Attention : Coup de cœur pour ce livre reçu lors de la dernière masse critique ! ! En clair : je vais essayer de ne pas être trop dithyrambique, pour n’être accusée ni de complicité avec la maison d’édition, ni de connivence avec l’auteure. Voilà ! Les choses sont dîtes.
Je ne vous la ferais pas à : « la lecture est exigeante » : Je déteste. D’une, autant dire clairement au lecteur qui n’accroche pas qu’il est plutôt limité en neurones et de deux, cela clôt le débat et personnellement j’ai plutôt envie d’en parler que pas. J’y viens.
Ce qui pourrait en laisser certains sur leur faim, c’est que l’auteure construit son récit par « touches ». On suit des traces qu’il nous faut relier, interpréter. Daniella Pinkstein (Pinkstein ! Un nom prédestiné pour écrire un livre pareil !) ne nous livre pas les tenants et les aboutissants de ce qui se joue devant nous. A nous de relier tous ces points et de construire l’histoire (notre vécu, notre sensibilité y participant à plein).
Autre particularité : La féminité est le fil d’Ariane de ce récit, celle de son auteure, celle de ses personnages ancrés sur le sol d’une « mère » Europe, plutôt Kronos que Gaïa.
Deux jeunes hongroises, Emma et Blanche, amies d’enfance, vont chacune de leur côté fuir à Paris, les fantômes de la dictature et tout ce mal être que leur ont transmis le(ur)s pères.
Pendant la seconde guerre mondiale, environ 80 % des juifs hongrois ont été envoyés dans les camps. Certains seulement sont revenus et ont repris leurs places : bourreaux, dénonciateurs et victimes à la même table, dans un silence lourd de haine et de peur, gommé par les nécessités d’un vivre-ensemble subi et dicté par l’oppression de la dictature nationale. Chaque famille s’est inscrite dans un possible : résister, accepter ou collaborer au système communiste.
En 1989, le rideau de fer qui isolait la Hongrie, après tant d’années de régime communiste, tombe. Sans lui, nait l’espoir d’une autre vie, d’un ailleurs fait de promesses de richesse et de liberté. Mais comment faire fi des années de rancœur, des conflits des pères qui coulent dans les veines des enfants et qui finissent par les séparer ?
Ces valises transgénérationnelles vont coller aux basques d’Emma et Blanche, telles des passagères clandestines cachées dans les méandres de leurs rêves et de leurs espoirs pour pourrir le peu de ce qui leur reste de beau.
Nous sommes là, impuissants. Nous assistons à leur déliquescence, sans pouvoir intervenir, comme ces femmes de Loth, pétrifiées pour avoir bravé l’interdit, le regard posé sur la destruction en marche.
Il y a cet espoir, fou, vivace qui colle à leur peau et auquel elles s’accrochent. Nous qui assistons au combat, qui regardons tout cela de haut (de loin) savons que tout est vain. Mais nous laissons faire. Nous laissons espérer et lutter. Comme à un chien auquel on jetterait un os à ronger.
L’Europe de l’Ouest fait rêver celle de l’Est. L’Europe fait espérer. Les lendemains qui chantent et les ciels étoilés. Mais pour qui ? Quels sont les élus de cet Eldorado doré qui charrie tant de larmes et d’ordures et broie en elle tout ce qui n’est pas « assimilable » et « exploitable » ?
Tous ces hommes et ces femmes vidés et meurtris par un passé qui « ne passe » pas, issus des États dévastés par un totalitarisme acerbe, happés comme les papillons par les lumières du consumérisme et son mythe mortifère : La quête de ce Graal nommé « Europe ».
Le style est emprunt d’une poésie, belle et explicite, qui tranche avec la dureté, la froideur de la réalité décrit. Ce n’est pas ce qui est dit qui fait « mouche », mais la façon de le dire. C’est ce «détachement», cet « àquoibonisme » qui suintent à chaque page, qui nous susurrent à l’oreille, quand la lecture fait résonner en nous ces si jolis mots : tout cela ne sert à rien, tout est déjà joué, écrit, et Emma, Blanche, Mehdi et les autres ne sont que les noires et blanches d’une partition jouée mille et une fois, dans les sous-sols de cette belle et grande Europe.
S'attacher aux détails : Mise en perspective, l’évocation de ces cadrans et ces montres, qui n’affichent plus rien et dont les aiguilles se figent, de ses sacs noirs qu'on trimballe à plein dos, de ces bouts de tissus épars, chutes rapiécées dont on vêtit les hommes, et toutes ces clefs rouillées sans serrures..., je les ai débusqués au fil des pages.
« Il fallait, sans tomber, cheminer entre les perspectives ». C’est exactement le sentiment que l’on a à la lecture de « Que cherchent-ils au ciel tous ces aveugles ? ». Daniella Pinkstein nous fait entrer dans l’histoire, juste ce qu’il faut pour apercevoir la trame, découvrir les enjeux et deviner les silhouettes qui s’ébattent au milieu de tout cela. Elle nous tient à distance, en quelque sorte, de ses personnages (comme nous le sommes dans la vraie vie face aux migrants, non ?) : Ces aveugles qui cherchent la lumière au ciel parsemé d’étoiles du drapeau européen. Puis elle nous plonge la tête dans cette réalité putride : les ruines sur lesquelles s'est construite l'Europe, autoproclamée réconciliée avec les peuples qui la composent, les deux pieds sur un sol jonché des mémoires des morts.
Aveugles. Ne le sommes-nous pas tous tout autant ?
Merci à Babelio et aux éditions MEO...
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Alors, je ne pensais pas du tout être sélectionnée pour faire une Masse Critique sur Babelio. Le but est, si nous sommes choisi, il faut lire un livre choisi par nos soins parmi une liste et faire une critique dans un délai d'un mois. Je leur remercie de leur confiance et de m'avoir permis de découvrir une auteure que je ne connaissais pas.
Nous suivons Blanche et Emma, deux Hongroises qui vont fuir leur pays pour s'installer à Paris. Mais, elles ne sont pas au courant l'une de l'autre... Et elles vont vivre une aventure passionnelle avec Mehdi, un autre immigré. L'une des amie va usurper l'identité de l'autre et mentira à tous ses proches.
Quand j'ai lu le résumé, j'ai eu très envie de le lire, car je trouvais intéressant d'apprendre la vie des Hongrois alors que l'Europe est séparé en deux. Mais, je n'ai pas été emballée par l'histoire et j'avoue à avoir beaucoup de mal à lire un livre si je ne suis pas plongée dans le récit. Souvent je décrochais et je me sentais perdue dans ma lecture. Bien que la plume de l'auteure soit fluide et facile à comprendre, on a un peu de mal à savoir si le personnage principal est Blanche ou Emma, car on a l'impression qu'elles ne forment une seule et même personne. Et les aventures amoureuses de nos héroïnes sont également très floues : nous comprenons seulement à la fin qu'elles avaient un amant commun.
Même si ce livre ne m'a pas plu, je ne pourrai pas le conseiller de ne pas le lire car dans la vie il faut être curieux, mais ce n'est pas un coup de cœur.
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Personnellement, je ne suis pas arrivée à entrer dans ce livre car l'on passe d'un personnage à l'autre à travers un style narratif très particulier.
Le même protagoniste peut être narrateur ou à l'écoute du témoignage d'un autre, et cela rend le tout confus, à mon sens.
Je suis déçue car le descriptif du livre sur le quatrième de couverture me donnait vraiment envie de rentrer dans cette vision certes noire de l'Europe de l'Est ou plutôt de ce qu'elle est devenue, mais je ne m'attendais pas à un récit aussi métaphorique. C'est du moins ainsi que je l'ai perçu.
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