Diana Richardson

Quand on vise l'orgasme,on fait toutes sortes de choses pour atteindre le niveau d'excitation qui va nous y conduire.
Cette manière d'aborder l'acte sexuel est si largement répandue,que presque tout le monde considère que c'est la seule façon de faire l'amour.

Par exemple,le fait d'avoir vécu une belle expérience sexuelle dans les jours précédents peut nous conduire à vouloir que cette expérience se reproduise.
Alors,nous ne sommes pas vraiment présents,notre attention est prisonnière d'une idée.
Il y a de multiples façons d'être dans l'attente.
Quand on fait l'amour avec plus de conscience,on peut commmencer à les répérer.

Dans notre société,la sexualité est omniprésente,dans les images publicitaires,les films,les médias...
Paradoxalement,si on a cherché à introduire une éducation sexuelle à l'école elle se limite à la biologie de la reproduction.
On ne nous enseigne pas à faire l'amour,mais avant même d'en avoir fait l'expérience,nous sommes imprégnés de tout un conditionnement.

Une bonne façon de rester conscient quand vous caressez votre partenaire est de ménager des moments de pause.
Ces pauses sont précieuses pour vous,elles vous permettent de revenir à vous-même.
Profitez de ces moments de pause pour écouter votre respiration.

Cette sexualité conventionnelle nous conditionne si fortement que,même lorsqu'on comprend que la poursuite de l'orgasme crée une forme d'absence à soi-même et à l'autre,il n'est pas facile de se défaire de cette habitude du jour au lendemain.

L'activité mentale nous éloigne du moment présent : on imagine le futur,on planifie,on s'inquiète ; on se remémore le passé,on revient sur ce qu'on a dit,ce qu'on a fait....
Comme dit Thich Nhat Hanh : je pense donc je ne suis pas vraiment là.

Dans la culture occidentale,notre éducation est principalement orientée vers le mental.
On nous apprend beaucoup à penser et très peu à sentir notre corps.
On nous apprend à faire plus qu'à être.

De nos jours,les jeunes ont accès à la pornographie via Internet et elle devient pour eux la référence.
Certaines jeunes femmes nous confient que,lors de leur premier rapport sexuel,le garçon leur a demandé de faire ce qu'il avait vu dans un film porno.
Pensant que c'est ce qu'il faut faire ou incapables de refuser,elles ont accepté et se sentent encore meurtries par cette première expérience traumatique.

Selon des études récentes, l'individu " moyennement " actif sexuellement éprouve l'orgasme 20 secondes par semaine, soit l8 minutes par an et environ 15 heures en 50 ans. Un résultat pour le moins déconcertant !

Quel cadeau d'offrir à l'être aimé une caresse qui ne demande rien !

La plupart du temps,quand nous faisons l'amour,nous voulons aller à l'orgasme .
C'est notre but.
Or dès que nous visons un but,notre attention est dans le futur.

Quand nous faisons l'amour,la qualité de notre présence à l'autre et à nous-même dépend de notre attention au moment présent.

Se projeter dans le lendemain,dans l'avenir,toujours tendre vers un objectif et se tendre dans l'effort de sa réalisation est une attitude caractéristique de la culture occidentale.

En faisant l'amour,nous sommes souvent plus dans le mental que dans le corps,plus dans les pensées que dans les sensations.

Tout se fait facilement, en douceur, naturellement et sans effort de notre part. Bien que le sexe ait été pratiqué de certaines façons durant des milliers d'années, nous ne croyons pas qu'il doive en être ainsi pour l'éternité. Au fil des ans nous avons constaté que changer la façon dont nous faisons l'amour change et renforce nos vies de manière magique, aimante, mystique. Toutefois, cette transformation s'opère uniquement par l'expérimentation personnelle, trouver l'idée séduisante ne suffit pas. Pour retrouver l'accès à la connaissance intime de notre fonctionnement, nous devons vivre l'expérience individuellement et pleinement au niveau cellulaire. Transformer notre énergie sexuelle de base en une haute vibration d'amour, comme nous le décrivons dans les chapitres qui suivent, entraine une élévation de notre niveau de conscience et d'amour tant sur le plan personnel que sur le plan social. Durant toutes ces années de travail dans le domaine de la sexualité, il est arrivé que certains couples ayant suivi notre séminaire se séparent naturellement et choisissent des voies différentes.

Nos connaissances sont fondées sur notre expérience personnelle et ont été confirmées par les témoignages des milliers de couples qui ont participé à notre séminaire «Making Love Retreat» lors des vingt-cinq dernières années. Durant ces retraites, il n'y a pas de nudité, pas d'échange de partenaire, et chaque individu du couple s'engage envers l'autre pour la durée de la retraite. L'ambiance est pleine de respect, de soutien et professionnelle. Parfois en parlant avec certains couples, nous partageons la chance que nous avons de pratiquer le plus beau métier du monde. C'est un pur plaisir et pas vraiment un travail. Nous éprouvons une grande joie à voir les couples retrouver un amour qui stagnait juste sous nos yeux. Et ce n'est pas un couple, mais vingt-cinq couples en même temps qui retrouvent l'amour en quelques jours seulement.

Le premier pas est de changer d'état d'esprit par rapport à la sexualité. En changeant de perspective, nous donnons à notre corps la possibilité de s'exprimer et lui ouvrons ainsi de nouveaux champs d'expérience. Généralement, nous lui imposons nos idées sur la sexualité et le poussons à coopérer ; nous lui demandons de répondre aux attentes et aux désirs de toute sorte que nous associons à la sexualité. De telles pressions ont fait de l'union sexuelle un acte fébrile et tendu vers un seul but, et pourtant, notre corps est intimement comblé lorsque l'échange se fait dans la lenteur, la tendresse, l'ouverture.

Dans la mouvance du mouvement «Slow Food», j'ai été ravie que mon éditeur me propose d'écrire un livre intitulé «Slow Sex». C'est un sujet qui me passionne. Mon partenaire Michael et moi-même animons des séminaires d'une semaine pour couples intitulés «Making Love Retreat» depuis 1993. Au cours de ces séminaires, nous enseignons aux couples une nouvelle approche de la sexualité. Nous proposons de ralentir et d'être pleinement présent à chaque instant de la relation sexuelle au lieu de faire l'amour d'une façon active, si intensément tournée vers l'orgasme que nous passons à côté de la possibilité de ressentir de subtiles nuances tout au long de l'union sexuelle.
En bref nous enseignons aux couples comment cultiver la lenteur dans l'acte sexuel. Pour nous, il est tout à fait clair que, quand les couples abordent la relation sexuelle d'une manière plus tranquille, en savourant et en dégustant chaque moment lentement, en conscience, ils développent plus de sensibilité, plus de sensualité et éprouvent plus de satisfaction. Après l'acte sexuel, ils se sentent nourris par l'amour en profondeur, ils rayonnent dans leur puissance en tant que couple, et en tant qu'individus.

SlowSex pour les hommes vient aussi compléter le livre publié précédemment Tantric Sex for Women, qui serait en fait, selon l'avis de bien des hommes, un livre pour hommes. Toutefois, explorer la sexualité d'un point de vue spécifiquement masculin présente un grand intérêt. Les lecteurs pourront aussi se référer à d'autres ouvrages : The Heart of tantric sex : A Unique Guide to Love and Sexual Fullflllment, traduit et publié en français aux éditions du Gange sous le titre L'extase sexuelle, et SlowSex, traduit en français et publié aux éditions Almasta. Ces ouvrages parlent des «Clés de l'Amour» et donnent de nombreux conseils à propos de l'amour physique qui n'apparaissent pas nécessairement dans le présent ouvrage. Dans ce texte notre intention est d'apporter une vision complètement nouvelle de la sexualité, une vision qui amène un changement évolutif et révolutionnaire dans notre façon de penser la sexualité et donc dans notre façon de la vivre. Par un changement d'état d'esprit, on peut décider de laisser notre corps se détendre dans sa sagesse innée et lui permettre de s'exprimer selon sa nature.

Il existe une multitude de livres sur la sexualité proposant toute une série de techniques décrites sous le terme d'«approche active» ou «approche dans le faire». Très peu de choses ont été écrites sur une approche de la sexualité dans le «non-faire» ou une approche dans la détente, c'est pourquoi nous avons décidé d'écrire ce livre et nous l'avons fait du point de vue de l'homme. L'approche dans le «non-faire» n'est pas une technique, mais plutôt l'opportunité de se transformer en changeant la façon de s'exprimer sexuellement et en orientant sa sexualité vers une union méditative dans laquelle on laisse les organes génitaux suivre leur intelligence innée.