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Critiques de Daphné Du Maurier (1399)
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Rebecca

Aujourd’hui, j’ai fait une découverte incroyable : j'ai terminé Rebecca de Daphné Du Maurier, et c’est incontestable, j’aime ce livre passionnément. Quelle intensité ! Quelle puissance des mots !



Déjà, j’ai toujours adoré les histoires dans lesquelles les démons du passé ne peuvent disparaître et hantent les personnages, j'aime quand ces derniers sont tourmentés, et quand les silences et autres secrets indicibles deviennent insoutenables, et là, je dois dire que j'ai été comblée ! L’atmosphère pesante, que tous les lecteurs ressentent et soulignent lors de cette lecture, est brillamment dépeinte, l’intrigue extrêmement bien menée. L’écriture de Daphné du Maurier sert admirablement le récit, j’aime l’angoisse dans laquelle s’englue le lecteur, en même temps que les personnages, et elle m’a rappelé la plume d’une autre auteure que j’admire beaucoup, à savoir Emily Brontë (avec ce côté noir, presque cynique et où les passions sont destructrices et les destins fatalement tragiques.)



Maxim de Winter est un personnage qui m’a immédiatement intrigué, et tout son être si secret et énigmatique m’a absolument séduit. J'ai aimé le fait qu'il soit extrême dans ses émotions, aussi tendre que froid et distant, aussi calme qu'autoritaire et colérique... Pourquoi semble-t-il souffrir autant et que cache-t-il ? Attendez-vous à des révélations vertigineuses. Il est, en tout cas à mes yeux, un personnage grandiose qui me hantera longtemps encore.

Et puis il y a la narratrice... Elle aurait dû m’énerver car ce n’est pas du tout le genre d’héroïne à laquelle on rêve de s'identifier : une fille assez quelconque, sans talent, sans esprit, trop timide, trop passive. Et c'est cette petite créature sans importance qui a l'audace de vouloir remplacer, effacer le souvenir de la grande Rebecca ? D'ailleurs, pour montrer son insignifiance par rapport à Rebecca, qui en plus de donner son prénom à l'histoire et d'être citée à longueur de pages, l'auteure ne nous livre même pas son prénom, c'est dire son degré d'importance... Et bien malgré tout cela, et outre le fait qu'on ne peut que compatir et souffrir avec elle – elle semble aimer un homme qui en aime une autre, elle n'a que des désillusions, elle vit dans une maison dont tout lui rappelle qu’elle n’a pas sa place ici (aussi bien les objets qui tous portent la marque de l’importance de la défunte, que les humains, avec Mrs Danvers, une domestique fidèle à Rebecca au-delà de la mort), elle va se révéler toute autre, nous surprendre, être forte et revêtir un rôle capital dans l’histoire, bref s'imposer et enfin devenir quelqu'un.



Vous l'aurez compris, même si elle est morte, Rebecca est toujours la vedette, elle est partout, comme en témoigne notamment la fameuse - et cruellement douloureuse - scène du bal. Tout le monde ne parle que d'elle, tout le monde la regrette, tout le monde l'aime. Enfin c'est ce qu'on croit. Mais il serait dommage d'en dire plus…

Je veux juste ajouter qu'il y a véritablement UN évènement dans le livre, et qu'à partir de là, il va vous être très très difficile de lâcher le roman...



Voilà, une histoire originale et prenante, une plume empreinte de passion et d'angoisse, des personnages attachants et intriguants, ce qui ne peut donner qu'une rencontre littéraire magnifique. A découvrir absolument !



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Rebecca

Rebecca foudroie les yeux et les coeurs ; Elle passe inaperçue.

Rebecca fascine ; Elle voudrait tellement plaire.

Rebecca à le monde à ses pieds ; Elle est tellement timide et effacée qu'en racontant sa troublante histoire, Elle préfère rester anonyme.

Rebecca s'amuse des hommes ; Elle aspire à être une bonne épouse.

Rebecca est fougueuse ; Elle est placide.

Rebecca est tellement spirituelle et drôle ; Elle est gaffeuse, un tantinet nigaude aussi…

Rebecca est forte et hardie ; Elle est cagnarde et craintive.

Rebecca est morte, et sa vie brève a laissé des souvenirs flamboyants ; Elle est en vie, et se traîne ici-bas, aussi maladroite et pusillanime qu'on peut l'être.

Auréolée de sa jeunesse et de son inexpérience, Elle est tellement heureuse et fière de son mariage-surprise avec M. de Winter, un riche aristo anglais, si intrigant et environné d'ombres, veuf de la fameuse Rebecca.

Pour Elle, la vie va commencer. Mais pas celle à laquelle Elle s'attendait…

A peine arrivée dans la somptueuse propriété de Maxim de Winter, à Menderley, qu'Elle est humiliée par le fantôme de Rebecca. Mais comment pourrait-Elle combattre un fantôme figé dans son éternelle jeunesse et toute sa splendeur ? Tout Menderley est un cantique, une symphonie en l'honneur de Rebecca. Des rangées de rhododendrons dans le jardin, les bibelots dans le boudoir, les tableaux accrochés aux murs, tous ces meubles si artistement disposés, ne vivent et ne respirent que pour Rebecca. Son souvenir hante les serviteurs ; les invités ne peuvent s'empêcher de faire la comparaison entre les deux femmes et de se montrer impitoyable pour Elle. Quant à Maxim, il vit en enfer depuis la mort de Rebecca, et c'est à peine s'il remarque sa jeune épouse.

Pas un jour sans qu'Elle ne sente la main glacée de Rebecca sur ses épaules. Elle survit tant bien que mal dans ce monde hostile qui la rejette, la raille, la méprise. Dans ce combat inégal, sa victoire – si victoire il y a – prend un goût terriblement amer.

Si les deux héroïnes du livre sont magnifiées, la première dans sa splendeur passée, la deuxième dans sa détresse et sa vaine résistance, les hommes, eux, sont proprement étrillés. Pochtrons, lâches, calculateurs, suffisants : pas un pour racheter les autres, à l'exception peut-être du fidèle Franck.

La lecture de ce roman magistral est souvent rendue difficile par la véhémence des sentiments qui ébranlent nos quatre personnages principaux : Elle, Rebecca, Mme Danvers et Maxim de Winter. Derrière le classicisme et la limpidité du style, se cache un torrent de violence et de brutalité qui laisse pantois.

Et puis cette petite musique qui trotte dans ma tête : qui n'a pas ressenti au moins une fois dans sa vie les angoisses de Elle en se retrouvant dans un environnement dont on ne comprend pas les codes et qui nous met gentiment de côté ?





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Rebecca

Un livre envoûtant qui vous obsède jusqu'à la dernière page.

Une femme vénérée, adorée, adulée par tous dont l'ombre plane tout au long du roman.

Une atmosphère : Manderley

Une jeune épouse d'apparence insignifiante qui fera preuve de belles qualités pour échapper au fantôme de Rebecca et devenir la seule madame de Winter.

Je l'ai lu, il y a fort longtemps, et dès la première phrase du livre, j'étais piégée. La magie d'une seule phrase toute simple a suffit : J'ai rêvé que je retournais à Manderley...

Daphné du Maurier a écrit un roman sur le pouvoir, l'emprise et l'empreinte que nous avons sur notre entourage de notre vivant et qui parfois perdure par-delà la mort. Comment la mémoire d'une morte peu perturber, obséder, détruire ceux qui l'ont connue et les contraindre à vivre dans le souvenir. La nouvelle madame de winter va devoir lutter contre cette femme idéalisée, toute en apparence. Une femme qui va s'avérer capricieuse, égoïste, n'aimant qu'elle et qui en réalité ne méritait pas l'amour que son mari lui portait et lui porte encore malgré son remarriage.

Bien évidemment, c'est un livre que j'ai adoré sur les apparences et la force de caractère dont certains font preuve alors qu'on ne s'y attends pas de leur part car on les croit trop effacés.
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Les Oiseaux et autres nouvelles

Aujourd'hui, j'aimerais attirer l'attention sur cette nouvelle et, selon moi, trop peu commentée, façon de faire la guerre qui se dessine toujours plus, jour après jour, et qui consiste à envoyer des drones sur l'ennemi, des machins parfois à peine gros comme des oiseaux et qui sèment la mort et la désolation à qui mieux mieux...



Eh bien, au risque de vous surprendre, il existe dans la littérature au moins un livre ancien qui anticipe et qui nous fait réfléchir sur cette nouvelle et ô combien terrifiante forme de guerre, qu'on voudrait nous vendre pour du « chirurgical », « high tech » et « propre ». Oui, vous avez deviné, il s'agit de ce texte éblouissant de Daphne du Maurier, intitulé pudiquement, énigmatiquement, et pour l'éternité, Les Oiseaux...



Alors, effectivement, Les Oiseaux, c'est bien sûr ce célèbre film d'Alfred Hitchcock, d'ailleurs pas forcément génial à mon goût avec son cortège de mouettes grossièrement empaillées, mais qui est rentré dans le cercle assez fermé des grands classiques du cinéma d'angoisse.



Cependant, bien avant ce film — aux qualités discutables —, il y a cette splendide, splendide, ô combien splendide nouvelle de Daphne du Maurier. Et avant d'évoquer quoi que ce soit qui aurait trait à l'histoire, je voudrais tout d'abord saluer le style de cette auteure britannique hors du commun.



Une économie de moyens, une sobriété de formule, une efficacité d'évocation absolument remarquables. Une manière d'écrire qui me rappelle fort John Steinbeck, ce qui, dans ma tête est sûrement le plus beau compliment que je puisse faire à un écrivain tellement le maître californien trône fièrement sur le podium doré de mes auteurs favoris.



Finalement le Nat Hocken des Oiseaux m'apparaît très comparable au George de Des Souris Et Des Hommes ou encore au fameux Tom Joad des Raisins de la Colère. Un type taiseux mais pragmatique, calme jusqu'à un certain point et doué d'une énergie vitale étonnante si le besoin s'en fait sentir.



En quelques pages et avec une poignée de mots, Daphne du Maurier parvient à installer une ambiance de plomb, angoissante au possible, où c'est justement le non dit qui fait deviner le pire. Elle allume des amorces, et notre imagination fait le reste (d'où l'inintérêt manifeste de chercher à montrer et à en faire un film, mais ça, c'est un autre débat).



L'histoire se présente comme suit : au début des années 1950, sur un rivage de la côte anglaise, Nat, un ouvrier agricole, habite une petite maison isolée dans la campagne mais peu distante de la ferme où il travaille. Un soir du début décembre, tandis que l'automne avait été fort doux jusque-là, le vent change brusquement et le temps se met au froid piquant.



Tout un peuple d'oiseaux — des petits passereaux, des étourneaux, des corneilles —, sans doute amené par le froid, vient se bousculer dans les haies, sur les arbres et tout ce qui peut faire office de perchoir. Ces oiseaux pendent par grappes jusqu'à remplacer les feuillages ; ils sont des milliers, des millions probablement...



En mer, sur les vagues rageuses excitées par la houle, les mouettes, les goélands, les fous se massent à perte de vue jusqu'à couvrir les flots sombres de leur blancheur...



Nat a beau fréquenter la baie depuis toujours et avoir vécu des hivers rigoureux, il n'a jamais connu pareil rassemblement de volatiles. le temps n'est guère engageant. Nat se dépêche de rentrer à la maison rejoindre sa femme et ses deux enfants : le petit Johnny et sa grande soeur Jill.



La nuit vient assez vite, il fait un froid mordant, le vent s'insinue sous les portes et fait chanter les tuyaux de cheminée de manière inquiétante. La petite famille Hocken prend son repas calmement faisant cercle auprès du foyer de la cheminée. Tout le monde va se coucher tôt car il n'y a vraiment rien d'autre à faire ce soir que de s'aller blottir sous les couvertures. On souffle la bougie, les enfants s'endorment. Ça souffle toujours aussi fort dehors...



Dans la nuit, Nat est réveillé par des sortes de coups : quelque chose frappe dans une fenêtre ; cela s'arrête puis ça reprend... La femme se réveille également ; Nat se décide à aller voir. C'est un oiseau... Un tout petit oiseau ; un rouge-gorge ou une mésange. Nat ouvre la fenêtre pour chasser cet importun. Ils sont drôlement acharnés ces petits bestiaux, ils veulent absolument rentrer ! Rien d'étonnant, avec ce froid et ce vent ils doivent être affamés...



Nat referme la lucarne. Tiens ! Ses mains sont en sang. Ils lui ont picoré la peau fiévreusement. Rien de grave cependant. Nat retourne se coucher. Mais les coups ne tardent pas à redoubler. Comme c'est étrange, tout de même. Soudain, un cri dans la chambre des enfants. Un carreau a cédé. Ces oiseaux sont déchaînés !



Vite, mettre les enfants à l'abri. Vite, rassurer sa femme. Vite, barricader les fenêtres car ils attaquent par centaines. Il y a maintenant des mouettes qui se jettent à l'aveugle quitte à se briser le cou. Les fous de Bassan font des piqués monstrueux, bec en avant, et viennent s'écraser de tout leur poids sur le sol, morts sous l'impact. S'il y avait qui que ce soit en dessous il serait mis en pièces par tous ces projectiles vivants, petits ou gros.



Une longue nuit d'épouvante commence ; puis une autre le lendemain. On s'organise comme on peut. Il n'est plus question de sortir ni de vivre normalement. Seulement de tâcher de rester en vie tant bien que mal et de consolider ses abris… Je vous laisse découvrir la suite.



Voilà, j'ai essayé, bien maladroitement, de vous faire ressentir l'ambiance dégagée par Daphné du Maurier. Je n'avais pas du tout perçu, en visionnant le film d'Hitchcock, à quoi se référait l'attaque des oiseaux.



À la lecture de la nouvelle, il m'apparaît clairement qu'il s'agit d'une évocation symbolique ou allégorique des bombardements allemands sur l'Angleterre durant la seconde guerre mondiale et sans doute, en cette période de guerre froide et de menace soviétique latente, il ne faut sûrement pas attribuer au hasard le fait que l'auteur précise avec insistance que le vent mauvais vient de l'est.



Elle nous fait vivre l'angoisse, l'incompréhension, la folie aveugle et meurtrière de la guerre sur la population médusée, incrédule, non informée et désarmée qui n'a plus qu'à compter que sur elle-même pour essayer de survivre.



J'ai vraiment adoré cette nouvelle, d'une redoutable efficacité d'écriture même si, à l'instar du film, la conclusion peut nous laisser un petit goût d'inachevé. On pourrait toutefois arguer que c'est une volonté de l'auteure qui souhaite ainsi nous placer dans le même état d'inconfort psychologique que les populations traumatisées par la survenue chronique des salves de bombardements.



Bref, un texte qui retrouve une acuité toute particulière en ce moment, à l'heure des drones de combat qui deviennent, lentement mais sûrement, la norme dans les conflits armés du XXIème siècle. Ce faisant, si ce que j'exprime ici vous paraît farfelu, gardez à l'esprit que ce n'est que mon petit avis, volant au vent, et qu'une bourrasque un peu plus violente pourra chasser sans problème et à jamais, autant dire, pas grand-chose.
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Rebecca

Je viens de terminer la lecture de Rebecca, j'ai donc enfin découvert la plume de Daphné du Maurier.



Quel couple improbable que Maxim de Winter et cette jeune fille qui fait office de narratrice et dont on ne connaît pas le prénom. Lui est riche et veuf après avoir perdu Rebecca, sa femme, morte par noyade un an plus tôt. Elle est demoiselle de compagnie pour Mrs Van Hopper, une excentrique commère. Issue d'un milieu modeste, la jeune fille est plutôt gauche et insignifiante à cause de sa timidité excessive.

Nos deux protagonistes se rencontrent à Monte-Carlo, Maxim éprouve un vif intérêt envers cette jeune fille solitaire et effacée. Elle, tombe amoureuse de cet homme différent des autres qui porte sa tristesse sur le visage.

D'une manière improbable, alors qu'elle doit partir à New-York avec sa patronne, Maxim la demande en mariage et la prie de vivre avec lui à Manderley, le manoir qu'il possède en Angleterre.

Après un voyage de noces idyllique, notre narratrice va enfin découvrir la demeure de ses rêves en pensant y trouver le bonheur auprès de son mari. Rejetée d'emblée par Mrs Danvers, la gouvernante de Rebecca, qui lui témoigne hostilité et cruauté, la jeune fille va vite découvrir à ses dépends que malgré la mort, l'ex-femme de Maxim est toujours omniprésente, adulée, regrettée... Dans cette grande demeure ou elle se sent inutile, de plus en plus renfermée sur elle-même, elle la vivante, est réellement considérée comme le fantôme. Au milieu des non-dits et des secrets que cache donc la mort de Rebecca?



Je me suis vite laissée entraîner par ce roman très sombre. L'ambiance est oppressante et les émotions sont palpables dans chaque mot, chaque phrase. Je n'ai pu m'empêcher de souffrir pour cette jeune fille qui se retrouve au milieu d'un véritable sac de noeuds. Condamnée à ne pas poser de questions à ce mari qu'elle aime plus que tout, tyrannisée par cette affreuse gouvernante qui va faire monter la cruauté à un degré inimaginable, je ne me suis pas sentie à ma place non plus dans cette maison ou la vie semble s'être arrêtée. Malgré un début long à démarrer, une fois le couple arrivé à Manderley on découvre vite l'envers du décor et la lecture s'avère très agréable. La plume est fluide et l'auteure déploie des trésors d'ingéniosité pour maintenir l'attention du lecteur.

J'ai adoré ce roman qui était le préféré de ma mère et de ma grand-mère et je ne regrette pas de l'avoir lu pour sa finesse psychologique et la perfection de son intrigue. Si un jour le coeur vous en dit, pourquoi ne pas aller faire un tour à Manderley, ce lieu ou même la mort est vivante. A lire et à découvrir !
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Rebecca

Yes !



Moi qui me disais que Daphné du Maurier, c’était une auteure pour lectorat féminin (avec tous les sous-entendus que cela implique, et je vous laisse y réfléchir) donc que je ne la lirais jamais (oui, je suis une femme, mais le lectorat exclusivement féminin...je n’en dis pas plus)...

Et puis, une, deux, trois lectrices m’ont parlé de ce roman, et je me suis laissé tenter. Après tout, Hitchcock en a fait un film en 1940, et ce n’est pas une femme, à ce que je sache. Il parait d’ailleurs que son film est angoissant à souhait (je viens d’aller voir la bande-annonce...cucul la praline, donc ne vous y fiez pas !).



Donc, je reprends, car je me rends compte que je me perds, comme se perdait la toute jeune narratrice et héroïne dans Manderley, le domaine immense de son mari. Un manoir immense, des couloirs immenses, un parc immense entouré de bois, et la mer immense, là tout près.

Nous sommes dans la campagne anglaise, 1ere moitié du 20e siècle. Une société de castes, où les riches, dont fait évidemment partie Maxim de Winter, n’ont rien d’autre à faire qu’administrer leurs biens, prendre le thé selon un cérémonial immuable, recevoir leurs voisins et amis, organiser des réceptions très codées.

Notre toute jeune narratrice, ancienne dame de compagnie d’une vieille Américaine snob, rencontre par hasard ce Maxim de Winter à Monte-Carlo, et la romance peut commencer.



Stop !

Romance, oui, peut-être, mais relatée avec toutes les nuances psychologiques d’une Charlotte Brontë dans « Jane Eyre ». Car le beau et riche mari a été marié une première fois, et sa femme Rebecca, femme belle, intelligente, éduquée, est morte noyée quelques mois auparavant...Je vous laisse deviner les tourments dans lesquels est plongée la nouvelle jeune mariée, d’autant plus qu’elle est obligée de composer avec une gouvernante revêche et même plus...



Et puis il y a des secrets, de plus en plus inavouables, qui mènent tout droit à un drame de premier choix.



Oh my God, que j’ai adoré ce roman ! Un cocktail anglais explosif : amour, non-dits, tourments intérieurs, mystères avec révélations progressives, tragédies, le tout dans une nature éclatante. Et quel naturel, quelle spontanéité dans l’écriture, à la fois sombre et éblouissante !



« J’ai rêvé l’autre nuit que je retournais à Manderley » : c’est la première phrase de ce roman, que je fais mienne, totalement.

La nostalgie m’envahit, et je vais m’endormir, espérant rêver de Manderley.

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Ma cousine Rachel

Remarquable roman! C’est en rangeant ma bibliothèque que je suis tombée sur le visage de Rachel.

Ce roman m’avait valu une nuit blanche dans ma jeunesse et j’ai eu envie de le relire. Bien m’en a pris. Daphné du Maurier, dont j’aime énormément la finesse d’écriture, est assurément la reine du suspense psychologique.

Son récit hypnotique nous plonge dans une atmosphère à l’angoisse lancinante faite d’incertitude et de sensations contradictoires. Elle a le don d’instiller le doute avec subtilité et de créer une ambiance mystérieuse où l’ambivalence des sentiments règne en maître.



Le narrateur Philip est très attaché à son cousin Ambroise Ashley qu’il voit comme un père car il l’a recueilli à la mort de ses parents. Tous deux coulent de beaux jours dans son manoir de Cornouailles.

Au cours d’un voyage en Italie Ambroise s’éprend d’une femme plus âgée, Rachel, qu’il ne tarde pas à épouser. Faisant part de son bonheur à Philip à travers un échange épistolaire le ton de ses lettres va pourtant changer, d’abord imperceptiblement puis de manière plus marquée pour finir par être inquiétant :« Pour l’amour de Dieu, viens vite. Elle a enfin raison de moi, Rachel mon tourment…».

Subitement sans nouvelles de son cousin, Philip inquiet, se rend à Florence où le couple séjournait et apprend avec sidération le décès d’Ambroise. Il va alors détester davantage cette cousine inconnue dont il est jaloux et qu’il soupçonne d’empoisonnement. ll l’invite et la reçoit en Angleterre par provocation avec l’intention de se venger.

Commence alors un huis clos déroutant chargé d’une forte tension psychologique et d’un suspense sous jacent. Pourtant à l’arrivée de sa cousine, Philip est déstabilisé par sa grâce, son esprit, son humilité et son humour. Ses convictions vacillent et des sentiments d’une toute autre teneur vont le submerger.

La demeure poussiéreuse va reprendre vie et couleurs grâce à Rachel. Une ombre grandissante va cependant assombrir peu à peu la nouvelle joie de Philip et une angoisse sourde l’envahir au fil des découvertes et révélations. On ne sait plus lequel des deux dysfonctionne. Il faut dire que l’écrivaine brouille les pistes avec maestria.



Mais qui est donc l’envoûtante Rachel ? Une femme sournoise et vénale ou sincère et généreuse ? Inoffensive ou manipulatrice?

Qui est son étrange ami Rainaldi et la réelle nature de leur lien? Philip a-t-il une vision biaisée ou lucide?



De manière habile Daphné du Maurier met en lumière la complexité des relations humaines, des méandres psychologiques et l’attraction-répulsion que l’on peut avoir pour un être. Les secrets sont dévoilés au compte-goutte, le souvenir fantomatique d’Ambroise hante les personnages et les lieux, la fin est étonnante.

Un sacré bouquin! Romantique, mélancolique, envoutant et très prenant.

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Rebecca

Quel suspens !

L’univers corseté de la bourgeoisie anglaise n’est pas vraiment ma tasse de thé, et a priori pas le contexte idoine pour me happer dans un bon thriller, mais j’avais envie de réactiver les souvenirs brumeux du film d’Hitchcock vu quand j’étais gamine et comprendre pourquoi il m’avait fait si peur.

Mais contre toute attente, j’ai dévoré ce roman en deux jours car tous les ingrédients d’un bon thriller sont là : le climat qui s’obscurcit peu à peu, l’atmosphère pesante, les révélations distillées au compte-goutte, l’accélération progressive de l’action…

Si Daphné du Maurier réussit le tour de force de nous tenir en haleine de bout en bout, je crois que cela tient pour beaucoup à l’angle de narration choisi, à savoir un récit à la première personne par la frêle et timide héroïne, naïve mais cependant lucide sur son statut de victime, et dont la tragédie va révéler la personnalité au fil de l’intrigue.

Plus hitchcokien, tu meurs ! Pas étonnant que le grand maître se soit approprié cette œuvre de manière symbiotique. Des premières scènes sur les routes estivales de la Riviera à l’étrangeté insidieuse de Manderley, j’ai ressenti sa présence derrière chaque scène, avec l’impression troublante de « lire un film » ou de « voir un livre » qui trente ans plus tard, fait toujours peur !

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Le bouc émissaire

Vous entrez dans un café bondé, de l'épaule vous bousculez quelqu'un, et vous vous retrouvez face à votre double parfait. Là, en face de vous, aussi stupéfait que vous, votre « moi » vous observe. Abasourdis par cette situation invraisemblable, vous vous asseyez tous deux à une table et vous commandez un alcool fort parce qu'il faut bien vous remettre de vos émotions. Votre ressemblance avec l'autre vous met mal à l'aise ; elle a quelque chose de maléfique tant vous retrouvez dans votre double votre voix, votre manière de vous exprimer, votre façon de bouger vos mains, de sourire ou de cligner des yeux…

Imaginez-vous durant quelques instants dans cette situation ? Eh bien, cette chose improbable arrive à Paul et John qui, le premier choc passé, se « racontent » comme deux vieux amis qui ne se sont pas vus depuis longtemps.

C'est ainsi que John va prendre l'identité de Paul. Paul, comte de Gué, dernier rejeton d'une vieille famille noble à bout de souffle en ce début des « trente glorieuses » bien décidées à être sans pitié pour ces aristocrates guindés et fiers, ces reliques du passé.

J'ai suivi John quand il est entré de plein pied, parfois avec effroi, parfois avec exaltation et insouciance, dans la vie de Paul. Il faut le voir découvrir des gens qui croient le connaître depuis des décennies, depuis toujours. Il faut le voir perdre pied, se ressaisir, prendre maladroitement la tangente pour éviter quelque impair… L'épouse, la soeur, le frangin, la belle-soeur, le château qui sent l'abandon, la vieille mère alitée, l'entreprise familiale, les domestiques dévoués et comploteurs, les secrets de famille, les bonnes vieilles saloperies, les sentiments de rancoeur, il se prend tout dans la figure par gros paquets… Et puis il y a Marie-Noëlle, sa fille, enfin celle de l'autre… Une petite princesse, une fille garçonnière avec ses cheveux blonds coupés courts, une petite Jeanne d'Arc avec ses visions mystiques, qui a tant d'admiration pour son papa.

Le vrai Paul n'est guère sympathique, au demeurant ! Un être fourvoyé, un fainéant, un homme affreusement seul, horriblement égoïste qui règne en tyranneau sur son petit univers en perdition. Alors, John l'imposteur se dit que peut-être il pourrait arranger les choses en mettant un peu de lui dans Paul ?

Daphnée du Maurier s'y prend à merveille pour fourrager dans les sentiments humains, tout un clair-obscur d'amertume, de convoitise, de douceur, de pardon et d'allégresse partagée.

J'ai pris un grand plaisir à suivre John dans sa découverte, au fil de l'eau, de l'univers de Paul, me demandant à chaque page tournée comment cette histoire se terminera… Je n'avais pas envisagé ce final mais, à bien y réfléchir, elle est logique pour ces deux hommes qui ont tenté de rompre les fils du destin.



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L'Auberge de la Jamaïque

Demeurée seule et sans ressources après la mort de sa mère en ce début de XIXe siècle, la jeune Mary Yellan se voit contrainte de quitter sa région natale pour aller vivre chez sa tante Patience, dont le mari Joss Merlyn tient une auberge. Planté aux quatre vents de la lande sauvage et désolée des Cornouailles, l’établissement a si mauvaise réputation que, déserté depuis longtemps par les voyageurs, son simple nom est devenu synonyme d’épouvante dans la région. Mary y est accueillie par une tante terrorisée, soumise à un époux alcoolique et violent qui menace d’emblée la jeune fille, l’enjoignant à fermer les yeux et à tenir sa langue sur ce qui se passe certaines nuits à l’Auberge de la Jamaïque, lorsque de mystérieux visiteurs s’y donnent rendez-vous.





L’Auberge de la Jamaïque existe bel et bien : l’auteur y a séjourné en 1935 avant d’écrire ce livre, assurant à cet ancien relais de poste, bâti en 1750 et devenu un temps un notoire repaire de contrebandiers, une renommée qui en a fait un haut lieu touristique, classé monument historique. Et s’il y a bien une composante qui fait la force du récit imaginé par Daphne du Maurier, c’est l’ambiance qu’elle a su recréer autour de cette vieille bâtisse isolée, dressant ses hautes cheminées sur un paysage de maigres landes et de traîtres marécages. Tantôt étouffés d’épais brouillards propices à perdre les voyageurs, tantôt lacérés par des vents jouant à l’infini de leur sinistre registre de gémissements, de glapissements et de hurlements, parfois fugitivement tachés de l’ombre mouvante des nuages filtrant les pâles rayons du soleil, mais le plus souvent trempés par une sournoise pluie fine ou battus par des trombes glacées, ces lieux ne sont le rude habitat que de quelques moutons et chevaux sauvages, mais aussi d’une humanité éparpillée dans quelques pauvres fermes solitaires, à plusieurs lieues de toute agglomération.





Une telle sauvagerie est bien sûr le terreau idéal de toutes les croyances et superstitions. Mais les rumeurs effrayées qui pointent à mots couverts l’Auberge de la Jamaïque semblent d’emblée corroborées par la peur manifeste de la tante Patience et par la brutalité dangereuse du patibulaire et fruste Joss Merlyn. Piqué par le mystère et talonné par l’angoisse, l’on se retrouve dès lors happé par les péripéties dans lesquelles Mary se lance tête baissée, très loin d’anticiper les développements que le lecteur saura, pour sa part, assez facilement deviner bien avant le twist final. Et même si parfois un peu facile et prévisible, ce roman porté par un grand souffle d’aventure, un soupçon de féminisme, et surtout par l’atmosphère magnifiquement âpre de ce bout de terre rongé par la mer et râpé par le vent, refuge de bandits aptes à frapper les imaginations, nous emporte, séduits et frissonnants, dans une lecture captivante, qu’Alfred Hitchcock a d’ailleurs adaptée au cinéma.





Certes dans un registre très différent, ces pages m’en ont à plusieurs reprises évoqué d’autres, peignant aussi superbement la lande et ses âmes perdues, cette fois au coeur du Cotentin, avec Les trois vies de Babe Ozouf de Didier Decoin et L’ensorcelée de Jules Barbey d’Aurevilly. Trois belles lectures pour explorer ces terres mélancoliques, rudement situées entre ciel et mer souvent chagrins.


Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Rebecca

J’ai essayé de ralentir au maximum ma lecture tant j’ai été envoutée par l’écriture de Daphné du Maurier. Je remercie Mind The Gap de m’avoir ouvert les yeux sur cette romancière qui n’a pas son pareil pour nous tenir en haleine. Pourtant, je dois bien l’avouer, je partais avec un préjugé (complètement idiot, comme à chaque fois), pensant que ce devait être le genre de bouquin qui avait mal vieilli. Pas du tout ma brave dame ! Bon alors, de quoi parle ce roman ?



Nous sommes en Angleterre, au début du XXe siècle. Maximilien de Winter, veuf d’une quarantaine d’années, fait la connaissance, à Monte-Carlo, d’une demoiselle de compagnie, qui sera la narratrice. Cette dernière tombe amoureuse de ce charmant aristocrate, mais leur différence d’âge fait qu’elle n’ose y croire. Pourtant, lorsque la patronne de celle-ci, Mrs Van Hopper, décide de quitter ce quartier de Monaco, M. de Winter propose à la jeune employée de l’épouser et de vivre avec lui en Cornouailles. Elle accepte sans écouter les recommandations de Mrs Van Hopper. Mais lorsqu’elle arrive dans la grande propriété de son époux, Manderley, elle doit faire face à la terrible Mrs Danvers, la gouvernante, ainsi qu’à l’ombre de l’épouse décédée, Rebecca.



J’ai eu des frissons en lisant ce livre et je comprends à présent pourquoi Alfred Hitchcock s’en est inspiré. Nous sommes dans un pur thriller psychologique qui joue avec nos nerfs. Des livres comme celui-ci, j’en redemande !!!
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Rebecca

Emballons-nous : peut-être le roman le plus fascinant et le plus beau jamais écrit, à part les Hauts de Hurlevent.

A chaque relecture, à chaque âge de la relecture, une nouvelle vision, une nouvelle histoire, de nouveaux personnages. Ils mûrissent avec nous, notre regard change sur eux.

D'abord, une histoire d'amour improbable entre une jeune fille effacée et un beau et triste lord anglais(Maxim de Winter), veuf de Rebecca, la femme parfaite, plus belle que belle, la grâce incarnée, inoubliable. Comment l'égaler ? Et sa demeure, Manderley (en réalité celle de Max de Winter), comment y vivre, l'habiter, se tenir aux mêmes endroits que la splendide et défunte Lady ? Puits de détresse sans fond où s'abîme la nouvelle épouse. Rebecca est partout, elle l'obsède, elle la hante, elle se tient à ses côté, bien plus que son propre mari bien vivant, qui, au fur et à mesure des lectures, nous paraît de plus en plus trouble, étrangement absent, lui. Et si peu de paroles échangées. Comme s'il voulait, c'est ce qui me semble à présent, maintenir sa femme-enfant dans cette soumission.

Mais il ne faut pas trop en dire pour laisser la magie faire son oeuvre... Lisez-le, c'est une des plus belles choses écrites.

Et j'ajouterai, tabou chez les snobs, que l'adaptation d'Hitchkock, à part la scène où Mrs. Danvers fait visiter à la narratrice la chambre de Rebecca, est loin d'égaler le texte. D'abord parce que l'actrice minaude trop, qu'elle est trop belle, et qu'elle a un nom, ce qui n'est pas le cas dans le livre, et qui est fondamental. Ensuite parce que l'image fixe les caractères à leur superficie, et qu'on ne retrouve pas cette profondeur du texte qui les rend évolutifs. Enfin parce qu'il nous donne à voir ce qui devrait ne relever que de l'imaginaire, Manderley, ses couloirs, son espace qui séquestre, qui se tend et se distend, la plage, le bruit de la mer, les jours sombres. Et puis certaines scènes demandent de violentes couleurs. Et puis le début mythique, si beau "j'ai rêvé cette nuit que je revenais à Manderley..." évidemment, ce n'est possible que dans un roman. Donc rendons à César ce qui lui appartient : "Rebecca", ce n'est pas Hitchkock, c'est Daphné du Maurier.
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Rebecca

Un nouveau de coup de coeur !



J'ai été totalement conquise par ma lecture de Rebecca ! Quelle grande oeuvre, véritable merveille de la littérature...

Que dire de ce chef-d'oeuvre ? Mystère est le mot qui, selon moi, caractérise le mieux ce magnifique roman de Daphné du Maurier...Mystère par rapport à l'identité de la narratrice de cette histoire, jeune fille en vacances à Monte-Carlo avec Mrs Van Hopper qui doit s'occuper de son éducation, et, qui, finalement, va se retrouver la maîtresse de maison de Manderley ; mystère quant au comportement bizarre de Maxim de Winter, le nouveau mari de la jeune femme, veuf depuis peu ; le mystère est prédominant dans cette histoire alléchante où Rebecca, la défunte épouse, hante tous les habitants de Manderley...

Quelle magie ! J'ai été emportée par ce brillant récit, me retrouvant à la place de la jeune épouse intimidée, confrontée aux domestiques pas toujours sympathiques de la vaste demeure, à l'image de Mrs. Danvers, la gouvernante restée profondément attachée à Rebecca ; également confrontée à des doutes, des craintes, des humiliations ; et j'ai partagé avec elle tous les moments de son existence à Manderley, en tant que nouvelle Mme de Winter, jusqu'à la dernière page, où la paix est enfin trouvée...



Je n'ai rien d'autre à ajouter, à part que ce livre me marquera à jamais, majestueux roman qui nous permet, en même temps que l'héroïne, de nous remettre en question ; et qui devient désormais, bien évidemment, l'un de mes romans préférés...



A lire absolument !!
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L'Auberge de la Jamaïque

C'est un classique de ceux qui appartiennent à ces chefs d'œuvre dont on dit volontiers qu'on devrait les relire, même quand on ne les a jamais lus.

C'est donc fait, et je n'ai pas le souvenir d'avoir déjà parcouru cette histoire , qui, du fait de la période où se déroule l'intrigue mais aussi, et là c'est plus étonnant, par le style d'écriture , qui évoque Bronte ou Collins. Bien sûr, les lieux évoqués renforcent ces analogies.



On est dès les premières lignes dans l'ambiance : la pluie est glaciale, la route cahoteuse, il fait nuit. Les passagers qui subissent les accidents du chemin et l'humidité du véhicule ne sont pas à la fête. Même le cocher vit un enfer. Dans l'habitacle, une jeune femme vient de quitter son village natal, pour rejoindre sa tante dans une auberge . S'occuper d'une ferme seule, en Cornouailles au 19è siècle, même si l'on séjourne dans le village de son enfance, est trop difficile.



Mais son arrivée dans cette bâtisse lugubre, fuie et honnie par tous les habitants de la région, car l'on se doute qu'il s'y passe des choses pas très catholiques, lui laisse entrevoir des lendemains qui ne chantent pas. Sa tante est dans un état lamentable, sous l'emprise d'un homme alcoolique, et violent . Les activités qu'il pratique et qui ont lieu à la nuit tombée plongent Mary dans une terrible angoisse.

C'est peu à peu que les faits se révèlent, peu à peu élucidés par Mary. Le déroulement du récit évoque ainsi l'ambiance d'un thriller, même si ce terme n'existait pas lorsque Daphné du Maurier a publié le roman. Même si l'on finit par se douter du fin mot de l'histoire, le lecteur ne découvre le pot aux roses que dans les dernières pages.



Un bon point pour l'ambiance, habilement calquée sur les états d'âme de Mary. Les descriptions des paysages sont remarquables et on visualise sans difficulté les landes escarpées et les marécages embrumés.



Par contre la désuétude est manifeste dans les dialogues : on n'arrive pas à croire un seul instant qu'un être aussi rustre que l'aubergiste parle une langue aussi châtiée, même si on imagine que le vouvoiement et le passé simple soient une justice rendue à la langue anglaise.



Expérience très intéressante et très agréable, malgré la faiblesse des dialogues, largement rattrapée par le pouvoir d'évocation d'une ambiance qui n'est pas sans rappeler la lande bretonne, à la morte saison quand vent, brouillard et pluie noient les contours des paysages .
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La Maison sur le rivage

Sa femme et ses enfants devant l'y rejoindre sous peu, Richard est pour l'instant seul dans la très ancienne maison que son vieil ami Marcus Lane lui a prêtée pour l'été, à Kilmarth, dans les Cornouailles. Cet éminent professeur de biophysique à l'université de Londres l'a prié de tester discrètement une potion de son invention. Il s'agit d'une drogue hallucinogène capable de vous projeter dans le passé. D'abord réticent, Richard devient très vite de plus en plus impatient de renouveler l'expérience, qui le transporte, comme s'il y était mais invisible, en plein XIVe siècle dans ce même village. Mais, des complications ne tardent pas à survenir…





Sans doute davantage connue pour les ressorts gothiques et le suspense aussi bien psychologique que criminel de ses romans comme Rebecca, L'auberge de la Jamaïque et Ma cousine Rachel, Daphne du Maurier renouvelle ici l'un des thèmes les plus classiques du fantastique et de la science-fiction – le voyage dans le temps – en s'attachant tout particulièrement à la psychologie de son personnage principal. Car, Richard ne prend pas goût par hasard à ses excursions dans le passé. Evoquées avec une vérité résultant d'une vraie documentation historique – les faits et les personnages du Moyen Age sont inspirés de l'histoire véridique de la région – et du profond attachement de l'auteur pour l'endroit évoqué – elle vécut longtemps en Cornouailles, dont un temps à Kilmarth même –, les deux époques finissent d'autant mieux par se superposer, puis par se mélanger dans la tête de Richard, que sa vie contemporaine, en plein questionnement personnel et professionnel, lui est, sans qu'il ait le courage de se l'avouer, de plus en plus pesante.





Alors, d'abord expérience curieuse, cette échappatoire mentale offerte par la potion élaborée par son ami se fait de plus en plus addictive. Les hallucinations prennent toujours plus le pas sur la réalité présente. Comme un toxicomane, l'homme incapable d'affronter les décisions qu'il lui faudrait prendre dans sa vie s'évade toujours plus loin, toujours plus longtemps. du refus de la réalité au fantasme, puis à la folie, la glissade pourrait s'avérait dangereuse. A moins que… A force de refuser de choisir, il arrive que les décisions s'imposent d'elles-mêmes…





En grande prêtresse de la tension narrative, Daphne du Maurier nous emporte au bord du gouffre pour nous y laisser chanceler, à imaginer la chute à partir des indices savamment distribués. Et, tandis que, du fantastique à la folie, le voyage dans le temps s'avère une plongée dans l'esprit dérangé d'un homme en train de perdre mentalement pied, l'on se régale à se laisser confondre par ce texte si formidablement hallucinatoire dont l'étrangeté et le mystère laissent aisément percevoir pourquoi la romancière a tant inspiré Alfred Hitchcock.


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Rebecca

J'ai rêvé l'autre nuit que je lisais ce livre.

Cela faisait longtemps que je rôdais autour de ses pages.

Longtemps je me suis trouvé à la lisière de son récit, j'hésitais à en pousser les grilles, les énormes portes de ce monument. À chaque fois, j'avançais d'un pas et je reculais de deux. Je ne sais pas pourquoi.

D'où venait sinon ma peur, mon appréhension ?

Ce roman est tout simplement beau. Je le sais maintenant.

Beau, d'une beauté gothique, ténébreuse, vertigineuse...

Une beauté intemporelle.

Non, ce n'est pas une inconnue rencontrée dans une librairie qui m'a pris par la main pour me guider à tâtons vers les étagères où sommeillait ce livre. Je vous avoue l'avoir trouvé tout simplement dans une boîte à livres... Mais ces endroits appelés bêtement boîtes à livres, comme on parlerait de boîtes à chaussures ou de boîtes à tabac, sont en vérité de petites citadelles qui ressemblent à des îles où il est bon de venir s'échouer, qu'il faut ouvrir au grand jour, dépouiller sans cesse et nourrir avec satiété. Il arrive aussi qu'on n'y trouve que des livres neuneus... J'en connais une par exemple, c'est à croire qu'on lui a jeté un sort... Ce livre-là n'en est pas un, bien au contraire. Demain, j'en ferai autant, je le ramènerai à son chemin initial qu'il poursuivra vers d'autres mains, d'autres chavirements.

Elle, je voudrais l'appeler L. je ne sais pas pourquoi. Elle, c'est la narratrice. J'aurais voulu connaître son petit nom de baptême, j'aurais voulu être le seul à le connaître. Comme un secret qu'elle m'aurait confié rien qu'à moi, dans un rêve.

J'ai rêvé l'autre nuit qu'elle me révélait son prénom. Certains personnages continuent de vivre après les livres.

Elle s'approchait tout doucement de mon oreille, elle avait posé les mains formant le creux d'un coquillage dans lequel on s'apprête à chuchoter. Je vais t'avouer un secret : celle qui tremblait de peur en arrivant à Manderley, celle qui s'effrayait de la présence de Mrs. Danvers et de l'absence de Rebecca tout aussi présente que jamais, celle que tu découvres dans ces premières pages avait un prénom et un nom avant de s'appeler Mrs. de Winter ou plutôt avant qu'on dise d'elle la nouvelle Mrs. de Winter... Je m'appelle...

C'est alors qu'un volet claqua dans la nuit, je me réveillai, la belle s'enfuit. Je ne saurai jamais son prénom, ni son nom. Elle sera éternellement la nouvelle Mrs. de Winter, qui épousa là-bas sur la Côte d'Azur ce jeune veuf fringant et un peu énigmatique, Maxim de Winter, avant de regagner au bras de son époux la demeure de Manderley sur la côte nord-ouest de l'Angleterre...

C'est terrible d'avancer dans une histoire, sans avoir de nom, sans presque exister ainsi. Jusqu'à en perdre l'identité. D'être écrasée par l'autre, là-bas. D'être effacée par celle qui s'appelle, qui s'appelait, qui s'appellera toujours Rebecca.

Sur la jaquette du roman que j'ai encore sous les yeux, il y a Joan Fontaine dans le rôle de la nouvelle Mrs. de Winter, elle semble perdue entre désarroi et fatalité et Judith Anderson dans le rôle de la sombre et froide Mrs. Danvers penchée derrière elle, le regard menaçant. Une fenêtre donnant sans doute sur le vide les encadre... Je crois deviner à quelle scène du livre cette image se rapporte... J'en ai encore des frissons rien que d'y penser.

Ah ! Comme j'aimais cette actrice hitchcockienne, pour moi ma préférée parmi toutes celles que le grand maître du suspens avait invité dans la lumière des projecteurs. Ma mère sur des photos où elle était jeune ressemblait à Joan Fontaine. Ma mère avait toujours un sourire un peu figé sur les photos, avec cette lèvre légèrement retroussée qui lui donnait à la fois un air inquiet et désinvolte. Elle n'avait que neuf ans de moins que Joan Fontaine...

J'ai rêvé l'autre nuit que ma mère tournait dans un film d'Hitchcock. Non, je déconne... Je ne l'ai pas rêvé. Mais j'aurais très bien pu le rêver... du moins, j'aurais tant voulu le rêver... Et puis après tout, à quoi cela aurait-il servi de le rêver ?

J'ai imaginé qu'en franchissant les grilles de Manderley, elle avait aussi ce même sourire figé, elle.

Celle qui arrive fraîchement mariée à Maxim de Winter dans l'immense demeure de Manderley n'a rien de commun avec tout ce qui s'est passé dans ces lieux avant elle. Je l'ai ressenti déjà en la précédant sur les lieux, mais je voulais lui garder la surprise...

Je l'ai suivie dans les allées sombres du parc, je l'ai suivie découvrant les rhododendrons, la roseraie, le reste du jardin où sans doute venaient le soir les libellules et les lucioles dans des vols insolites, je l'ai suivie jusqu'à cette autre aile de la demeure qui restait comme un lieu secret, un lieu interdit, dominant la mer, le vide, si proche du vertige... Plus tard je l'ai suivie encore descendant vers la petite crique en contrebas...

Je m'imprégnais de chaque lieu comme elle, j'avais envie de lui prendre la main, de lui dire de faire attention à ne pas trébucher...

Pourtant, j'ai aimé aussi ce brouillard blanc empli d'une odeur de sel et d'algues, comme ici près de chez moi...

Jamais livre ne m'avait ainsi obsédé avec autant d'entêtement.

Je voyais bien que la force narrative de Daphné du Maurier était de m'entraîner dans les dédales de ce livre comme on jette quelqu'un dans le labyrinthe d'une maison, puis qu'on verrouille à double-tour en prenant soin de jeter la clef au fond du puits.

Rebecca, c'est une splendide construction aussi imposante, aussi solide qu'une demeure.

Il est des livres qui ressemblent aux demeures qui les habitent.

Je m'étais posé devant ce vieux secrétaire au style victorien, dans ce bureau de l'aile ouest de la maison, là où il ne fallait pas mettre les pieds. Mais au moins, j'étais tranquille, personne ne viendrait me déranger...

Je pensais à Rebecca. Comment une femme qui avait disparu pouvait autant habiter, incarner ce lieu ? Ce livre ? On sentait sa présence, son ombre, sa respiration à chaque couloir, à chaque page. C'est peut-être là que réside la force littéraire de Rébecca, dans cette évocation.

Rebecca avait le don de gagner la sympathie des gens.

Rebecca omniprésente.

Rebecca qui n'avait peur de rien.

Rebecca qui prenait possession du lieu, du monde, du coeur des gens. Jusqu'où fallait-il craindre Rebecca ?

Rebecca, qui serait là toujours présente dans cette maison tant que cette maison serait debout.

Rebecca qui ne vieillirait jamais, qui resterait éternellement jeune.

Daphné du Maurier a réussi à nous tenir en haleine avec un personnage féminin qui n'est plus là, ou plutôt, si, elle est là tout le temps- là.

Il y avait toujours Mrs. de Winter ceci, Mrs. de Winter cela...

Elle, la nouvelle Mrs. de Winter, on l'examine de la tête aux pieds. Les gens la regardent sur toutes les coutures, d'un oeil soupçonneux la comparant inévitablement à Rebecca.

Et si Rebecca n'avait rien à voir avec l'image parfaite qu'elle renvoyait ? Après tout...

Tandis que la nouvelle Mrs. de Winter n'avait à opposer elle que bonté, timidité, sincérité. Je le savais.

Les fantômes ont la peau dure. C'est fou, ces fantômes qui n'existent que par la volonté diabolique des seuls vivants !

Daphné du Maurier avait réussi ce coup de génie de la faire être sans cesse présente, plus que tout autre personnage.

J'étais là à me battre avec ma chronique sur des feuilles de brouillon éparpillées que j'avais couvertes de lignes, quand tout d'un coup il y eut un courant d'air. La fenêtre s'ouvrit avec violence faisant entendre le rugissement de la mer. La porte du bureau était grande ouverte et elle se tenait là sombre et droite dans sa stature figée et glaçante, Mrs. Danvers. Elle s'avança vers moi d'un air menaçant.

Qu'est-ce que vous écrivez là ? Vous parlez de Rebecca, c'est cela ? Vous êtes en train de dire du mal d'elle ? Vous n'avez de pensées respectueuses que pour l'autre là-bas, l'insignifiante, celle qui devrait repartir d'ici au plus vite, ça se voit sur votre visage. Elle s'était approchée de moi, du secrétaire, voulait s'emparer des feuilles, il y eut un autre courant d'air et les feuilles s'envolèrent par la fenêtre. Me penchant à travers celle-ci, je les voyais partir dans le vent, elles allèrent vers les rhododendrons. Je descendis aussitôt les escaliers, je courus dehors. Je voyais les feuilles voler parmi les libellules et les lucioles du soir et je me disais qu'il y avait comme une grâce dans ce mouvement. Mais brusquement une pluie venue de nulle part se déversa sur le paysage comme un seau d'eau, effaçant les libellules, les lucioles, l'encre sur les feuilles... C'en était fini de ma critique, tandis que derrière la fenêtre du salon je voyais le visage narquois de Mrs. Danvers savourer sa victoire...

La paix à Manderley reviendrait-elle un jour ?

J'ai rêvé l'autre nuit que je retrouvais les pages de ma critique.

Puis les mots sont revenus, il suffisait de fermer les yeux. Attendre que le coeur s'apaise après cette lecture envoûtante.

Que dire de plus ? Que j'ai été conquis par cette incroyable construction, un subtil édifice romanesque d'une structure classique, associant avec grâce et habileté un récit sentimental, un thriller haletant, dans une atmosphère jouant sans cesse avec l'étrangeté comme au bord d'un royaume mi réel, mi-rêvé, entre les vivants et les morts.

Rebecca, c'est un puzzle qui se construit pièce par pièce.

La belle mécanique est si parfaitement huilée qu'on ne s'attend jamais à voir surgir l'instant où le récit va basculer de l'autre côté de l'histoire et nous happer dans sa nasse, nous rincer comme un bateau pris dans les tenailles d'une tempête et nous rejeter harassé sur le bord du rivage...

J'ai rêvé l'autre nuit que je retournais à ce livre.

Il est des romans qui vous habitent à jamais comme des maisons.

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Rebecca

"J’ai rêvé l’autre nuit que je retournais à Manderley. J’étais debout près de la grille devant la grande allée, mais l’entrée m’était interdite, la grille fermée par une chaîne et un cadenas. J’appelai le concierge et personne ne répondit [...]."



Quel plaisir d’avoir enfin découvert ce roman ! Et quel roman ! Rebecca de Daphné du Maurier. Bien sûr, je connaissais l’adaptation d’Hitchcock mais je l’avais vu il y a si longtemps que j’en avais oublié quelques moments clés. Ma lecture n’en a été que plus agréable et surprenante.



La narratrice de l’histoire est dame de compagnie d’une vieille dame aisée. C’est dans le Sud de la France, où elles sont en villégiature, qu’elle va faire la connaissance de Maxim de Winter. L’homme, veuf depuis moins d’une année, va tomber sous le charme de cette jeune fille pourtant bien effacée. Tellement effacée, pour ne pas dire insignifiante, que Daphné du Maurier ne nous livre même pas son prénom. C’est de Rebecca qu’il s’agit et de personne d’autre.



Après un mariage un peu précipité et une lune de miel en Europe, l’heure est venue pour le jeune couple de rentrer enfin à Manderley, la splendide demeure de la famille de Winter. Mais Manderley a longtemps été l’écrin dont Rebecca était le bijou. Et désormais, le manoir semble davantage un mausolée, un temple à la mémoire de la disparue. La nouvelle Madame de Winter va avoir du mal à trouver ses marques tant l’ombre de Rebecca est omniprésente. Mrs Danvers, une femme glaciale, gouvernante de Manderley, et proche confidente de Rebecca y veille. Jalousement. Férocement. L’inquiétante Mrs Danvers. Mrs Danvers, fidèle par-delà la mort. A ses yeux, personne n’est digne de prendre la place de Rebecca.



"J'aurais pu lutter contre une vivante, non contre une morte."



La splendide Rebecca, la chatoyante Rebecca, l’irremplaçable Rebecca. Celle que tout le monde semblait apprécier. Celle à qui toutes les femmes voulaient ressembler. Celle que tous les hommes rêvaient de séduire. Rebecca, une femme magnétique, une femme unique. Rebecca encore. Rebecca toujours. Je serai d’ailleurs bien curieux de savoir combien de fois son nom est cité dans le roman. Si quelqu’un à la réponse !



Du haut de son promontoire rocheux, sous ses allures de château de la Belle au bois dormant, Manderley a de bien sombres secrets à révéler derrière sa multitude de couloirs et de salles plus impressionnantes les unes que les autres. Ne vous laissez pas attendrir par la magie qui s’en dégage, par l’odeur enivrante des bouquets de fleurs qui embellissent ses pièces, ni par les massifs d’azalées rouge sang qui bordent les allées de ses jardins…



Une lecture enthousiasmante portée par l’écriture totalement addictive de Daphné du Maurier. Impossible de lâcher cette histoire ! On a envie de découvrir tout ce que cachent les murs de Manderley. On a envie de tout savoir sur la défunte Madame de Winter. On voudrait secouer la nouvelle Madame de Winter et lui hurler « Mais tu vas réagir, bécasse !!! ». Quand à mi-parcours une révélation renforce encore notre intérêt et change la donne, le plaisir n’en est que bien meilleur…



Empruntez le chemin sinueux qui descend jusqu’à la crique à l’abri des regards. Là-bas, une maisonnette, près du petit port, pourrait vous aider à découvrir quelques-uns des troublants secrets de Rebecca…


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Ma cousine Rachel

Commencé à l'adolescence ( suite au coup de coeur Rebecca) , puis abandonné pour cause d'incompatibilité , j'ai enfin découvert Ma Cousine Rachel et compris pourquoi ça n'avait pas "matché" entre nous la première fois ...

♫ A cause des garçons ♫ ...

Dans la Cornouailles du XIX ième siècle, Phlip a grandi auprès de son cousin Ambroise qui a remplacé ses parents décédés. Lorsque ce dernier part en Italie soigner ses rhumatismes, c'est contraint et forcé que Philip reste en Angleterre pour surveiller le domaine. Contre toute attente, Philip , qui fuyait plutôt toute compagnie féminine se marie là-bas. Mais très vite, des lettres inquiétantes arrivent au domaine, la nouvelle épouse serait en train de l'empoisonner lentement. Philip se rend aussitôt en Italie, mais Ambroise est mort.

Philip rentre en Angleterre, et la cousine Rachel aussi ...

Rarement, livre ne m'a inspiré autant l'envie de faire partie d'un club de lecture afin de pouvoir disséquer à loisir , psychologie des personnages ...

Alors qui est Rachel ? Une meurtrière machiavélique ? Une femme attentionnée adorée par les voisins, amis, et le personnel ? Une femme manipulée ? Une malchanceuse ? ...Oui, qui est Rachel ?

Et bien, à la fin du roman, j'avais des doutes et les affres de la création tellement qu'elle est forte la Daphné !

Une construction impeccable, un style gothique (avec lequel j'ai du mal parfois) , une ambiance sourde et inquiétante et l' on comprend pourquoi ce roman a inspiré les cinéastes..

Tout est parfait dans ce roman, sauf qu'entre le personnage de Philip et moi, ça ne l'a pas fait, parce que dans le genre crétin, naïf, il pousse parfois le bouchon un peu loin, ce garçon . Bien-sûr, il faut remettre tout ça dans le contexte de l'époque, Philip ayant grandi sans présence féminine, au fin fond de la Cornouailles,du XIX ième, je comprend qu'il soit fasciné par Rachel au point d'en perdre son latin. Mais même en sachant tout ça, ce personnage m'a agacée... et je m'en suis voulue d'être moins enthousiaste que pour le divin Rebecca.

Et à la fin de ma lecture j'ai rêvé que je retournais à Manderley....





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Rebecca

Manderley... Ce magnifique manoir anglais est l'œuvre de Rebecca de Winter, une femme du monde que tout le monde idolâtre. Mais si chacun se vante d'assister aux fêtes et aux bals, personne ne sait vraiment ce qui se passe dans le silence des chambres et des petis salons. C'est à la suite du décès tragique de Rebecca que la seconde épouse de Max de Winter va découvrir de nombreux secrets. Mais ça ne sera pas sans y perdre de sa naïveté...

Une grand roman que cet ouvrage de Daphné du Maurier !! On s'y installe doucement, les 300 premières pages étant plutôt lentes et descriptives, mais on s'attache aux personnages et on sent bien qu'il y a un mystère terrifiant et qu'il pourrait bien faire basculer l'histoire. C'est rien de le dire !!!

Mais je vous laisse découvrir par vous même si Manderley n'est pas autre chose qu'un simple manoir, un refuge pour quelques ombres sombres peut être...
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L'Auberge de la Jamaïque

Mystère, secret, glauque, poésie, ambiance, voici les pensées qui me viennent à l’évocation de ce roman, glauque, assurément, lugubre certes, mais tellement beau ! Tellement mystérieuse, cette lande des Cornouailles qui rappellent les récits au coin du feu, ou en groupes, récits dont le but était de capter l’attention de l’auditoire, et d’éveiller des sensations de peur, de produire quelque frisson et d’attiser la curiosité.



Si tel était l’objectif de Daphné du Maurier, je dois avouer que son but fut atteint en ce qui me concerne ! J’ai adoré ! Adoré l’ambiance et les descriptions de cette lande qui m’a toujours attirée, me suis délectée de l’écriture poétique de l’auteure qui par la pensée, nous offre une représentation de la lande digne des impressionnistes, choisissant ses mots comme si elle observait une palette de coloris auxquels elle mêle des élément naturels : vent, pluie, nuages et brume comme si tout était tristesse et mélancolie, que l’on évolue sur cette côte de Cornouaille ou que l’on pénètre dans le mental des personnages.



Daphné du Maurier a vraiment su jongler avec la psychologie de ses acteurs : Personnages au tempérament fort, forgés dans ce milieu hostile, avec pour contraste la faiblesse de la tante Patience, et une héroïne déterminée et combattive quoique jeune et sans expérience, ce qui lui jouera des tours, personnages révélateurs de la misère et des aptitudes à la nuisance de certains êtres humains, personnages qui travaillent dans l’ombre, gardant leurs secrets dans un texte qui ne fait que générer impatience et questionnement du lecteur.



Un très beau roman que je suis heureuse d’avoir enfin lu.
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