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Citation de enzo92320


Au fil des trente ou quarante dernières années, les anti-autoritaires du monde entier ont œuvré à créer des modes de démocratie directe plus efficaces : capables de fonctionner sans qu’une bureaucratie de la violence soit nécessaire pour les faire respecter. J’ai longuement décrit ces efforts par ailleurs. On a énormément progressé. Mais ceux qui font avancer ces projets se trouvent souvent confrontés à cette forme précise d’horreur du pouvoir « arbitraire ». Pour développer de nouveaux types de procédures de décision par consensus, par exemple, une partie du travail consiste à créer des formes institutionnelles qui encouragent l’improvisation et la créativité au lieu de les inhiber. Les militants le disent parfois ainsi : la plupart du temps, si l’on rassemble une foule, elle va se comporter collectivement avec moins d’intelligence et d’imagination que ne le ferait probablement n’importe lequel de ses membres s’il était tout seul. Le processus militant de prise de décision est conçu pour obtenir le résultat inverse : rendre cette foule plus intelligente et plus imaginative que chaque individu qui y participe.

Il est bel et bien possible de le faire, mais cela demande énormément de travail. Et plus le groupe est nombreux, plus il faudra mettre en place de mécanismes formels. 𝗟𝗲 𝘁𝗲𝘅𝘁𝗲 𝗹𝗲 𝗽𝗹𝘂𝘀 𝗶𝗺𝗽𝗼𝗿𝘁𝗮𝗻𝘁 𝗱𝗲 𝘁𝗼𝘂𝘁𝗲 𝗰𝗲𝘁𝘁𝗲 𝘁𝗿𝗮𝗱𝗶𝘁𝗶𝗼𝗻 𝗺𝗶𝗹𝗶𝘁𝗮𝗻𝘁𝗲 𝗲𝘀𝘁 𝗶𝗻𝘁𝗶𝘁𝘂𝗹𝗲́ « 𝗧𝗵𝗲 𝗧𝘆𝗿𝗮𝗻𝗻𝘆 𝗼𝗳 𝗦𝘁𝗿𝘂𝗰𝘁𝘂𝗿𝗲𝗹𝗲𝘀𝘀𝗻𝗲𝘀𝘀 » [𝗟𝗮 𝘁𝘆𝗿𝗮𝗻𝗻𝗶𝗲 𝗱𝗲 𝗹’𝗮𝗯𝘀𝗲𝗻𝗰𝗲 𝗱𝗲 𝘀𝘁𝗿𝘂𝗰𝘁𝘂𝗿𝗲]. 𝗜𝗹 𝗮 𝗲́𝘁𝗲́ 𝗲́𝗰𝗿𝗶𝘁 𝗱𝗮𝗻𝘀 𝗹𝗲𝘀 𝗮𝗻𝗻𝗲́𝗲𝘀 𝟭𝟵𝟳𝟬 𝗽𝗮𝗿 𝗝𝗼 𝗙𝗿𝗲𝗲𝗺𝗮𝗻, 𝗮𝘂 𝘀𝘂𝗷𝗲𝘁 𝗱𝗲𝘀 𝗰𝗿𝗶𝘀𝗲𝘀 𝗼𝗿𝗴𝗮𝗻𝗶𝘀𝗮𝘁𝗶𝗼𝗻𝗻𝗲𝗹𝗹𝗲𝘀 𝗾𝘂𝗶 𝘀’𝗲́𝘁𝗮𝗶𝗲𝗻𝘁 𝗽𝗿𝗼𝗱𝘂𝗶𝘁𝗲𝘀 𝗱𝗮𝗻𝘀 𝗹𝗲𝘀 𝗽𝗿𝗲𝗺𝗶𝗲𝗿𝘀 𝗰𝗲𝗿𝗰𝗹𝗲𝘀 𝗳𝗲́𝗺𝗶𝗻𝗶𝘀𝘁𝗲𝘀 𝗱’« 𝗲́𝗹𝗲́𝘃𝗮𝘁𝗶𝗼𝗻 𝗱𝘂 𝗻𝗶𝘃𝗲𝗮𝘂 𝗱𝗲 𝗰𝗼𝗻𝘀𝗰𝗶𝗲𝗻𝗰𝗲 » 𝗾𝘂𝗮𝗻𝗱 𝗶𝗹𝘀 𝗮𝘃𝗮𝗶𝗲𝗻𝘁 𝗰𝗼𝗺𝗺𝗲𝗻𝗰𝗲́ 𝗮̀ 𝗮𝘁𝘁𝗲𝗶𝗻𝗱𝗿𝗲 𝘂𝗻𝗲 𝗰𝗲𝗿𝘁𝗮𝗶𝗻𝗲 𝗱𝗶𝗺𝗲𝗻𝘀𝗶𝗼𝗻. 𝗖𝗲𝘀 𝗰𝗲𝗿𝗰𝗹𝗲𝘀, 𝗮-𝘁-𝗲𝗹𝗹𝗲 𝗼𝗯𝘀𝗲𝗿𝘃𝗲́, 𝗽𝗿𝗮𝘁𝗶𝗾𝘂𝗮𝗶𝗲𝗻𝘁 𝘁𝗼𝘂𝗷𝗼𝘂𝗿𝘀 𝗮𝘂 𝗱𝗲́𝗽𝗮𝗿𝘁 𝘂𝗻𝗲 𝘀𝗼𝗿𝘁𝗲 𝗱’𝗮𝗻𝗮𝗿𝗰𝗵𝗶𝘀𝗺𝗲 𝘀𝗽𝗼𝗻𝘁𝗮𝗻𝗲́ : 𝗼𝗻 𝗽𝗼𝘀𝘁𝘂𝗹𝗮𝗶𝘁 𝗾𝘂’𝗶𝗹 𝗻’𝘆 𝗮𝘃𝗮𝗶𝘁 𝗮𝘂𝗰𝘂𝗻 𝗯𝗲𝘀𝗼𝗶𝗻 𝗱’𝘂𝗻 𝗺𝗲́𝗰𝗮𝗻𝗶𝘀𝗺𝗲 𝗳𝗼𝗿𝗺𝗲𝗹 𝗱𝗮𝗻𝘀 𝗹𝗲 𝘀𝘁𝘆𝗹𝗲 𝗱𝘂 𝗿𝗲̀𝗴𝗹𝗲𝗺𝗲𝗻𝘁 𝗱𝗲𝘀 𝗮𝘀𝘀𝗲𝗺𝗯𝗹𝗲́𝗲𝘀 𝗽𝗮𝗿𝗹𝗲𝗺𝗲𝗻𝘁𝗮𝗶𝗿𝗲𝘀. 𝗟𝗲𝘀 𝗳𝗲𝗺𝗺𝗲𝘀 𝗱𝗲𝘃𝗮𝗶𝗲𝗻𝘁 𝘀’𝗮𝘀𝘀𝗲𝗼𝗶𝗿 𝘀𝗶𝗺𝗽𝗹𝗲𝗺𝗲𝗻𝘁 𝗰𝗼̂𝘁𝗲 𝗮̀ 𝗰𝗼̂𝘁𝗲, 𝗰𝗼𝗺𝗺𝗲 𝗱𝗲𝘀 𝘀œ𝘂𝗿𝘀, 𝗲𝘁 𝗿𝗲́𝗴𝗹𝗲𝗿 𝗹𝗲𝘀 𝗰𝗵𝗼𝘀𝗲𝘀. 𝗖’𝗲𝘀𝘁 𝗲𝗳𝗳𝗲𝗰𝘁𝗶𝘃𝗲𝗺𝗲𝗻𝘁 𝗰𝗲 𝗾𝘂𝗶 𝘀𝗲 𝗽𝗮𝘀𝘀𝗮𝗶𝘁 𝗮𝘂 𝗱𝗲́𝗯𝘂𝘁. 𝗠𝗮𝗶𝘀, 𝗱𝗲̀𝘀 𝗾𝘂𝗲 𝗹𝗲𝘀 𝗰𝗲𝗿𝗰𝗹𝗲𝘀 𝘀’𝗲́𝗹𝗮𝗿𝗴𝗶𝘀𝘀𝗮𝗶𝗲𝗻𝘁 𝗮𝘂-𝗱𝗲𝗹𝗮̀ 𝗱’𝘂𝗻𝗲 𝘃𝗶𝗻𝗴𝘁𝗮𝗶𝗻𝗲 𝗱𝗲 𝗽𝗮𝗿𝘁𝗶𝗰𝗶𝗽𝗮𝗻𝘁𝗲𝘀, 𝗱𝗲𝘀 𝗰𝗹𝗶𝗾𝘂𝗲𝘀 𝗶𝗻𝗳𝗼𝗿𝗺𝗲𝗹𝗹𝗲𝘀 𝗰𝗼𝗺𝗺𝗲𝗻𝗰̧𝗮𝗶𝗲𝗻𝘁 𝗶𝗻𝘃𝗮𝗿𝗶𝗮𝗯𝗹𝗲𝗺𝗲𝗻𝘁 𝗮̀ 𝗳𝗮𝗶𝗿𝗲 𝘀𝘂𝗿𝗳𝗮𝗰𝗲 : 𝗱𝗲 𝗽𝗲𝘁𝗶𝘁𝘀 𝗴𝗿𝗼𝘂𝗽𝗲𝘀 𝗱’𝗮𝗺𝗶𝗲𝘀 𝗼𝘂 𝗱’𝗮𝗹𝗹𝗶𝗲́𝗲𝘀 𝘀𝗲 𝗺𝗲𝘁𝘁𝗮𝗶𝗲𝗻𝘁 𝗮̀ 𝗰𝗼𝗻𝘁𝗿𝗼̂𝗹𝗲𝗿 𝗹’𝗶𝗻𝗳𝗼𝗿𝗺𝗮𝘁𝗶𝗼𝗻, 𝗮̀ 𝗳𝗶𝘅𝗲𝗿 𝗹𝗲𝘀 𝗼𝗿𝗱𝗿𝗲𝘀 𝗱𝘂 𝗷𝗼𝘂𝗿 𝗲𝘁 𝗮̀ 𝗲𝘅𝗲𝗿𝗰𝗲𝗿 𝗹𝗲 𝗽𝗼𝘂𝘃𝗼𝗶𝗿 𝗽𝗮𝗿 𝘁𝗼𝘂𝘁𝗲𝘀 𝘀𝗼𝗿𝘁𝗲𝘀 𝗱𝗲 𝗯𝗶𝗮𝗶𝘀 𝘀𝘂𝗯𝘁𝗶𝗹𝘀. Freeman a préconisé divers mécanismes formels susceptibles de contrer cet effet, mais, pour ce qui nous intéresse ici, le détail de ses propositions n’a pas d’importance. Qu’il suffise de dire que ce qu’on appelle aujourd’hui un « processus de consensus formel » est largement issu de la crise qu’elle a décrite et du débat qu’a ouvert son intervention.
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