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3.79/5 (sur 117 notes)

Né(e) à : Paris , 1955
Mort(e) à : Île de Tinos (Grèce) , le 10/05/2021
Biographie :

D'origine franco-écossaise, Denis Drummond est né en 1955 à Paris. Il est l'auteur de trois recueils de poésie ("Écoute s'il pleut", "Les Commencements graves" et "Écritures humaines") et de deux romans ("La Ballade d'Ardrossan" et "Les Quatre Saisons de Mr Monet") édités chez Domens.

En 2019 paraît au Cherche midi "La vie silencieuse de la guerre".
En 2021 c'est un roman aux allures d'une odyssée que nous livre l'auteur avec "Le Dit du Vivant".

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Citations et extraits (54) Voir plus Ajouter une citation
La création est devenue de plus en plus silencieuse. Nous serons peut-être un jour les derniers bruits de nos forêts. Et c'est déjà devant des sentiers en 3D que nous courons sur les tapis roulants des salles de gymnastique.

p.286
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Nous avons tous été abasourdis, choqués, en apprenant l'immolation de cet homme près de l'entrée du site. J 'ai eu du mal à contenir ma colère. Nous ne sommes pas là pour ça. Pourquoi la recherche de la lumière suscite t-elle toujours une obscure folie ? Quelle est cette force qui vient assombrir toute clarté nouvelle ?
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Cela vient comme une clameur. Une clameur qui monte au loin. Une vague s'effondre là-bas avec le bruit sourd d'un train qui approche à vive allure. Ici, la nappe bouillonnante de l'écume laisse place au silence. Le ruissellement cesse. La mer déglutit son reflux, d'où s'échappent quelques clapots qui s'espacent avant de disparaître. Un instant, quelque chose s'est évanoui. Dans ce vide, la vague semble gonfler vers moi. J'entends sa masse s'arracher à ce qu'elle va frapper de nouveau d'un coup. Précédée de bruits de verre pilé, de gravier et de perles, elle se rend à elle-même. Elle s'abat, s'effondre et claque. On dirait du linge battu au lavoir avant de s'émousser sur les contreforts du rivage.
J'entends sa venue toute proche, son effervescence qui éclate en milliers de bulles. Elle crépite tel un feu de broussaille, lance ses bruits d'osselets ramassés paume ouverte, saisis puis rejetés. Alors seulement reviendront en même temps le reflux et la clameur au loin. Le silence aussi, cet évanouissement secret où l'eau parle sans attendre de réponse.

p.28
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Il peignait les étoiles comme on troue une histoire, en laissant le néant, pas plus grand qu'une tête d'épingle, se remplir du tout pour briller à jamais. Je me souviens qu'assis à sa table de travail, dans son atelier, tout en passant ses brosses de couleur sur le bois gravé, il s'interrogeait parfois à voix haute, posant toujours la même question. Je ne l'ai comprise que bien plus tard en remplaçant le mot "esprits" par Dieu. Il disait : "Dieu et le néant ne sont-ils pas le plein et le vide l'un de l'autre?"

p.253
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Tout en déchiffrant les pas de l'eau sur la grève, Sandra laisse venir ses souvenirs, l'installation provisoire dans la ville de Rosemère, en périphérie de Montréal, au bord de la rivière des Mille-Îles, non loin du centre d'autistes de Terrebonne où, pour la première fois, elle entendit quelque chose de sensé à propos de la maladie de Tom. On ne lui parlait plus de trouble de l'attachement ou de faute des parents, de déficience intellectuelle ou de carence émotionnelle, mais de connexions cérébrales affectant gravement le traitement de l'information.
La langue indéchiffrable des comportements autistiques trouvait sa pierre de Rosette dans les neurosciences. Tom n'était pas coupé du monde, mais coupé du sens de l'information que recevait son cerveau. Celui-ci, mal connecté, ne fonctionnait pas comme les autres.

p.22
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Notre savoir est le reflet de nos découvertes. il en est la carte très partielle, mouvante, à l'image d'un relevé effectué dans la brume, ou trop loin de la côte pour en distinguer tous les traits.

p.81
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Dans son journal, Enguerrand parle du massacre, mais il ne le décrit pas. Il ne le montre pas. Il ne l'a pas photographié.
La seule photo que nous connaissions de lui, à ce moment précis qu'il qualifie d'innommable est celle des corps souffrants mais vivants des hommes qui ont, pour un temps, échappé au massacre. Personne ne sait ce qu'il adviendra d'eux. La photo demande grâce de leur survie. Elle est à l'image du silence qui suit l'infigurable. Elle nous cache l'impuissance de Dieu, son absence.
Enguerrand prépare un ex-voto contre la guerre !
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Il n'eut le temps que d'un seul cliché, celui de tous ces regards tendus dans la même direction, exprimant le même saisissement, la même terreur, au point d'effacer toute singularité, exprimant une attraction et un effroi comme s'ils percevaient ensemble, au même moment, avec la même intensité, que la guerre invente des horreurs.
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Agés de quatorze ans, vrais jumeaux, la silhouette fine et le regard malicieux, ils étaient trop heureux de l'accompagner vers le nord. Alors que la tension semblait monter dans le village, Enguerrand savait qu'il prenait une grande responsabilité, mais les parents acceptèrent avec fierté, se disant que les uns et les autres se protégeraient mutuellement. La réalité était plus tragique. Enguerrand le comprit plus tard. Les parents savaient que les Hutus, leurs voisins de village, ceux qui tenaient les champs, écoutaient les appels de la radio à se débarrasser de la vermine tutsi et que, tôt ou tard, ils les exécuteraient tous. Ils se quittèrent avec la dignité de ne rien laisser paraître.
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Sur des étagères, il y avait son travail. Les céramiques réparées avec des épissures d'or se hissaient bien plus haut qu'une œuvre de potier ou son usage domestique. Cet art de trouver la beauté dans la cassure, de l'exaucer par la réparation, me touche au plus profond, je ressens avec une grande émotion la puissance de souligner la fêlure plutôt que de la cacher. p.236
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