Dès ses premiers pas dans la ville, Anissa ressentit l’ambiance exaltée à laquelle elle avait rêvé toute sa jeunesse. Elle s’engouffra dans des rues encombrées de déchets, où les chauffeurs de tuk-tuks disputaient le passage aux vaches sacrées, et où les vendeurs des échoppes la dévisageaient sans pudeur. Le Palais des vents ne se trouvait qu’à quelques minutes de marche, mais déjà elle pouvait constater le chaos qui régnait dans la cité. Au coin d’une venelle, un groupe de cochons et de chèvres festoyaient, la tête enfouie dans les pâtures nauséabondes d’un amoncellement de détritus ; et, à l’entour de ce cheptel urbain, les odeurs d’urine et d’épices se mélangeaient à la cacophonie des klaxons. Jaipur la fascinait, l’aspirait en son centre.