« Les tueurs voient l?enfer que nous avons sous nos pieds, tandis que nous, nous ne voyons que les fleurs? »
Dans les montagnes sauvages du Frioul, en Italie, le commissaire Teresa Battaglia, la soixantaine, la langue acérée et le coeur tendre, est appelée sur les lieux d?un crime pour le moins singulier : un homme a été retrouvé mort, les yeux arrachés. À côté de lui, un épouvantail fabriqué avec du cuivre, de la corde, des branchages? et ses vêtements ensanglantés.
Pour Teresa, spécialiste du profilage, cela ne fait aucun doute : le tueur frappera à nouveau. Elle va devoir rassembler toute son énergie et s?en remettre à son expérience pour traquer cette bête humaine qui rôde dans les bois. Si tant est que sa mémoire ne commence pas à lui faire défaut?
Une auteure au talent magistral.
Un thriller au rythme implacable.
Une héroïne d?une extraordinaire humanité.
« L?Italie tient enfin sa reine du thriller ! » Sandrone Dazieri.
« Inoubliable ! » Donato Carrisi.
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Elle resta donc toute seule dans cette maison isolée si loin du village, sur la lisière du bois. Elle n'avait pas peur, du reste, étant de la même race que ses hommes, une rude vieille, haute et maigre, qui ne riait pas souvent et avec qui on ne plaisantait point. Les femmes des champs ne rient guère d'ailleurs. C'est l'affaire aux hommes, cela ! Elles ont l'âme triste et bornée, ayant une vie morne et sans éclaircie. Le paysan apprend un peu de gaieté bruyante au cabaret, mais sa compagne reste sérieuse avec une physionomie constamment sévère. Les muscles de leur face n'ont point appris les mouvements du rire.
La Mère Sauvage (p.1218)
Alors, soit par une de ces ententes tacites, de ces complaisances voilées, où excelle quiconque porte un habit ecclésiastique, soit simplement par l'effet d'une inintelligence heureuse, d'une secourable bêtise, la vieille religieuse apporta à la conspiration un formidable appui. On la croyait timide, elle se montra hardie, verbeuse, violente. Celle - là n'était pas troublée par les tâtonnements de la casuistique ; sa doctrine semblait une barre de fer ; sa foi n'hésitait jamais ; sa conscience n'avait point de scrupules. Elle trouvait tout simple le sacrifice d'Abraham car elle aurait immédiatement tué père et mère sur un simple ordre venu d'en haut ; et rien à son avis, ne pouvait déplaire au Seigneur quand l'intention était louable.
Boule de suif (p.113).
L'année 1921.
Un détachement de la Légion étrangère est en marche à travers les dunes qui dominent la piste pour Sidi Bel Abbès, dans le haut Sahara algérien.
Mais bientôt la conversation reprit entre les trois dames que la présence de cette fille avait rendues subitement amies, presque intimes. Elles devaient faire, leur semblait-il, comme un faisceau de leurs dignités d'épouses en face de cette vendue sans vergogne ; car l'amour légal le prend toujours de haut avec son libre confrère.
Boule de suif (p.91-92).
Cette lutte épouvantable entre la mort et la résurrection se poursuivit jusqu'à l'aube et la mort qui suivait chaque nouvelle résurrection semblait plus définitive et inexorable.
Aux lecteurs
Amis lecteurs qui lisez ce livre,
Dépouillez-vous de toute passion,
Et, en le lisant, ne vous scandalisez pas :
Il ne contient ni mal ni infection.
il est vrai qu'ici vous n'apprendrez
Que peu de perfection, sinon pour le rire ;
Autre sujet mon coeur ne peut choisir,
En voyant le deuil qui vous mine et vous consume :
Il vaut mieux écrire du rire que des larmes,
Parce que rire est le propre de l'homme.
VIVEZ JOYEUX !
Et tranquillement ils se mirent à discuter, débrouillant les grands problèmes politiques avec une raison saine d'hommes doux et bornés, tombant d'accord sur ce point, qu'on ne serait jamais libres. Et le Mont-Valérien tonnait sans repos, démolissant à coups de boulets des maisons françaises, broyant des vies, écrasant des êtres, mettant fin à bien des rêves, à bien des joies attendues, à bien des bonheurs espérés, ouvrant en des coeurs de femmes, en des coeurs de filles, en des coeurs de mères, là-bas, en d'autres pays, des souffrances qui ne finiraient plus.
"C'est la vie", déclara M. Sauvage.
"Dites plutôt que c'est la mort", reprit en riant Morissot.
Deux amis (P. 736)
A côté d'eux se tenait, plus digne, appartenant à une caste supérieure, M. Carré-Lamadon, homme considérable, posé dans les cotons, propriétaire de trois filatures, officier de la légion d'honneur et membre du Conseil général. Il était resté tout le temps de l'Empire chef de l'opposition bienveillante, uniquement pour se faire payer plus cher son ralliement à la cause qu'il combattait avec des armes courtoises, selon sa propre expression. Mme Carré-Lamadon, beaucoup plus jeune que son mari, demeurait la consolation des officiers de bonne famille envoyés à Rouen en garnison.
Boule de suif (p.89).
Depuis son entrée en France avec l'armée d'invasion, Walter Schnaffs se jugeait le plus malheureux des hommes. Il était gros, marchait avec peine, soufflait beaucoup et souffrait affreusement des pieds qu'il avait fort plats et fort gras. Il était en outre pacifique et bienveillant, nullement magnanime ou sanguinaire, père de quatre enfants qu'il adorait et marié avec une jeune femme blonde, dont il regrettait désespérément chaque soir les tendresses, les petits soins et les baisers. Il aimait se coucher tard et se lever tôt, manger lentement de bonnes choses et boire de la bière dans les brasseries. Il songeait en outre que tout ce qui est doux dans l'existence disparaît avec la vie ; et il gardait au coeur une haine épouvantable, instinctive et raisonnée en même temps, pour les canons, les fusils, les révolvers et les sabres, mais surtout pour les baïonnettes, se sentant incapable de manoeuvrer assez vivement cette arme rapide pour défendre son gros ventre.
L'Aventure de Walter Schnaffs (P. 793)
La pluie tombait à flots, une pluie normande qu'on aurait dit jetée par une main furieuse, une pluie en biais, épaisse comme un rideau, formant une sorte de mur à raies obliques, une pluie cinglante, éclaboussante, noyant tout, une vraie pluie des environs de Rouen, ce pot de chambre de la France.
Mademoiselle Fifi ( p. 385).