Elle comprit soudain que, en Haïti, avant même l’horreur du campement, la vue des cadavres qui se consumaient dans les rues de Port-au-Prince et s’entassaient dans le parking de l’hôpital, pareils à des carcasses de voitures dans une casse, lui avait appris au moins une vérité sur la mort : aucun d’entre nous n’est spécial. Nous sommes tous éclairés de l’intérieur par une flamme unique, et lorsqu’elle s’éteint, lorsque la lumière déserte nos yeux, c’est comme si nous n’avions jamais existé. Nous ne sommes pas propriétaires de la vie, nous ne faisons que l’emprunter.