Nous sommes impuissants contre la sottise. Nous n'obtenons rien, ni par nos protestations ni par la force ; le raisonnement n'opère pas ; les faits qui contredisent ses préjugés, le sot ne voit pas la nécessité de les croire - dans ce cas, il va jusqu'à devenir critique - et lorsqu'ils sont implacables, il peut les mettre de côté comme cas isolés sans signification. Contrairement au méchant, le sot est entièrement satisfait de lui-même ; il devient même dangereux lorsque, facilement irrité, il passe à l'attaque.
Bonhoeffer écrit durant sa captivité: « Ma méfiance et ma peur de la "religiosité" sont devenues ici plus grandes que jamais. Je réfléchis souvent au fait que les Israélites ne prononcent jamais le nom de Dieu et je le comprends toujours mieux. » Surtout, Bonhoeffer perçoit dès 1933 qu'une Église allemande qui, en acceptant le paragraphe aryen dans l’Église, exclut de ses rangs les chrétiens et les pasteurs d'origine juive, n'est plus l’Église du Christ. Il y voit une perversion, une hérésie au sujet du Christ et une mise à mort de l’Église fondée sur la Révélation divine en Jésus de Nazareth, qui était juif.
Si donc l'humilité est en premier lieu l'attitude conforme du prédicateur vis-à-vis de Dieu et de sa Parole, le naturel, au sens d'une extrême discrétion, est l'attitude conforme du prédicateur envers la communauté (page 81).
Mais D. Bonhoeffer, en nous confrontant à la question de la vérité de notre existence et de notre foi, provoque éminemment à la question du lien entre théorie et pratique, entre foi et éthique. Par là, il conduit à repenser, en toute vérité, dans sa profondeur et sans faux-fuyant, la question de l'unité de notre être humain et chrétien.
Un des traits fondamentaux qui se dessine à l'écoute de D. Bonhoeffer est de nous renvoyer à nous-mêmes. A l'instar de Bonhoeffer, qui peut être perçu comme "quelqu'un qui s'est levé tôt pour entreprendre à ses frais un voyage vers la réalité", vers la vérité de son être d'homme et de croyant, sa pensée et sa vie nous interpellent directement. Une invitation est lancée pour un "retour au centre", un retour sur nos propres convictions: Qu'est-ce que croire? Qu'est-ce que vivre? Que dois-je faire en tant qu'homme? Et si je suis croyant, qu'est-ce que Dieu me "commande"? L'invitation se prolonge dans le geste qui fait passer de la possibilité de mon existence à sa réalité.
Si vous prenez le mauvais train, il est inutile d'arpenter les couloirs dans la bonne direction.