Pour que les femmes se jettent à mon cou et qu’on me fourre des drogues dans le nez. Ce cercle vicieux dont tu penses être responsable, il a commencé parce que j’essayais d’oublier que j’avais l’impression d’être un raté. Tu étais la meilleure chose que j’avais, Isabelle. La meilleure que j’aurai jamais.
— Tu ne retourneras pas travailler. Je n’aime pas l’idée que ma femme serve des bières et des oignons frits à une bande de mecs toute la nuit. C’est ce que tu veux être pour le restant de tes jours, Izzy ? Une salope de serveuse ?
— Toutes mes félicitations, il t’a suffi de quelques phrases pour faire de moi une sous-merde. Arrête la voiture. C’était une erreur.
Hawk ignora mes plaintes et tourna violemment à droite. Son comportement imprévisible commençait à me fatiguer.
Les yeux de Jéricho restèrent plongés dans les miens tandis qu’il enroulait son bras autour de sa taille et l’attirait contre lui. Elle gémit d’un ton taquin lorsqu’il serra sa taille, essayant de voir si je contrôlais mes nerfs.
Alors je jouai le jeu.
— Puis-je t’apporter un verre, ma belle ? demandai-je. Peut-être un peu de lait dans un bol ?
Je quittai la pièce et m’attardai un instant dans le couloir vide, abattue comme jamais. Il m’avait fallu me rendre compte que je ne l’intéressais pas pour comprendre à quel point je l’appréciais. La morsure du rejet m’inonda les veines comme un venin.
— Je pensais que tu avais disparu pour de bon, Isabelle. Tu as l’air d’avoir un don pour ça, ajouta-t-il.
— Désolée, Jéricho. Je ne t’ai presque pas reconnu avec ta queue dans ton pantalon. Si tu veux bien m’excuser, il faut que je rentre chez moi.
— Tu es la plus belle chanson que j’aie jamais écrite, murmura-t-il.
— Tu veux dire chevauchée ?
Une lueur irritée apparut dans ses yeux.
— Tu n’es pas l’une de ces filles. Je veux t’offrir quelque chose, mais je ne sais pas si tu le veux.
— Tu as quelque chose… juste ici, dis-je en me tapotant le menton avec un sourire paresseux.
Un sourire sexy étira les coins de sa bouche.
— Dans ce cas, tu n’as qu’à le lécher, me taquina-t-il.
N’étant pas du genre à refuser un défi, je me penchai en avant et suçotai son menton. Pour ma défense, j’étais ivre. Je n’aurais jamais rien fait de tel en étant sobre, mais la sensation de picotement de la bière glissait dans mon corps et me faisait perdre mes inhibitions. En outre, cela avait complètement surpris Austin, car je sentis tout son corps se tendre, ce que je remarquai étant donné que mes mains reposaient sur ses biceps durs.
Quelque chose avait changé chez Austin, d’accord. Il y avait de la puissance brute non seulement dans ses paroles, mais aussi dans sa prestance. Je le sentais aussi bien que je sentais sa barbe picoter ma joue. Une tension pesante s’installa entre nous et quelque chose en moi commença à s’agiter.
Austin m’offrait plus que son amitié : il m’offrait sa protection.
— Pour que les choses soient claires, remarquai-je, je ne t’appartiens pas.
Je sentis son sourire s’étendre sur ma joue et son souffle fondit contre mon oreille comme de la cire chaude.
— À quelle heure est-ce que tu finis le boulot ? Je veux te présenter ma meute.
— Tu m’as obligé à en arriver là, murmura-t-il.
Quelque chose dans ses yeux s’éteignit. L’émotion s’évapora, remplacée par un regard vide et sans âme. Je lui griffai le visage et les tambourinements contre la porte se firent plus fort, jusqu’à ce que j’entende le bois se fissurer.
La dernière chose que je vis fut Austin Cole, qui se tenait sur le seuil de la porte, plus beau que jamais. Il ne saurait jamais à quel point je trouvais ses yeux ravissants, tels des glaciers par temps nuageux. Ses cheveux noirs étaient ébouriffés et en bataille, exactement comme je les aimais.
Mais son expression était sauvage.
Je me penchai et crachai sur le sol. Avoir le sang de cet homme dans la bouche me révulsait. Mes mains tremblaient, et de la sueur froide alimentée par la boisson m’inonda le front.
Je croyais que les démons s’étaient déchaînés, mais je n’avais encore rien vu jusqu’à ce que Reno entre dans la pièce. L’orage tournoyait dans ses prunelles alors qu’il scrutait le bouton ouvert de mon jean.
— Putain, ne fais pas ça ! lui cria Denver.
Ses yeux roulèrent dans leur orbite et pendant une fraction de seconde, ses poings se serrèrent et ses biceps frémirent.