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Citation de enjie77


Le suicide de Romain Gary, c'est la détonation d'un coup de feu. Celui de Stefan Zweig, la diffusion silencieuse et dévastatrice d'un poison mortel.
Tous deux ont laissé un message d'adieu à leurs amis, avant de se retirer. Mais autant l'adieu de Gary est sarcastique et se clôt sur un amer '"Je me suis bien amusé, au revoir et merci!" où l'on entend en écho ses personnages les plus ironiques, Gengis Cohn ou Émile Ajar, autant Zweig se montre consolateur et plein d'égards, tandis que la nuit l'enserre.
Je n'ai pas pu écrire sa biographie sans é prouver à chaque instant son emprise, gravée au plus profond. Dès qu'on lit Zweig, la lumière s'éteint, les contours de la réalité s'estompent et c'est une autre réalité qui surgit : celle des rêves dont il a le secret. Le biographe, comme le lecteur, pénètre dans une atmosphère étouffante, hypnotique, et espère une aube qui ne vient pas. J'essayai de démontrer le plus étrange paradoxe de Zweig : tout ce que ce grand neurasthénique écrit a une puissante force de consolation. On se sent immédiatement compris, aimé, absous, grâce à lui. A Vienne, à Salzbourg, à Londres, à Pétropolis, partout où il est passé et où je suis allée le chercher, le paysage s'efface, perd son pittoresque, tout est dépouillé. Ce qui apparaît alors, grâce à cette personnalité poétique et pudique, habitée de sombres visions, c'est un univers qu'on ne soupçonnait pas. Une espèce d'outre-monde où la tendresse circule à flots.

page 151 - C'est pour moi, la biographie la plus inoubliable que j'ai lue tant Dominique Bona s'est identifiée à Zweig.
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