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Citation de Marc21


Prisonnier d'un amour faux et trompeur, le cerveau ne lui appartenant plus, Laïde y avait pénétré et le lui desséchait le lui mangeait. Dans le moindre repli caché de ce cerveau dans sa plus infime retraite aussi souterraine fût-elle, partout où il pouvait tenter de se replier pour trouver un instant de répit, n'importe où, tout au fond, il la trouvait toujours; elle ne le regarde même pas, elle ne s'aperçoit même pas de sa présence, accrochée qu'elle est au bras d'un jeune homme, elle s'élance dans d'impudiques danses se laissant tripoter de partout par un partenaire dégoûtant et malpropre, elle se déshabille sous les yeux du chef comptable Fumaroli qu'elle connaît depuis une minute à peine, elle, malédiction! toujours elle, sauvagement installée dans son cerveau, et qui de son cerveau regarde tous les autres, téléphone aux autres, joue et fornique avec les autres, entre sort et s'en va toujours dans une frénétique agitation courant à ses rendez-vous ses affaires et ses mystérieux trafics. Et tout ce qui n'était pas elle, tout ce qui ne la concernait pas, tout le reste du monde, le travail, l'art, la famille, les amis, les montagnes, les autres femmes les milliers et milliers d'autres femmes splendides, et même beaucoup plus belles et plus sensuelles qu'elle, de tout cela plus rien ne lui importait, que tout cela aille au diable, elle seule elle seule, Laïde, pouvait le soulager de cette insupportable souffrance et point n'était besoin qu'elle se laissât posséder ni même qu'elle se montrât particulièrement gentille, il suffisait qu'elle fût avec lui, près de lui, qu'elle lui parlât et qu'au moins pour quelques minutes même si c'était contre sa volonté elle se rendît compte qu'il existait, c'était seulement dans ces trop brefs instants de répit qui ne survenaient que rarement et duraient le temps d'un soupir, seulement alors qu'il trouvait la paix. Cette fournaise dans sa poitrine s'apaisait, Antonio redevenait lui-même, son intérêt pour la vie le travail retrouvait un sens, les mondes poétiques auxquels il avait dédié sa vie recommençaient à resplendir de leurs antiques charmes et un indescriptibles soulagement se répandait dans tout son être.
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