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Citation de Partemps


Ce n'est pas l'artiste, c'est toi qui l'as fait. Respecte l'ouvrage
de l'amitié et le tien. Vois ce phare, vois cette tour adjacente qui
s'élève à droite; vois ce vieil arbre que les vents ont déchiré. Que
cette masse est belle! Au-dessous de cette masse obscure, vois ces
rochers couverts de verdure. C'est ainsi que ta main puissante les a
formés; c'est ainsi que ta main bienfaisante les a tapissés. Vois
cette terrasse inégale, qui descend du pied des rochers vers la mer.
C'est l'image des dégradations que tu as permises au temps d'exercer
sur les choses du monde les plus solides. Ton soleil l'aurait-il
autrement éclairée? Dieu! si tu anéantis cet ouvrage de l'art, on
dira que tu es un Dieu jaloux. Prends en pitié les malheureux épars
sur cette rive. Ne te suffit-il pas de leur avoir montré le fond des
abîmes? Ne les as-tu sauvés que pour les perdre? Écoute la prière de
celui-ci qui te remercie. Aide les efforts de celui-là qui rassemble
les tristes restes de sa fortune. Ferme l'oreille aux imprécations
de ce furieux: hélas! il se promettait des retours si avantageux; il
avait médité le repos et la retraite; il en était à son dernier
voyage. Cent fois dans la route, il avait calculé par ses doigts le
fond de sa fortune; il en avait arrangé l'emploi: et voilà toutes
ses espérances trompées; peine lui reste-t-il de quoi couvrir ses
membres nus. Sois touché de la tendresse de ces deux époux. Vois la
terreur que tu as inspirée à cette femme. Elle te rend grâce du mal
que tu ne lui as pas fait. Cependant, son enfant, trop jeune pour
savoir à quel péril tu l'avais exposé, lui, son père et sa mère,
s'occupe du fidèle compagnon de son voyage; il rattache le collier
de son chien. Fais grâce à l'innocent. Vois cette mère fraîchement
échappée des eaux avec son époux; ce n'est pas pour elle qu'elle a
tremblé, c'est pour son enfant. Vois comme elle le serre contre son
sein; vois comme elle le baise. O Dieu! reconnais les eaux que tu as
créées. Reconnais-les, et lorsque ton souffle les agite, et lorsque
ta main les apaise. Reconnais les sombres nuages que tu avais
rassemblés, et qu'il t'a plu de dissiper. Déjà ils se séparent, ils
s'éloignent, déjà la lueur de l'astre du jour renaît sur la face des
eaux; je présage le calme à cet horizon rougeâtre. Qu'il est loin,
cet horizon! il ne confine point avec la mer. Le ciel descend au-
dessous et semble tourner autour du globe. Achève d'éclaircir ce
ciel; achève de rendre à la mer sa tranquillité. Permets à ces
matelots de remettre à flot leur navire échoué; seconde leur
travail; donne-leur des forces, et laisse-moi mon tableau. Laisse-
le-moi, comme la verge dont tu châtieras l'homme vain. Déjà ce n'est
plus moi qu'on visite, qu'on vient entendre: c'est Vernet qu'on
vient admirer chez moi. Le peintre a humilié le philosophe.
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