En politique, le romantisme ne mène qu'à des bêtises.
On a parlé dans le cas de Pillat d'un "destin accompli". C'est du moins ainsi que le considéra son épouse Cornelia, quand, onze ans après sa sortie de prison, Dinu Pillat mourut à l'âge de cinquante-quatre ans. Pourquoi ne parlerait-on pas plutôt dans son cas comme dans celui des autres, de "destins brisés"? Parce que nombre de ceux qui furent emprisonnés–Noica, Pillat, Steinhardt certainement–, sortirent de prison, humainement parlant, plus beaux qu'en y entrant. La détention n'avait pas tué en eux ce qui faisait leur singularité, elle en avait accentué les traits. Ils ont vécu de façon plus belle, c'est-à-dire plus vaste dans leur relation aux hommes et à Dieu, ils ont transfiguré leur souffrance, ils sont devenus meilleurs, ils ont compris davantage, ont écrit avec plus de profondeur et ont joui avec ingénuité des formes fondamentales de manifestation des créatures.
(p. 210, extrait de "La biographie d'un livre", par Gabriel Liiceanu)
Sur la commode, Mor-Mor, le petit ours en peluche, seul survivant de sa ménagerie de petite fille, regardait Liliana avec ses yeux ronds en porcelaine, ne sachant plus comment venir en aide à sa maîtresse.
(p. 128)