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Citation de YANCOU


"À l'aube, les arroseuses mouillent la poussière des rues ; elle reviendra avant midi cet empêchement de voir et de respirer que l'on croyait à demeure chez les porteurs de babouches et de sombrero. Poudre de briques, plâtre des murs et des plafonds ; on dit que trois cent mille bombes sont tombées sur la ville.
Un gamin d'une quinzaine d'années est assis dans la vitrine crevée d'un marchand de livres d'occasion. Le bâtiment menace ruine, il a perdu son toit et son dernier étage, les occupants ont été évacués. Dans son costume de laine, avec une cravate qui ressemble à la ceinture d'un vieux peignoir, le bonhomme est en pleine lecture. Il a le pied sur une pile bien ordonnée - son premier choix - tandis que tous les autres livres, au sol et jusque sur le trottoir, s'étalent, se chevauchent et font les écailles d'un dragon terrassé. Il y a là comme une sécession et la guerre s'en trouve repoussée à mille lieues, au diable.
- Dis, c'est un miroir ou un trou de serrure ?
- Hein ?
- Dans ton bouquin, tu regardes vivre les autres ou tu ne vois partout que toi ?"
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