Ce qui est à venir n'est pas encore
Ce qui est passé n'est plus
Seul existe
Le moment du présent
Qui est
Comme le mot l'indique
La plus pure des offrandes.
Il s'assit et ouvrit au hasard un livre
Pour qu'il réponde à ses mille questions
Il tomba sur une page blanche
Et en rit
(n° 28, p. 63)
Derviche d'eau
Le temps liquide tourne sur lui-même
Sourd tourbillon des heures et des ans
Ciel et terre s'épousent
et se séparent
Descendre tout droit
Remonter à l'autre bout du monde
Le corps se décante dans l'ombilic des nues
L'allée du silence a sa destination
Elle est comme l'orée
Du feu qui tout consume
Elle est comme l'ange de la mort
Qui obéit au doigt du dieu sourd et aveugle
Qui lui intime non pas de taire
Mais de parler
Vraiment
(n°51, p. 119)
Il en va aussi des mantras qui sont comme l'écume
La reproduction du vient-et-unième est pourtant si semblable
À celle du premier jusqu'au cent et huitième
Et radicalement il diffère (n°21 p. 46)
Si je suis Rien
Alors tout devient possible
Si j'estime avoir réussi
Alors que vais-je désirer encore ?
Il médita aussi sur le beau
Le bien
Et leurs contraires
(n° 30, p. 69)
[Mais vous vous rendez compte que tout cela a eu des répercussions énormes? ] admonesté-je le gaillard. [Des gens sont morts] [Des gens ont joué leur vie sur des coups de dés] [Et pire : des gens ont écrit des poèmes suite à vos mensonges ! ] [Baudelaire lui-même n'avait que Poe par-ci, Poe par là à la bouche] [On a abattu des arbres] [On en a fait des livres] [Comment pouvez-vous...] [Je veux dire...] [C'est pas le Vietnam ici... il y a des règles...]