Cependant, nous étions habituées à ne pas nourrir trop d'espoirs, dans les camps, ayant appris par l'expérience que nos attentes ne se concrétisaient jamais. Chaque jour, chaque mois et chaque année avait apporté son lot de souffrances pires que celles endurées jusqu'alors. Nous avions depuis longtemps renoncé à tout espoir de vie meilleure. En plus d'être stupide, un tel comportement aurait été douloureux. Chaque nouvelle déception était plus difficile à encaisser, et plus le moral sombrait, plus il était difficile de fournir l'effort nécessaire pour continuer à survivre. Être optimiste ne faisait que saper vos forces.
J'ai ainsi le sentiment de passer à côté du présent, de ne pas en profiter. En voulant trop contrôler ma vie,je ne lâche jamais prise, je ne me détends jamais vraiment, en permanence consciente de mon "entité gardienne" qui ne cesse de me juger.
J'acceptais la cruelle réalité selon laquelle je n'obtiendrais pas ce que je désirais, certainement pas prochainement et dans doute jamais. Il me fallait faire preuve de patience,me répétais je,en espérant que mes vœux deviendraient réalité plus tard. Ou jamais.