Agés de quatorze ans, vrais jumeaux, la silhouette fine et le regard malicieux, ils étaient trop heureux de l'accompagner vers le nord. Alors que la tension semblait monter dans le village, Enguerrand savait qu'il prenait une grande responsabilité, mais les parents acceptèrent avec fierté, se disant que les uns et les autres se protégeraient mutuellement. La réalité était plus tragique. Enguerrand le comprit plus tard. Les parents savaient que les Hutus, leurs voisins de village, ceux qui tenaient les champs, écoutaient les appels de la radio à se débarrasser de la vermine tutsi et que, tôt ou tard, ils les exécuteraient tous. Ils se quittèrent avec la dignité de ne rien laisser paraître.