Il avait fabriqué sa chaumière, comme un lecteur se fabrique lui-même, et fabrique un monde, avec mille fragments, à mesure qu’il lit.
Si quelqu’un s’imaginait qu’il cultivait les fleurs de sa sépulture, il fallait qu’il sache que les roses, les œillets, leurs surprises quotidiennes, chacune des prunes auxquelles il trouvait presque un goût d’ananas des Açores, représentaient pour le capitaine les visages et les âmes de tous ceux qui, morts entre ses mains ou témoins de ce qu’elles avaient commis, lui offraient à présent leur silence éternel, plantés là, réclamant l’eau de son arrosoir, la nourriture de son puits.