Dave Gibbons

De tous les genres littéraires, il est frappant de constater que la science-fiction, qui célèbre l'avenir et le progrès, soit celui qui vieillisse le plus mal. On pourrait le résumer par cette formule : les futurs de jadis. Toutes nos visions sont teintées par la réalité de ce qui nous entoure et colorées par nos réflexes conditionnés ainsi que nos expériences.

De mon point de vue, les comic-books, par leur nature propre, favorisent les personnages plus grands que nature, les sentiments exacerbés et une narration accélérée. Poussez cela à l’extrême et qu'obtiendrez-vous ? Un "Choc des Titans", sans fausse note.

Jonathan Ives et ses collègues d'Apple son à l'évidence des génies du design, pourtant les gadgets chaotiques du savant fou ou du garçon inventeur me manquent.

Bien que la science-fiction, je le crois, permette de nous adapter aux nouveautés et aux changements d'une manière quasi évolutionniste, elle se trompe aussi souvent qu'elle tombe juste.

[commissaire Gordon] Bien, Kandowski, récapitulons. Un tueur invisible armé d'un arsenal que même les gars du labo n'ont jamais vu, arrache des parties de cadavres pour s'en faire des trophées...Si c'est ça la vendetta d'un gang, c'est au-dessus des moyens de Brodin. A moins qu'il ait embauché son tueur à gage sur la planète X...

(Lex Luthor s'adresse au Dr Psycho. Avec quelques autres ils essaient de regrouper les vilains en Société)
Te rends-tu compte, docteur, que plus d'un tiers des recrues les plus prometteuses pour ce que nous essayons d'accomplir ont parfois des réactions agressives, voire psychotiques, envers tout représentant de l'autorité?
Comment réagiront-elles si nous devenons cette autorité?

(Vilains United #4)

Kyle Rayner (membre des Green Lantern): Marrant... le gamin que j'étais n'aurait jamais imaginé qu'un jour il volerait parmi les étoiles... il foulerait le sol de leurs planètes... et rencontrerait les indigènes locaux...
Euh... Désolé Kilowog
Kilowog: T'inquiète poseur. On est tous l'indigène de quelqu'un.

(Rann-Thanagar War #1)

[à propos d'Alex Raymond] Sa fin si précoce est une tragédie. Nous ne pouvons que spéculer où cette évolution artistique les aurait finalement conduits, lui et le milieu de la bande dessinée.
Malheureusement, mais de manière appropriée, c'est un autre de ces futurs qui n'eurent jamais lieu. Cependant, nous pouvons être sûrs d'une chose : c'est un futur qui aurait été tout sauf terne et ennuyeux.

[Predator] Femme ?
[Kandowski] Oui, mais sur ma planète, les femmes aussi peuvent faire mal !

(Le Dr Psycho est dans un avion destination Métropolis, assis à côté d'un gamin et sa mère)

Oui... Quel charmant petit garçon.
Je me demande comment il va mourir.
Il y a la route déjà. La principale cause de mortalité chez les jeunes de 5 à 27 ans.
La drogue... Vous avez pensé à la drogue? La banlieue pavillonnaire ne vous protègera pas.
Ah! Et les armes à feu! Sans parler des maladies... Comme c'est amusant d'imaginer toutes ces possibilités. Tout ce qui pourrait l'envoyer entre quatre planches, pour nourrir les vers!

(Action Comics #830)

Bien sûr, personne ne peut vraiment prédire l'avenir, et on peut soutenir l'idée que la réalité technologique actuelle est plus terne et moins excitante que la vision d'un artiste. Le futurisme de jadis, fait de cadrans, de pistions, de tubes à vides et autres arcs électriques, possède un charme inimitable. Les écrans tactiles modernes et les puces électroniques sont des merveilles d'élégance, mais en sont guère excitants, à vrai dire.

Gordon : Pourquoi vous avez fait cela ?
Batman : Je n’en suis pas sûr… mais je crois que je commence à comprendre les règles.

2008 : notre pays est en guerre contre quarante nations étrangères... et contre lui-même. Les coupes budgétaires contraignent les autorités à fermer les prisons et les hôpitaux psychiatriques déversant dans la rue une pauvreté et une violence inouïes.
Le président Erwin Rexall, face à la menace d'une défaite au bout de quatre mandats, décrète la loi martiale. Le congrès accorde au chirurgien-général l'autorité de mener sa "guerre contre la maladie".
La police sanitaire soutient la force de la paix dans l'effort de pacification urbaine. Pendent un temps, la rue retrouve le calme.
Puis surviennent les émeutes... et les combats. Les autorités sont contraintes d'abandonner des quartiers entiers à des factions militantes.
5 mai 2009 : une bombe réduit la maison blanche à l'état de coquille calcinée. Soixante-sept groupes révolutionnaires distincts revendiquent cette atrocité. Grièvement brûlé, le président Rexall tombe dans le coma. Qui le remplacera ?

[Le kiosquier] : Même avec la guerre, les gens se chamaillent ! Voilà ce qui ne va pas dans le monde : aucune raison d'être sympa. On essaye d'aider et les ennuis s'amènent... alors quel profit on en retire ?