Je sais que des horreurs climatiques auront lieu, dont certaines, inévitablement, croiseront la route de mes enfants – car c’est bien de cela qu’il s’agit, le réchauffement étant une menace globale. Mais ces horreurs ne sont pas encore écrites
Le poids des responsabilités est trop lourd pour être porté par quelques-uns, même s’il serait rassurant de croire qu’il suffirait, pour régler le problème, qu’une poignée de salauds chutent.
Si nous avions commencé la décarbonisation globale en 2000, l’année où Al Gore a perdu de peu l’élection à la présidence américaine, nous n’aurions eu qu’à réduire nos émissions d’environ 3 % par an pour assurer un réchauffement inférieur à 2 °C. En commençant aujourd’hui, alors que les émissions globales continuent de progresser, le rythme devra être de 10 %. Si nous retardons encore de dix ans, il nous faudra les baisser de 30 % chaque année.
Nous avons quelques indices quant à la manière dont la classe dirigeante entend gérer les catastrophes cumulées de l’Anthropocène. Chacun pour soi.
De tout le confort moderne, la disponibilité illimitée de l’eau potable est sûrement l’un des présupposés les plus profondément illusoires.
Les émissions négatives sont peut-être, à présent, une forme de pensée magique pour le climat. Elles semblent aussi être un ultime meilleur espoir. Et, si elles fonctionnent, les usines de captage de CO2 nous offriront l’absolution par où nous avons péché, par l’industrie – et marqueront ainsi le début d’une toute nouvelle romance théologique avec le pouvoir de la machine.
Les choix de vie individuels n’ont que peu d’impact environnemental, à moins d’être pensés à l’échelle politique.
Lorsqu’on fait pousser des céréales de base cultivées à des températures optimales1, la règle est la suivante : à chaque degré de réchauffement, les rendements diminuent de 10 %, ou plus si l’on en croit certaines estimations.
Nous choisissons de nous concentrer sur la consommation personnelle des uns et des autres, en partie parce que c’est une chose que nous pouvons contrôler, mais aussi parce que c’est une façon très contemporaine d’afficher sa vertu. Or en définitive ces choix sont, presque toujours, de maigres contributeurs, qui nous empêchent de voir les forces plus importantes juste derrière. Lorsqu’il s’agit d’eau douce, le contexte général est le suivant : la consommation personnelle représente une tranche infime qui ne fait de différence qu’en cas de sécheresse extrême
Chaque kilomètre carré de déforestation produit vingt-sept cas supplémentaires de paludisme à cause de ce qu’on appelle la « prolifération des vecteurs » – une fois les arbres dégagés, les insectes ont le champ libre.