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Critiques de David Aja (23)
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Semences

En prise directe sur l'inconscient collectif

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Ce tome contient une histoire complète, indépendante de toute autre. Il regroupe les 4 épisodes de la minisérie, dont les deux premiers sont initialement parus en 2018, écrits par Ann Nocenti, dessinés, encrés et mis en couleurs par David Aja qui a également réalisé le lettrage. C'est la première fois que les épisodes 3 & 4 sont publiés.



Elle est en train de me quitter. C'était une bonne fille, une bosseuse. On ne peut pas contrôler les filles sauvages et peut-être en attendais-tu trop d'elle. Astra est une journaliste : elle est train de prendre des photographies du mur de séparation entre la zone où elle habite, et la zone B dans laquelle les gens vivent sans technologie de communication. Elle pense au premier commandement du journalisme : il y a toujours deux facettes à chaque histoire. Elle estime qu'une approche plus juste serait de dire une cinquantaine de facettes. Elle voit un monsieur en train de regarder des photographies accrochées au mur : il explique qu'elle ne l'a pas quitté, mais qu'elle est partie pour sortir de ce monde pourri où elle était en train de devenir aveugle à forcer de travailler à regarder des écrans. Une enfant assise sur la bordure de trottoir, avec un masque à gaz sur le visage, indique que son père a fait le mur parce qu'il en avait assez de vivre dans l'ombre des gratte-ciels, dans l'ombre des nantis. Une autre jeune femme indique que son idiot de mari est passé de l'autre côté, comme un abruti parce qu'il n'est pas possible de revenir en arrière.



Astra continue de prendre quelques photographies, puis elle les envoie à son journal Scoop Weekly, et se décide à rentrer car un message diffusé par haut-parleur annonce une neige acide. Dans une chambre d'hôtel à bas prix, un homme avec un masque à gaz intégral regarde une femme nue se lever du lit. Elle a un gros idéogramme tatoué dans le dos et elle rattache son soutien-gorge. Elle se rend aux toilettes en s'appuyant lourdement sur ses deux cannes anglaises. Ils papotent. Lola demande à Race pourquoi il la quitte s'il l'aime : il doit récolter des graines. Il remarque que ses doigts tremblent. Elle s'est rhabillée et installée sur son fauteuil roulant. Elle lui demande s'il veut son numéro de téléphone portable. Il répond qu'il n'a pas de téléphone et qu'ils ne fonctionnent pas là où il va. Elle en déduit qu'il se rend de l'autre côté du mur, et lui souhaite bonne chance avec ça. Astra est arrivé dans les bureaux du journal, et elle se rend dans celui de Gabrielle la rédactrice en cheffe. Cette dernière lui indique que son histoire de famille brisée par le passage de l'autre côté du mur est ennuyeuse. Astra répond que cette histoire Club Death sent l'intox. Pour Gabrielle peu importe : si elle peut annoncer qu'il existe une drogue qui permet de voir sa mort, alors les lecteurs achèteront quoi qu'il en soit. Il suffit parfois de publier une histoire pour que les gens lui apportent de la réalité : une histoire inventée de toute pièce devient un mythe, et le mythe devient réalité. Gabrielle a besoin d'un scoop et vite.



En fonction de sa culture comics, le lecteur peut être attiré par cette histoire soit pour Ann Nocenti, scénariste d'épisodes inoubliables de Daredevil dessinés par John Romita junior et Al Williamson, de la série Kid Eternity avec Sean Phillips, de la série Ruby Falls avec Flavia Biondi, soit pour David Aja, dessinateur de la série Hawkeye de Matt Fraction, ou encore parce que ce récit est supervisé par Karen Berger. Il peut aussi être attiré par les pages après avoir feuilleter le tome, ou simplement par le texte de la quatrième de couverture, pourtant assez cryptique. De fait, la dynamique de la série est rapidement installée : un futur très proche, une ville séparée en deux avec une zone sans technologie informatique, la présence probable (mais pas certaines) d'extraterrestres, une journaliste qui doit rapporter un scoop, une prostituée en fauteuil roulant, un (peut-être) extraterrestre amoureux, sans oublier les abeilles et les graines. Oui, il y a bien une intrigue : l'enquête d'Astra sur les potentiels extraterrestres. Oui, l'intrigue est menée à son terme avec une résolution en bonne et due forme.



La scénariste sait insuffler une personnalité dans chaque protagoniste, par le biais de petites touches, à la fois leurs réactions, à la fois quelques brèves réflexions dans des cartouches. La narration visuelle s'avère effectivement très séduisante. L'artiste a choisi d'utiliser une seule couleur : un vert de gris. Il s'en sert aussi bien pour ajouter des précisions sur les sources de lumières, renforçant ainsi l'ombrage, que pour faire apparaître des éléments non délimités par un trait encré, ou encore pour créer une zone de contraste accentuant l'effet de profondeur. Aja renforce de petites zones colorées en vert par l'équivalent d'une trame de points, renforçant l'impression d'ombre, dans un degré entre le noir complet, et le simple vert. Du coup en première impression, les pages dégagent une ambiance un peu chargée, et un peu pesante, vaguement déprimante. Du côté avec la technologie, ce n'est pas la joie. Dans la deuxième page, le lecteur découvre un haut mur avec des barbelés au sommet, un véhicule militaire blindé, la silhouette de deux soldats en train de patrouiller avec casque, gilet pare-balle et arme automatique. Il y a des graffitis sur le mur. Les murs de la chambre d'hôtel donnent l'impression d'un revêtement craquelé et moisi par endroit, avec également quelques tags. Il en va de même pour ceux de la salle de bain. La salle de rédaction de Scoop Weekly est plus propre, mais plongée dans une pénombre laissant supposer que certains éléments ont commencé à être gagnés par l'usure. Il en va de même pour le court passage dans la boîte de nuit, et dans la ruelle à l'arrière. Le dessinateur a l'art et la manière pour laisser supposer que ce milieu urbain n'est plus de première jeunesse. Cela devient explicite en passant dans la zone B de l'autre côté du mur avec des bâtiments décrépits, des déchets, des gravats.



L'artiste accentue encore cette sensation de malaise, ou plutôt de mal-être latent avec une maîtrise extraordinaire du niveau de détails, et avec la densité des zones de noir. À la simple lecture, les dessins donnent l'impression générale d'une photographie dont les contours auraient été simplifiés en augmentant les contrastes pour obtenir des traits un peu plus épais, et des surfaces intérieures dépourvues d'aspérité. Mais quand il laisse son regard s'attarder sur une case ou une autre, le lecteur prend conscience que l'artiste a su gommer les détails superficiels, donnant l'impression d'une grande précision, tout en allégeant la représentation, puis en passant en mode impressionniste avec la couleur et les trames. Cela conserve tout le naturel des personnages, tout en empêchant de les regarder avec insistance, comme si on les dévisageait longuement. Les pages combinent une apparence très claire, avec une impossibilité de saisir les menus détails, des cases ouvertes sur les paysages, avec une vision très cadrée dans des pages découpées sur une base de 9 cases de la même dimension, en 3 cases pour chacune des 3 bandes. Cette forme renforce la bizarrerie de certaines cases : une femme uniquement vêtue d'un soutien-gorge allant aux toilettes avec des cannes anglaises, un monsieur tout nu assis sur un fauteuil avec un masque à gaz lui couvrant le visage, un fusil dans la main gauche, pointé à la verticale, des agneaux dans un enclos, des porcs dans un autre, un squelette dans une combinaison d'astronaute dans un module s'étant écrasé sur une planète, etc. Sans oublier le motif géométrique récurrent de l'hexagone régulier.



Il est possible que le lecteur finisse par se demander si l'assemblage de tous ces éléments hétéroclites a bien un sens. Finalement quel sens donner à la prolifération des abeilles ? Pourquoi des (peut-être) extraterrestres avec insémination de femmes et trépanation ? Et puis cette zone sans technologie de communication informatique ? Dans le même temps, cela provoque un ressenti déstabilisant, avec un peu de fin du monde (mais ce n'est pas sûr) des comportements bizarres, mais adaptés à l'environnement et à l'état de la société, des rapprochements saugrenus (par le biais du leitmotiv des hexagones), provoquant des résonnances avec le monde contemporain, et des artefacts culturels des quatre décennies passées. Ce n'est pas une écriture de type automatique, mais il y a une composante proche de l'onirisme. Le lecteur peut être tenté de relever ces éléments presque superflus : la réflexion sur l'éthique du journalisme et les prophéties auto-réalisatrices, la neige acide qui renvoie à la pluie acide, le mur séparant la ville évoquant celui de Berlin avant 09 novembre 1989,la prolifération des abeilles à une époque où on craint leur disparition, l'éventualité de coloniser d'autres planètes mais réservée aux riches, la peur de la technologie informatique, le passage d'avions dans le ciel pouvant épandre toutes sortes de produits chimiques à l'insu de la population, et bien sûr les théories du complot telle que la présence d'extraterrestres sur Terre. Sous cet angle, cette bande dessinée renvoie le lecteur à un mélange d'informations et de rumeurs sensationnelles composant le bruit de fond de sa vie, ou en tout cas de celle de la scénariste. Une mythologie diffuse, invérifiable, dépassant l'individu, échappant à l'expérience directe, mais avec des effets très concrets au quotidien.



En découvrant cette histoire, le lecteur espère bien qu'il s’agit d'une œuvre d'auteurs : il n'est pas déçu. Ann Nocenti raconte bien une histoire avec une intrigue, mais avant tout elle évoque une forme de mythologie du quotidien mêlant réalisations technologiques rendues possibles par une science inaccessible au commun des mortels, et rumeurs aussi improbables que séduisantes. David Aja parvient à donner corps à ces ressentis avec des dessins combinant extraordinairement une précision palpable, avec une liberté onirique, dans une mise en page rigide qui offre une grande liberté de mouvements, et une des environnements très ouverts.
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Hawkeye, tome 4 : Rio Bravo

J’ai aimé le graphisme au trait lourd, aux couleurs de gris, de bleus et d’ocres intenses, j’ai aimé l’ambiance lourde. Mais je n’ai pas aimé l’histoire, il faut avoir les codes, et vraisemblablement je ne les possède pas. Des scènes de baston bien réalisées, une histoire de relation entre frères, et une histoire de spoliation de bâtiments, d’affaires compliquées, avec des dialogues évasifs, non, en fait, le problème, c’est les textes, chargés de sous-entendus, quelques mots sans phrases, à nous de faire le lien, ça crée une ambiance, mais disons-le franchement, je n’ai rien compris, à part qu’à la fin c’est les bons qui gagnent et ça ne m’a pas donné envie de faire l’effort, ni d'en connaître plus. Non, vraiment, ce n’est pas pour moi, trop private joke, j'ai eu l’impression que je n’étais pas légitime en tant que lecteur de cette aventure, je trouve cette sensation très désagréable.
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Semences

Ce tome contient une histoire complète, indépendante de toute autre. Il regroupe les 4 épisodes de la minisérie, dont les deux premiers sont initialement parus en 2018, écrits par Ann Nocenti, dessinés, encrés et mis en couleurs par David Aja qui a également réalisé le lettrage. C'est la première fois que les épisodes 3 & 4 sont publiés.



Elle est en train de me quitter. C'était une bonne fille, une bosseuse. On ne peut pas contrôler les filles sauvages et peut-être en attendais-tu trop d'elle. Astra est une journaliste : elle est train de prendre des photographies du mur de séparation entre la zone où elle habite, et la zone B dans laquelle les gens vivent sans technologie de communication. Elle pense au premier commandement du journalisme : il y a toujours deux facettes à chaque histoire. Elle estime qu'une approche plus juste serait de dire une cinquantaine de facettes. Elle voit un monsieur en train de regarder des photographies accrochées au mur : il explique qu'elle ne l'a pas quitté, mais qu'elle est partie pour sortir de ce monde pourri où elle était en train de devenir aveugle à forcer de travailler à regarder des écrans. Une enfant assise sur la bordure de trottoir, avec un masque à gaz sur le visage, indique que son père a fait le mur parce qu'il en avait assez de vivre dans l'ombre des gratte-ciels, dans l'ombre des nantis. Une autre jeune femme indique que son idiot de mari est passé de l'autre côté, comme un abruti parce qu'il n'est pas possible de revenir en arrière.



Astra continue de prendre quelques photographies, puis elle les envoie à son journal Scoop Weekly, et se décide à rentrer car un message diffusé par haut-parleur annonce une neige acide. Dans une chambre d'hôtel à bas prix, un homme avec un masque à gaz intégral regarde une femme nue se lever du lit. Elle a un gros idéogramme tatoué dans le dos et elle rattache son soutien-gorge. Elle se rend aux toilettes en s'appuyant lourdement sur ses deux cannes anglaises. Ils papotent. Lola demande à Race pourquoi il la quitte s'il l'aime : il doit récolter des graines. Il remarque que ses doigts tremblent. Elle s'est rhabillée et installée sur son fauteuil roulant. Elle lui demande s'il veut son numéro de téléphone portable. Il répond qu'il n'a pas de téléphone et qu'ils ne fonctionnent pas là où il va. Elle en déduit qu'il se rend de l'autre côté du mur, et lui souhaite bonne chance avec ça. Astra est arrivé dans les bureaux du journal, et elle se rend dans celui de Gabrielle la rédactrice en cheffe. Cette dernière lui indique que son histoire de famille brisée par le passage de l'autre côté du mur est ennuyeuse. Astra répond que cette histoire Club Death sent l'intox. Pour Gabrielle peu importe : si elle peut annoncer qu'il existe une drogue qui permet de voir sa mort, alors les lecteurs achèteront quoi qu'il en soit. Il suffit parfois de publier une histoire pour que les gens lui apportent de la réalité : une histoire inventée de toute pièce devient un mythe, et le mythe devient réalité. Gabrielle a besoin d'un scoop et vite.



En fonction de sa culture comics, le lecteur peut être attiré par cette histoire soit pour Ann Nocenti, scénariste d'épisodes inoubliables de Daredevil dessinés par John Romita junior et Al Williamson, de la série Kid Eternity avec Sean Phillips, de la série Ruby Falls avec Flavia Biondi, soit pour David Aja, dessinateur de la série Hawkeye de Matt Fraction, ou encore parce que ce récit est supervisé par Karen Berger. Il peut aussi être attiré par les pages après avoir feuilleter le tome, ou simplement par le texte de la quatrième de couverture, pourtant assez cryptique. De fait, la dynamique de la série est rapidement installée : un futur très proche, une ville séparée en deux avec une zone sans technologie informatique, la présence probable (mais pas certaines) d'extraterrestres, une journaliste qui doit rapporter un scoop, une prostituée en fauteuil roulant, un (peut-être) extraterrestre amoureux, sans oublier les abeilles et les graines. Oui, il y a bien une intrigue : l'enquête d'Astra sur les potentiels extraterrestres. Oui, l'intrigue est menée à son terme avec une résolution en bonne et due forme.



La scénariste sait insuffler une personnalité dans chaque protagoniste, par le biais de petites touches, à la fois leurs réactions, à la fois quelques brèves réflexions dans des cartouches. La narration visuelle s'avère effectivement très séduisante. L'artiste a choisi d'utiliser une seule couleur : un vert de gris. Il s'en sert aussi bien pour ajouter des précisions sur les sources de lumières, renforçant ainsi l'ombrage, que pour faire apparaître des éléments non délimités par un trait encré, ou encore pour créer une zone de contraste accentuant l'effet de profondeur. Aja renforce de petites zones colorées en vert par l'équivalent d'une trame de points, renforçant l'impression d'ombre, dans un degré entre le noir complet, et le simple vert. Du coup en première impression, les pages dégagent une ambiance un peu chargée, et un peu pesante, vaguement déprimante. Du côté avec la technologie, ce n'est pas la joie. Dans la deuxième page, le lecteur découvre un haut mur avec des barbelés au sommet, un véhicule militaire blindé, la silhouette de deux soldats en train de patrouiller avec casque, gilet pare-balle et arme automatique. Il y a des graffitis sur le mur. Les murs de la chambre d'hôtel donnent l'impression d'un revêtement craquelé et moisi par endroit, avec également quelques tags. Il en va de même pour ceux de la salle de bain. La salle de rédaction de Scoop Weekly est plus propre, mais plongée dans une pénombre laissant supposer que certains éléments ont commencé à être gagnés par l'usure. Il en va de même pour le court passage dans la boîte de nuit, et dans la ruelle à l'arrière. Le dessinateur a l'art et la manière pour laisser supposer que ce milieu urbain n'est plus de première jeunesse. Cela devient explicite en passant dans la zone B de l'autre côté du mur avec des bâtiments décrépits, des déchets, des gravats.



L'artiste accentue encore cette sensation de malaise, ou plutôt de mal-être latent avec une maîtrise extraordinaire du niveau de détails, et avec la densité des zones de noir. À la simple lecture, les dessins donnent l'impression générale d'une photographie dont les contours auraient été simplifiés en augmentant les contrastes pour obtenir des traits un peu plus épais, et des surfaces intérieures dépourvues d'aspérité. Mais quand il laisse son regard s'attarder sur une case ou une autre, le lecteur prend conscience que l'artiste a su gommer les détails superficiels, donnant l'impression d'une grande précision, tout en allégeant la représentation, puis en passant en mode impressionniste avec la couleur et les trames. Cela conserve tout le naturel des personnages, tout en empêchant de les regarder avec insistance, comme si on les dévisageait longuement. Les pages combinent une apparence très claire, avec une impossibilité de saisir les menus détails, des cases ouvertes sur les paysages, avec une vision très cadrée dans des pages découpées sur une base de 9 cases de la même dimension, en 3 cases pour chacune des 3 bandes. Cette forme renforce la bizarrerie de certaines cases : une femme uniquement vêtue d'un soutien-gorge allant aux toilettes avec des cannes anglaises, un monsieur tout nu assis sur un fauteuil avec un masque à gaz lui couvrant le visage, un fusil dans la main gauche, pointé à la verticale, des agneaux dans un enclos, des porcs dans un autre, un squelette dans une combinaison d'astronaute dans un module s'étant écrasé sur une planète, etc. Sans oublier le motif géométrique récurrent de l'hexagone régulier.



Il est possible que le lecteur finisse par se demander si l'assemblage de tous ces éléments hétéroclites a bien un sens. Finalement quel sens donner à la prolifération des abeilles ? Pourquoi des (peut-être) extraterrestres avec insémination de femmes et trépanation ? Et puis cette zone sans technologie de communication informatique ? Dans le même temps, cela provoque un ressenti déstabilisant, avec un peu de fin du monde (mais ce n'est pas sûr) des comportements bizarres, mais adaptés à l'environnement et à l'état de la société, des rapprochements saugrenus (par le biais du leitmotiv des hexagones), provoquant des résonnances avec le monde contemporain, et des artefacts culturels des quatre décennies passées. Ce n'est pas une écriture de type automatique, mais il y a une composante proche de l'onirisme. Le lecteur peut être tenté de relever ces éléments presque superflus : la réflexion sur l'éthique du journalisme et les prophéties auto-réalisatrices, la neige acide qui renvoie à la pluie acide, le mur séparant la ville évoquant celui de Berlin avant 09 novembre 1989,la prolifération des abeilles à une époque où on craint leur disparition, l'éventualité de coloniser d'autres planètes mais réservée aux riches, la peur de la technologie informatique, le passage d'avions dans le ciel pouvant épandre toutes sortes de produits chimiques à l'insu de la population, et bien sûr les théories du complot telle que la présence d'extraterrestres sur Terre. Sous cet angle, cette bande dessinée renvoie le lecteur à un mélange d'informations et de rumeurs sensationnelles composant le bruit de fond de sa vie, ou en tout cas de celle de la scénariste. Une mythologie diffuse, invérifiable, dépassant l'individu, échappant à l'expérience directe, mais avec des effets très concrets au quotidien.



En découvrant cette histoire, le lecteur espère bien qu'il s’agit d'une œuvre d'auteurs : il n'est pas déçu. Ann Nocenti raconte bien une histoire avec une intrigue, mais avant tout elle évoque une forme de mythologie du quotidien mêlant réalisations technologiques rendues possibles par une science inaccessible au commun des mortels, et rumeurs aussi improbables que séduisantes. David Aja parvient à donner corps à ces ressentis avec des dessins combinant extraordinairement une précision palpable, avec une liberté onirique, dans une mise en page rigide qui offre une grande liberté de mouvements, et une des environnements très ouverts.
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Iron Fist - 100% Marvel, tome 1 : L'histoir..

Ce tome est le premier d'une série consacrée au personnage d'Iron Fist. Il contient les épisodes 1 à 6, initialement parus en 2007, coécrits par Ed Brubaker et Matt Fraction. L'histoire principale est dessinée et encrée par David Aja. Chaque épisode comprend des retours dans le passé qui sont dessinés par des équipes différentes : Travel Foreman (dessins) & Derek Fridolds (encrage) pour 3 pages dans les épisodes 1 à 5, John Severin (dessins et encrage, 3 pages dans le numéro 2), Russ Heath (dessins et encrage, 3 pages dans les numéros 3 et 6), Sal Buscema (dessins) et Tom Palmer (encrage) pour 2 pages dans le numéro 4. Matt Hollingsworth réalise la mise en couleurs de tous les épisodes. Ce tome contient également 8 pages extraites de "Civil war: choosing sides", réalisées par Brubaker, Fraction et Aja.



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- Civil war: choosing sides (8 pages) – Pendant quelques temps, Danny Rand a accepté de remplacer Matt Murdock en tant que Daredevil. Cet interlude montre Danny Rand dans le costume de Daredevil, et l'annonce de Jeryn Hogarth d'un contrat à signer avec des chinois (c’est-à-dire le début de la nouvelle série).



Ed Brubaker, Matt Fraction et David Aja réalisent un prologue intense qui donne une voix spécifique au personnage, un style de combat différent de celui de Daredevil, en rappelant succinctement son origine, une transition alléchante.



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- Épisodes 1 à 6 - La séquence d'ouverture montre qu'il existait déjà un Iron Fist au Japon en 1227. De nos jours, Iron Fist (Danny Rand) se bat contre des hommes de main d'Hydra, tout en se remémorant comment il a acquis ses pouvoirs à K'un Lun, en plongeant ses mains dans le cœur du dragon Shou-Lao l'immortel. Le matin même, il avait refusé de signer un contrat de joint-venture avec le consortium chinois Wai-Go, contre l'avis de Jeryn Hogarth.



Par la suite, Danny Rand constate qu'il y a des fluctuations dans le pouvoir auquel il fait appel pour concentrer son énergie dans son poing. Son enquête sur les agissements d'Hydra va le mener face à Davos (le fils de Lei-Kung) qui a lui aussi plongé ses mains dans le cœur de Shou-Lao.



Ed Brubaker et Matt Fraction racontent leur histoire de telle manière qu'une connaissance superficielle d'Iron Fist suffit pour comprendre les enjeux du récit. Pour les plus curieux, il est possible de relire les épisodes de Chris Claremont et John Byrne dans Marvel Masterworks: Iron Fist - Volume 2 (en anglais).



Dès le départ, Brubaker & Fraction montrent qu'ils ne vont pas se contenter de sortir un nouvel opposant chaque mois, pour combattre contre Iron Fist, mais qu'ils vont l'inscrire dans une lignée. Dès le départ, David Aja montre qu'il ne va pas reproduire les stéréotypes propres aux comics de superhéros.



La séquence d'ouverture de Travel Foreman en 1227 est sympathique, mais manque un peu de substance par rapport à des mangas historiques de même nature. Par contre dès la page 4, le lecteur plonge dans un univers visuel singulier et très immersif. David Aja et Matt Hollingsworth ont conçu ensemble le schéma chromatique, assez sombre, qui privilégie les ambiances nocturnes et des couleurs foncées. Ils parviennent ainsi à gommer l'aspect trop superhéros du costume d'Iron Fist en ternissant le jaune de son masque, du dragon sur sa poitrine et de ses chaussons.



Aja déplace la nature du récit, du comics de superhéros vers une BD entre polar urbain et film de kung-fu. Il décrit une réalité dans laquelle un individu doué en arts martiaux, bondit de toit en toit en réalisant des acrobaties, et se bat contre des organisations tentaculaires, soit la nuit à l'insu des gens normaux, soit dans des endroits délaissés cachés en plein de la ville.



David Aja découpe ses planches en cases rectangulaires bien sages, mais en adaptant le nombre de cases à chaque action. Il peut ainsi montrer un déplacement sur une page en 4 cases, puis accélérer l'action sur une page en 10 cases. Il représente les décors avec une belle régularité, et avec une approche réaliste, sans être obsessionnelle, avec un encrage rendant bien compte des zones d'ombre. Aja ne chorégraphie pas les combats pour qu'ils ressemblent à un ballet, ou pour donner une leçon d'enchaînement de postures de kung-fu. Toutefois, les mouvements d'Iron Fist et de ses opposants s'inscrivent bien dans un lieu avec son aménagement propre qui a une incidence sur leurs déplacements (= ils ne s'agitent pas en tout sens sur une scène vide).



Par rapport à cette approche graphique réfléchie et construite, les dessins de Travel Forman apparaissent plus fades, même s'ils réussissent à transporter le lecteur dans l'époque considérée. John Severin et Russ Heath se démarquent tout autant de David Aja, mais l'apparence rétro de leurs dessins traduit mieux le temps passé de ces séquences. Les 2 pages de Sal Buscema rappellent l'ordinaire des comics de superhéros des années 1970, avec des dessins un peu trop simples et une esthétique trop superhéros.



Le scénario bénéficie donc d'une mise en images savoureuse et en phase avec l'intrigue, qui permet aux personnages de s'incarner et aux situations d'être crédibles. Brubaker et Fraction mélangent avec astuce une enquête sur les activités illégales de la multinationale chinoise, société secrète (Hydra, un peu trop générique), film de kung-fu, et une revanche contre Daniel Rand.



L'idée d'intégrer Daniel Rand dans une lignée d'Iron Fist permet de donner plus d'envergure et de légitimité au personnage, mais les auteurs ne disposent pas de la place nécessaire pour vraiment la développer. L'enquête sur l'entreprise Wai-Go dérive rapidement vers Hydra et Davos, oubliant l'OPA agressive sur l'entreprise Rand, en cours de route. Les influences kung-fu se limitent aux combats, et à des femmes se transformant en grues (l'oiseau) après avoir cédé leur énergie à Davos. La vengeance de ce dernier se comprend mieux si le lecteur connaît déjà l'histoire d'Iron Fist.



Néanmoins ces épisodes se lisent d'une traite car le récit est mené à un rythme soutenu, avec de nombreuses péripéties, et une utilisation sophistiquée des flashbacks. Les personnages se comportent en adultes, avec des relations débarrassées de naïveté ou d'altruisme outrancier. Le lecteur attentif peut même déceler quelques pointes d'humour discrète, de type second degré. Par exemple, quand Danny Rand se bat contre une armée de soldats d'Hydra (tous inefficaces), il emploie 8 attaques différentes aux noms singeant le vocabulaire fleuri des arts martiaux, pour des appellations ironiques.



Ce premier tome de cette version d'Iron Fist plonge le lecteur dans un environnement d'une grande cohérence visuelle et narrative, pour ouvrir l'horizon de ce personnage, en le ramenant vers des séquences d'action qui relèvent plus des arts martiaux que des superhéros. Le résultat est original et plein de personnalité, même si la promesse principale de l'intrigue (la lignée des Iron Fist) reste peu développée.
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Semences

Je ne suis pas un très grand fan de Ann Nocenti. Je n'ai pas trop aimé son Daredevil (alors que c'est mon super héros préféré), je n'ai pas trop aimé ses passages sur les X-Men (alors que c'est mon équipe préférée) et pourtant... Ce récit m'intriguait. Je ne sais pas, sa couverture, son résumé, son dessinateur... Quelque chose me donnait envie de donner sa chance au titre, tout en sachant que je mettrais les pieds dans un récit d'auteur.



Me voila donc lancé dans cette lecture, et un récit d'auteur, c'est en effet ce dans quoi nous sommes. Si le pitch pourrait également être celui d'un récit plus blockbuster, la narration ici s'éloigne énormément de cela.

Et si pendant une bonne moitié du récit j'étais perdu et je me demandais ce que j'étais en train de lire, par la suite on comprend mieux. Est-ce que ça va faire qu'on apprécie mieux le récit ? Ca, ça dépendra de chacun... Je le répète, on est dans quelque chose de spécial et ça ne conviendra clairement pas à tout le monde.

Pour ma part, sans trouvé ça génial, j'ai passé un bon moment de lecture dont je ressors quelques bonnes idées, comme par exemple la critique sur le journalisme et la recherche permanente du scoop, quitte à briser des vies.
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Daredevil, tome 4 : Le retour du roi

Ce tome contient les épisodes 116 à 119 et le numéro 500 (qui est également le numéro 120).



Le premier épisode est essentiellement consacré à Wilson Fisk, également connu sous le pseudonyme de Kingpin. Qu'a-t'il fait depuis la dernière fois où il a tenté de nuire à Matt Murdock ? Où était-il ? Avec qui s'était-il lié d'amitié ? Et pourquoi revient-il (comme c'est indiqué dans le titre) ?



Dans les épisodes suivants, l'équilibre précaire des différents pouvoirs en place dans Hell's Kitchen, est à nouveau remis en cause, ainsi que l'équilibre précaire de la santé mentale de Matt Murdock.



Ce tome correspond aux derniers épisodes écrits par Ed Brubaker. Il doit donc boucler en peu de pages l'intrigue qu'il a débutée dans le tome précédent et installer une nouvelle situation pour son successeur (Andy Diggle). Or la liste de questions est longue, très longue. Pourquoi les ninjas de The Hand sont revenus à New York pour pourrir la vie de Matt Murdock ? Qui est vraiment ce nouveau maître des arts martiaux Izo et quel lien le rattache à Stick ? Que veut vraiment Wilson Fisk et pourra t'il se débarrasser du fantôme de sa défunte épouse ? Foggy est-il fâché pour de bon ? Les photos compromettantes ruineront-elles la carrière de Dakota North ? Leland Owlsley profitera t'il de sa deuxième chance ? Black Tarentula et White Tiger se sortiront ils de l'emprise de The Hand ?



Une fois de plus le constat est le suivant : Ed Brubaker semble mal à l'aise avec ces personnages. Le premier épisode consacré au Kingpin est risible de mièvrerie. Wilson Fisk cherche à bâtir une nouvelle vie, mais on ne sait pas de quoi il vit, on se demande bien ce que lui trouver sa famille d'accueil et les quelques incursions dans son flot de pensées le font passer pour un gentil nounours un peu naïf, en complète incohérence avec ce tacticien brutal et sans pitié. La suite n'élève pas le débat car Brubaker dispose de trop peu de pages pour approfondir quelques personnages que ce soit. Du coup Izo fait figure de resucée insipide de Stick (même si son origine partielle laisse entrevoir un grand potentiel, et encore le mysticisme de pacotille attaché au ninja aveugle est trop superficiel). Lady Bullseye fait de la figuration basique, alors que son origine laissait espérer beaucoup plus. Mister Fear passe en coup de vent dans une case, juste pour bien montrer que Brubaker dit au revoir à chacun des personnages.



L'épisode 116 est dessiné par David Aja. Il effectue un travail avec une mise en page assez sage, des dessins à mi-chemin entre le photoréalisme et un encrage simplificateur pour un résultat qui ne retient que l'essentiel pour transmettre toutes les émotions. Il faut le voir pour croire que Wilson Fisk dans un environnement familial peut rester crédible. Les autres épisodes sont dessinés par le tandem habituel de Michael Lark encré par Stefano Gaudiano (avec 2 pages dessinées par Klaus Janson dans l'épisode 500, rien de remarquable). Ils sont remarquables de précision dans les décors à base de photos retouchées. Ils ont un peu perdu de leur originalité dans les évolutions aériennes de Daredevil. Un peu comme le scénario de Brubaker, leurs illustrations sont agréables, mais pas inoubliables.



Donc au final, ce tome m'a laissé une impression très partagée. D'un coté, Brubaker bâcle son histoire au détriment de tous les personnages ou presque, faute de suffisamment de pages. De l'autre, il nous convie à une course contre la montre assez prenante qui amène Daredevil dans une situation inédite. Et je me surprends à me dire en fermant ce comics que la suite a plus de potentiel de divertissement que ce que je viens de lire. La destinée de Matt Murdock est ensuite confiée au scénariste Andy Diggle.
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Hawkeye, tome 4 : Rio Bravo

Avec un final efficace, ce quatrième tome d’Hawkeye conclut le cycle de jolie manière.
Lien : http://www.actuabd.com/Hawke..
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Semences

Semences est graphiquement irréprochable.

L'histoire est passionnante à suivre vu les thèmes très actuelles utilisés par les auteurs pour conté leur histoire. Le récit est dense. Du coup vu la dernier chapitre proposé j'avais un sentiment de trop peu.

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Iron Fist - 100% Marvel, tome 1 : L'histoir..

Un personnage que je découvre pour la première fois dans la série Netflix parut en 2016 !



Allez hop ma curiosité l'emporte ! Comme d'habitude...

L'histoire d'Iron Fist que je trouve bien plus intéressante et plus immersive que la série (facile, me direz vous !).

Un personnage mature et réfléchit, un lien avec le multivers qui me plaît, un comics plus sombres que je l'aurais pensé.



L'histoire d'Iron Fist est passionnante ! Dommage qu'il soit rester dans l'ombre aussi longtemps.

Les dessins sont très beau et le tome 1 se lis très rapidement ! Une soirée à peine et c'est terminé
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Semences

L’apparente froideur de ce récit est renforcée par le graphisme en bichromie noir/vert-de-gris de David Aja. Trames, motifs récurrents et visuels fascinants portent le malaise au désespoir crépusculaire. Dérangeant et cryptique, Semences fait partie de ces œuvres qui ne font pas le travail à la place du lecteur et qui continuent de suinter des heures après leur lecture.
Lien : http://www.bodoi.info/semenc..
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Hawkeye, tome 4 : Rio Bravo

Que dire si ce n'est que ce final est du même acabit que le reste de la série, c'est-à-dire excellent ! Les idées foisonnent encore pour nous dépayser. Le duo Fraction/Aja casse les codes habituels du comic pour nous emmener sur des territoires visuels et scénaristiques peu communs voire originaux.



Une série incontournable avec de nombreux arguments positifs à commencer par sa longueur : 4 tomes seulement.
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Hawkeye, tome 4 : Rio Bravo

Voici enfin le quatrième et dernier tome des aventures de Hawkeye par le duo Matt Fraction et David Aja. Hawkeye est probablement l’une des meilleures sagas actuellement publiées par Marvel. Récompensée plusieurs fois aux Eisner Awards et présente dans la Sélection Officielle du Festival d’Angoulême 2014, cette série, qui propose des petites histoires plus ou moins indépendantes qui se concentrent sur la vie quotidienne du simple mortel Clint Barton et non sur les exploits de l’Avenger, propose en effet une approche intéressante du personnage et livre une saga très à part dans l’univers super-héroïque.



Si c’est à Matt Fraction que Marvel a confié la lourde tâche de remettre son célèbre archer sur le devant de la scène, le dessinateur vedette de la saga éprouve malheureusement un peu de mal à suivre la cadence de publication. Afin de combler cette lacune, Marvel a eu l’idée de proposer régulièrement des épisodes « fill-in » mettant en scène la side-kick du héros dans des aventures en solo. Après un album « spin-off » avec Kate Bishop dans le rôle principal, qui souffrait malheureusement de l’absence du héros principal et du dessinateur attitré, ce tome qui contient les épisodes #12, #13, #15, #17, #19, #21 et #22, se concentre à nouveau sur les déboires de Hawkeye.



Lors de ce quatrième volet, Clint Barton doit toujours faire face aux mafieux qui gèrent le quartier de Brooklyn dans lequel il vit de manière très modeste, mais il peut non seulement compter sur son chien Lucky et sur le retour Kate Bischop après son voyage à Los Angeles, mais également sur son grand frère. « Rio Bravo » s’ouvre en effet sur le retour de Barney Barton, qui emménage avec Clint et pourra donc lui prêter main forte dans son combat contre le gang des frères en survêt. L’épisode #12, dessiné par Francesco Francavilla, est d’ailleurs parsemé de nombreux flashbacks qui reviennent sur l’enfance difficile des deux frères, permettant ainsi de mieux comprendre leur relation. Le scénariste regroupe ensuite la plupart de ses pistes narratives pour un final explosif, marqué par une prise d’assaut de l’immeuble de Clint… digne de « Rio Bravo ».



Le thème familial insufflé par cet album renforce encore l’empathie envers ce personnage dépourvu de super-pouvoirs et le lecteur s’amuse de nouveau à suivre ses galères quotidiennes. Ces aventures très terre à terre n’ont donc rien de particulièrement super-héroïque, mais elles fonctionnent à merveille. Si le récit permet de découvrir les faiblesses du personnage, loin de sa vie de super-héros et avec beaucoup d’humour, il faut également applaudir la narration, qui est d’une efficacité et d’une originalité redoutable. Du découpage des épisodes en petits morceaux qui se jouent habillement de la chronologie de l’histoire en passant par ce dernier épisode en langage des signes, l’auteur s’essaie à des procédés narratifs très intéressants. L’inventivité graphique de David Aja se place d’ailleurs très vite au diapason de cette narration qui multiplie les allers-retours. L’espagnol, qui collaborait déjà avec Matt Fraction sur Iron Fist, multiplie les trouvailles sympathiques et insuffle beaucoup de dynamisme à ses planches tout en leur donnant un côté rétro qui fait penser aux comics des années 70. Les dessins de Francesco Francavilla, venu remplacer David Aja sur le premier épisode, sont également très réussis. Les couleurs pastel et très violettes de Matt Hollingsworth viennent sublimer l’ensemble. Je suis par contre moins fan de l’épisode #17, dessiné par Chris Eliopoulos, qui propose une parabole en forme de série animée. Cet interlude qui permet certes à David Aja de souffler un peu casse cependant le rythme de l’histoire principale et je cherche encore l’hommage qu’il est censé rendre à « Calvin & Hobbes ».



Bref, le lecteur à droit à un héros foncièrement humain, à une narration intelligente et à une série addictive que tout amateur de comics se doit d’intégrer dans sa collection !



Notons également, l’arrivée d’une nouvelle série, All-New Hawkeye, écrite par l’excellent Jeff Lemire et dessinée par Ramón Pérez.
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Hawkeye, tome 4 : Rio Bravo

Ce quatrième et dernier tome boucle brillamment la fin du run de Matt Fraction sur Hawkeye. Il rassemble tous les fils narratifs en apparence plus ou moins disjoints mis en place au fil de la série et leur donne un final en beauté.

Ce tome renoue aussi avec l'aspect expérimentale du premier, puisque suite à un accident Clint perd temporairement l'audition. On a donc le droit à des épisodes quasiment muets, qui expérimentent sur le cadrage, la représentation du silence (bulles blanches vides à l'appuie) et celle de la langue des signes, puisqu'une fois passé le déni, Clint communique en partie grâce à l'ASL, qu'il a appris suite à une blessure similaire quand il était enfant. C'est également l'occasion de remonter dans son passé et de faire connaissance avec son frère Barney et pour lui d'apprendre enfin à accepter les mains tendues.

Un dernier tome très satisfaisant à la fois sur le plan scénaristique, artistique et émotionnel, qui boucle donc un run d'une qualité et d'une originalité exceptionnelles.
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Semences

Écrit par deux maîtres des Comics américains ( Daredevil, Spiderman, Hawkeye… ), ce conte dystopique extrapole les conséquences du massacre bien réel de notre planète. Le style graphique monochrome est bien réalisé, attrayant. Je n’ai pas attribué la note maximale car quelques détails restent inexpliqués. Un “Semences 2” ou “Éclosion” serait bienvenu.

Quoi qu’il en soit, cette BD mérite d’être lue, prêtée, offerte, notamment à ceux qui se soucient peu du désastre écologique en suspens.
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Semences

Comme à son habitude, le trait de Aja est d’une élégance rare, fait d’un coup de crayon léger, fin et d’une souplesse rare. Il y a ses compositions aussi, faisant toujours référence aux alvéoles des ruches d’abeilles.
Lien : https://www.lescomics.fr/rec..
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Semences

Si cet univers crépusculaire possède une belle identité graphique, le propos se perd un peu en route, les nombreux personnages et les dialogues touffus freinant l’intrigue. L’ambition d’Ann Nocenti apparaît élevée et ses citations inter-chapitres incitent à une réflexion profonde. Mais l’ensemble finit par manquer de liant, dominé par une série de tableaux urbains qui dominent le fond de l’histoire.
Lien : https://www.actuabd.com/Seme..
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Semences

De son côté, David Aja livre des planches très contrastées absolument sublimes. [...] On est complètement subjugué par ce traitement graphique sans pareil ! C'est du très beau travail !


Lien : http://www.sceneario.com/bd_..
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Semences

Peut-être que le lecteur sera un brin déstabilisé, qu'il préfèrera attendre une hypothétique traduction, en attendant je ne saurais assez vous conseiller de découvrir cet excellent album qui nous permet de retrouver le duo Ann Nocenti et David Aja !
Lien : http://www.sceneario.com/bd_..
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Iron Fist - 100% Marvel, tome 1 : L'histoir..

Cet album reprend les six premiers numéros de "Immortal Iron Fist", saga récemment nommée dans la catégorie “Best New Series” lors de la vingtième cérémonie des Eisner Awards. Habitué à remettre des super-héros au goût du jour, Ed Brubaker ("Captain America", "Daredevil", "The Authority") s’attaque ici à l’un des personnages les moins connus du catalogue de l’éditeur. Assisté par Matt Fraction au scénario et accompagné du surprenant David Aja au dessin, l’auteur de "Criminal" offre une seconde jeunesse à ce milliardaire au coup de poing dévastateur, créé en 1974 suite à la vogue des arts martiaux dans les media au début des seventies.



Ce revival saura ravir les néophytes sans délaisser les amateurs de ce personnage mineur du catalogue Marvel. Tout d'abord parce qu'il offre une relecture intéressante du passé d’Iron Fist. La rencontre avec Orson Randall, le précédent Iron Fist, permet à cet égard, d’ajouter une part de mystère au pouvoir du héros et d’incorporer son background au sein d’une lignée de soixante six Iron Fist, remontant jusqu’au Japon médiéval. Ensuite, en plongeant Daniel Rand dans les griffes d'Hydra, les auteurs développent une intrigue intéressante, qui permet d’intégrer d’autres héros (plus connus) au récit. Si l’action demeure omniprésente, le duo Brubaker / Fraction donne plus de profondeur à ce héros non dénué d’humour, tentant ainsi de passer outre le côté caricatural du karatéka.



Mais, la véritable découverte de cette saga est indéniablement le travail du jeune dessinateur espagnol David Aja. Son dessin installe cette série dans une ambiance graphique bien sombre, qui s’inscrit dans la lignée du travail d’Alex Maleev et Michael Lark sur la série "Daredevil". De plus, les scènes d’action bénéficient d’une chorégraphie efficace. Le graphisme des différents artistes invités, venus mettre en image les aventures des prédécesseurs de Danny Rand, n’est malheureusement pas toujours du même acabit.



Une relecture intéressante d’un héros de second rang par un maître en la matière.
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Daredevil, tome 4 : Le retour du roi

Le suspense est d'excellente facture et tient bien la route. Je me suis fait plaisir à lire ce récit. L'auteur joue avec les sentiments, la rédemption, la colère (Matt Murdock qui se fait virer par Foggy Nelson) etc. Quelques coups de théâtre viennent ponctuer le fil du récit. La fin est très prometteuse.
Lien : http://www.sceneario.com/bd_..
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