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Citation de jmarcio


(p. 60-61)
La fameuse nuit de décembre, la veille de Noël, quand Gauguin a voulu partir, quitter Arles et me laisser avec les ruines de cet atelier du Midi dont j'avais tant rêvé, qui avait coûté si cher à Théo... Cette nuit folle où une bête malade a hurlé à la lune en moi. Un feu rouge et jaune dans le noir de la nuit, comme ce "Paysan brûlant mauvaises herbes" que j'avais peint à Nuenen... La fresque de Giotto "L'arrestation de Jésus" ou "Le Baiser de Judas", autre traître, m'est apparue soudain, vivante ! Et l'apôtre Pierre tira le glaive pour trancher l'oreille du serviteur du grand prêtre. J'y étais, je voyais l'oreille tomber dans une giclée de sang et je la recueillis de mes mains. C'était la mienne ! Puisque j'étais dans la fresque de Giotto ! Je l'ai portée dans une feuille de journal pour la donner à la petite Rachel qui travaillait au bordel des zouaves. Elle avait été mordue par un chien enragé et sauvée par Pasteur à Paris. Moi aussi j'avais la sensation d'avoir été mordu par un chien enragé qui voulait me faire peindre comme je ne pouvais le faire. La voie imaginaire en peinture, comme je l'ai écrit à Bernard, c'était pour moi aller dans le mur. Et c'est ce qui se passa. Oui, je suis devenu fou, malade, mes visions étaient le réel et je vivais mes rêves. Nous sommes tous ainsi, les Van Gogh, c'est notre nervosité.
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