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3.91/5 (sur 28 notes)

Nationalité : France
Né(e) : 1956
Biographie :

Derek Munn est né en Angleterre en 1956. Il a travaillé sans conviction dans des emplois nombreux et variés, gardant toujours un temps pour l’écriture et la lecture.

En 1988 il s’est installé en France et a enseigné l’anglais dans une école de langue à Paris jusqu’en 1994, date à laquelle il a déménagé dans le Sud-Ouest.

Sa première nouvelle en français est parue en 2005.

Depuis il a publié régulièrement en revue.

Son roman "Mon cri de Tarzan" (Léo Scheer/ Laureli) est sorti en 2012.

Son recueil de nouvelles "Un paysage ordinaire" (Christophe Lucquin éditeur, 2014) a remporté le prix Place aux nouvelles Lauzerte 2015.

En 2017, il publie "Vanité aux fruits" (éditions L'Ire des marges - roman).

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Rencontre du 22 juin dernier à la librairie Georges entre Amélie Lucas-Gary pour son dernier roman, Vierge, et Derek Munn pour Vanité aux fruits... Où l'on entend parler d'un certain peintre injustement méconnu, dénommé Aerts...


Citations et extraits (38) Voir plus Ajouter une citation
La lecture était son jardin secret, disait-il, elle répondait que la littérature n'avait rien de secret, c'était juste des livres, il suffisait de les ouvrir.
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Aujourd'hui, même la solidarité est devenue flexible.
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Derek Munn
Tu veux dire qu'on est toujours destiné aux flammes éternelles de l'enfer.
Je veux dire que nous y sommes déjà, que nous n'avons jamais réussi à nous en sortir, elles nous consument ces flammes en ce moment même, parce que les feux de l'enfer ne sont que les fièvres des esprits malsains qui ne tolèrent pas la diversité de la vie.
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On se moque de lui, de l’air béat qu’on lui trouve pendant les jours, les semaines suivant la naissance, puis, par la suite, toujours, pour son attachement à ce poulain, cette pouliche, cette jument. Elle s’appelle comment ? Je ne sais pas, je ne lui ai pas demandé. Ça fait rire Mathilde, c’est bien.
Cette question du nom revient souvent. Jean répond diversement suivant son humeur ou la personne qui la pose. Elle n’en a pas. Elle n’en a pas besoin. Elle n’a jamais su, ou n’a jamais voulu me le dire. Je ne l’ai jamais compris. Déjà, qu’on l’appelle un cheval ne la concerne pas. M’a-t-elle donné un nom à moi ? Croyez-vous qu’en me voyant chaque jour elle se dit, voilà Jean qui arrive, mon homme ?
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l'odeur de lait, de fromage, de cuisine refroidie, nous gueule dessus comme l'essence amère de vieux secrets.
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Elle saisit le cuir enfermant le pied droit. Pendant un instant tout s’arrête. A-t-elle reparlé ?
Je recule, j’avance, c’est pareil, je voudrais ressortir sur le perron, respirer l’air tiède de la soirée, ne pas être présent. Attends. Mais quoi ? L’odeur, la tristesse, la noirceur sont étouffantes, mais si je ferme les yeux ou repousse le moment, je ne serai pas moins témoin.
Prêt ? Finalement la botte vient aisément. Élise l’a, vide, dans ses mains, comme un creux dans son corps. La chaussette exposée est crasseuse, trouée, laissant voir largement le pied sale, mais apparemment sain. Elle pose la botte, attrape la deuxième, Jean l’observe, elle a l’impression de voir ses yeux derrière un masque, elle sent qu’il s’absente, elle aimerait l’entendre dire encore une fois d’attendre.
le pied gauche pèse différemment, lui semble plus lourd, le cuir est poisseux. Attends, se dit-elle, Jean ferme les yeux, elle se sent abandonnée, elle tire. Contre une résistance visqueuse d’abord, puis contre rien, ça va trop vite, elle manque tomber, a l’impression de rester longtemps suspendue, le souffle coupé. Le temps de voir, sentir, imaginer ce ue c’est que ce pied en déliquescence. Quelques lambeaux d’une étoffe indéterminable sont enracinés dans la chair noirâtre, bleuâtre, verdâtre, suppurante. Jean a perdu conscience, des traces de larmes brillent sur son visage, Élise laisse tomber la deuxième botte, elle cache son nez dans le pli de son coude. Ensuite elle sortira, elle vomira, elle criera à l’aide.
Dans la cour, la jument patiente, elle est à l’ombre maintenant.
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Pourquoi l’Afrique ?
Bonne question. Un rêve d’enfance ? Un refus d’être adulte ? Parce que l’Afrique fait partie de mon ignorance. Parce que je n’ai rien à dire sur elle.
Aujourd’hui, il a du mal à imaginer ça comme un choix. Il a l’impression que l’Afrique a toujours été là, silencieuse, en attente. En même temps, elle n’existe pas, c’est lui qui l’a inventée. Son Afrique, un lieu où il pouvait peser sa présence en n’y étant pas. En n’étant nulle part.
Mais ce n’est pas un film sur l’Afrique. Non. Justement. Ce n’est pas un film sur l’Afrique.
Au départ, il n’a pas un endroit précis en tête. Il voit simplement un espace vide, vaste, ouvert, sans limites, plutôt désertique. Un jour, l’idée que ça pourrait être l’Afrique arrive comme une évidence. Comme s’il l’avait su avant. Tout reste parfaitement nébuleux mais cette décision, dont il ignore les implications, donne du sérieux au projet. À partir de là, il ne sera jamais question de situer le film ailleurs. C’est l’improbabilité de l’idée qui lui permet d’avancer. Le voyage, les difficultés techniques, sans parler du financement, le confrontent à une myriade d’obstacles. En s’en occupant, il met la machine en marche. Si l’imagination joue un rôle dans la fabrication du film, c’est principalement durant cette période-là pour trouver des solutions et plus encore, pour inventer des problèmes. S’immerger dans une préparation matérielle méticuleuse, se perdre dans un labyrinthe de détails, lui ouvre une liberté très cohérente avec son ignorance. C’est euphorisant, c’est aussi la meilleure façon d’éviter de penser à autre chose, comme le film même et ce qu’il contiendra.
Mais pourquoi l’Afrique ?
À Samira, il parle de deux séries vues à la télévision durant son enfance. Tarzan et Daktari. Des souvenirs comme un seul, complexe, qui le ramène dans l’appartement où il a grandi. Il ne s’agit pas d’une occasion précise, plutôt une sorte de jour générique. Il est assis sur le canapé, il regarde la télé en début de soirée. Il est seul mais ses parents ne sont pas loin, sa mère probablement en train de préparer le repas, son père bricole quelque chose, sur la voiture ou peut-être dans la cave. Il a conscience de leur présence, il se sent en sécurité. Malgré ça et malgré le bruit diffusé par le poste, il ressent une grande solitude, l’impression d’être entouré d’un énorme silence.
Daktari raconte la vie d’un vétérinaire installé avec son équipe quelque part dans la brousse africaine. Une sorte de grande famille comptant aussi une guenon et un lion qui louche. Chaque épisode voit arriver un mal qui menace la faune, les héros ou leur travail. Évidemment, tout se termine systématiquement bien. Il ne se souvient pas des personnages ni d’aucun détail des histoires, même le lion strabique lui revient seulement après coup. Demeure un sens de lieu, une lumière sèche, l’espace autour des acteurs, les fonds d’images ; une ambiance sans doute largement due à sa propre création. Le mystère, la poésie de l’Afrique, l’exotisme de la jungle, de la savane. Un monde si différent du sien, un monde jamais trop peuplé, où il fait toujours chaud, où presque tout se passe à l’extérieur.
Tarzan, c’est pareil. Il s’identifiait au personnage dans des aventures qui se suivaient infatigablement sans laisser de trace. Ne restent que la rapidité, l’assurance de ses mouvements, son cri, la jungle encore, les animaux. L’Afrique. Limitée, illimitée, sauvage, rassurante, vraie, fausse. Il se voyait naturellement dans ces espaces, se plaisant à se faire peur, s’imaginant heureux, libre, indépendant.
Daktari, il l’a appris depuis, était filmé dans un parc animalier à côté de Los Angeles. L’Afrique de Tarzan vient sûrement de plusieurs continents. Il s’en doutait peut-être même à l’époque, mais il est difficile d’évaluer son innocence, et de toute façon, ce n’est pas la fausseté d’une chose qui mine sa réalité. Il y avait quand même certaines ruptures de continuité entre des images qui le troublaient déjà. Décalages provoqués, il le sait maintenant, par l’insertion de stock-shots. Lorsqu’on voit des animaux sauvages ou pour traduire un regard lointain, quand la caméra tourne comme un personnage pour contempler l’horizon. La lumière, les tons, le grain de l’image diffèrent soudainement des plans précédents. Il a en mémoire une scène standard, qu’il s’agisse d’éléphants, girafes ou autres gazelles ne change rien. En petit groupe ou en troupeau, ils broutent, boivent, se reposent tranquillement dans un second plan hypothétique. Soudain, effrayés par un bruit, une menace censés sortir de l’action au premier plan de l’émission, ils s’enfuient, tournant le dos à la caméra.
Alors, pourquoi réellement l’Afrique ?
Curieusement, étant donné le peu de moyens à sa disposition, une fois la décision prise, il ne considère jamais l’option de faire comme ces anciennes séries, tourner ailleurs, faire l’Afrique sans l’Afrique. Il ne sait pas ce qu’il attend de l’Afrique ni ce qu’elle pourra lui offrir, mais il ne s’agit pas de disposer d’un décor exotique devant lequel dérouler son histoire ; il n’y a pas d’histoire. Il n’a rien à raconter. L’histoire sera entre le lieu et lui. Son ignorance de l’Afrique est totale, mais il ne veut pas en faire une blague, pas plus qu’il n’a l’intention de prétendre remédier à cette ignorance à travers une sorte de quête ou enquête documentaire lourde de sincérité.
Certains critiques du film parlent d’un retour aux sources, aux origines. Le berceau de l’humanité. Le monde avant l’argent, l’industrie, le chômage. Je les félicite pour leur imagination mais le film n’a pas été pensé comme ça. Heureusement sans doute, sinon j’aurais pu être tenté de monter un truc bateau avec une fille qui se serait appelée Lucy. Justement, il y a un article méprisable où l’auteur, voulant être malin sans doute, propose un lien avec le tableau de Courbet, L’Origine du monde. Buchi n’est pas Lucy. Elle n’est pas juste un symbole.
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La maison se tenait coite maintenant. Elle était drôle avec toutes ses portes béantes.
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Une photo pose toujours la question de ce qui n’est pas dans la photo.
Ne pas savoir crée une ouverture.
La fille juste derrière le garçon semble voir la même chose, sa main droite feint un calme, celle de gauche, prise dans une réaction, va saisir ou vient de lâcher un ruban retenant un ballon. C’est comme si elle était cachée derrière un arbre. Mais l’arbre n’y est plus.
Dans les rubans je vois l’ellipse du bois. Brandt aurait retouché ma mémoire comme il retouchait ses tirages.
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Une sensation d’abord, l’homme n’y est pas pour l’instant, ou est subsidiaire, c’est sa fatigue qui avance, une sensation de cuir, un cuir souple, épais, résistant, je le sens, je vois son grain. Une paire de bottes. J’ai envie de les toucher, de les mettre, mais il y a déjà des jambes, qui marchent, qui boitent. L’homme est descendu de son cheval, ils marchent ensemble, ils rentrent à la maison.
Un voyage qui persiste dans le temps.
Différents états d’usure des bottes se superposent, du cirage à la boue, jusqu’à la poussière qui couvre tout à la fin, moite, agglutinée en bas de cette de gauche dans les bajoues de cuir tombant autour du talon quand, arrivé, l’homme se laisse glisser de la selle pour la dernière fois, se tassant comme un sac de pommes de terre en prenant appui sur l’immobilité de l’animal qui maintenant détourne la tête.
Je comprends alors qu’une fois ses bottes enlevées cet homme ne marchera plus jamais.
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