation entre l’État et les religions. La liberté de conscience, le droit d’avoir ou de ne pas avoir de religion, d’en changer ou de ne plus en avoir. Et enfin le libre exercice de ses convictions, et la liberté de les exprimer.
Or de cette liberté-là, il semble que l’usage soit essentiellement réservé aujourd’hui à l’expression de ses convictions religieuses. Et chichement concédé à celle d’une incroyance sereine, vigoureuse et argumentée, reposant sur le refus philosophique de tout dogme et croyance en une surnature et en une révélation divines. Quelle outrecuidance, nous dit-on, et quelle naïveté de la part des incroyants, que de prétendre ou même seulement souhaiter se soustraire à l’emprise des religions ! On n’arrachera jamais l’humanité à son besoin de spiritualité et de consolation !
Et alors ? L’argument est des plus faibles. « La peur a créé les dieux », disent les épicuriens, dont Lucrèce. Et Freud après lui. Mais la détresse, le sentiment d’abandon, la peur de la mort, que nous partageons tous, ne donnent aucune existence et aucune vérité aux constructions métaphysiques dont notre faiblesse se soutient. Et aucune consistance à ce mirage de survie au-delà de la mort, de consolation, de rachat, de justification de nos peines. Platon dans le Ménon l’avait déjà dit : penser selon ce qui plaît, ce n’est pas penser. Ce que proposent les religions est « une imposture morale, intellectuelle, et politique », écrit Yvon Quiniou dans son livre Critique de la religion. Les religions prétendent à la vérité, alors qu’elles ne s’offrent à aucune des procédures qui font reconnaître une proposition comme juste et vraie. Elles ne peuvent donc garantir un ordre social dont les valeurs seraient unanimement partagées ; par nature, les religions divisent, en prétendant relier ; elles ne sont donc pas le facteur de paix qu’elles prétendent être. Et elles sont toutes menacées par des tentations de fanatisme et d’intolérance. La paix religieuse a été imposée en France par l’État, non sans difficulté ; quant à la paix des religions entre elles, c’est à la république qu’on la doit. Comme le dit une fameuse formule, la paix du zoo doit tout à la solidité des cages.
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