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Citations de Dominique Bona (396)


Mon cher Joseph Kessel,

"Le Lion" est magnifique. C'est peut-être le plus beau de vos livres. Cela marche, court, s'émeut, éclate et retentit. Votre talent est très grand et vous en distribuez les fruits, largement, tout de go, sans artifices apparents de la pensée ou du style. Merci.

Croyez bien, mon cher Joseph Kessel, que je vous tiens pour un des miens, aujourd'hui autant que jamais.

Bien amicalement vôtre.

Charles de Gaulle
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"Chant des partisans

Ami, entends-tu le vol noir des corbeaux sur nos plaines ?
Ami, entends-tu les cris sourds du pays qu’on enchaîne ?
Ohé, partisans, ouvriers et paysans, c’est l’alarme.
Ce soir l’ennemi connaîtra le prix du sang et les larmes.

Montez de la mine, descendez des collines, camarades !
Sortez de la paille les fusils, la mitraille, les grenades.
Ohé, les tueurs à la balle et au couteau, tuez vite !
Ohé, saboteur, attention à ton fardeau : dynamite...

C’est nous qui brisons les barreaux des prisons pour nos frères.
La haine à nos trousses et la faim qui nous pousse, la misère.
Il y a des pays où les gens au creux des lits font des rêves.
Ici, nous, vois-tu, nous on marche et nous on tue, nous on crève...

Ici chacun sait ce qu’il veut, ce qu’il fait quand il passe.
Ami, si tu tombes un ami sort de l’ombre à ta place.
Demain du sang noir séchera au grand soleil sur les routes.
Chantez, compagnons, dans la nuit la Liberté nous écoute...

Ami, entends-tu ces cris sourds du pays qu’on enchaîne ?
Ami, entends-tu le vol noir des corbeaux sur nos plaines ?
Oh oh oh oh oh oh oh oh oh oh oh oh oh oh oh oh... "

https://resister-art-litterature.jimdofree.com/resister-en-france-libre/le-chant-des-partisans/
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Cette Russie de Kessel, même embellie à travers les yeux de l'enfance, n'était décidément pas littéraire, confinée à des romans, à des récits, à des nouvelles qui en portaient la trace. Elle débordait sur sa vie, expliquait bien des folies, bien des extravagances. Elle l'exaltait, lui faisait du bien, en partie. Mais elle contenait en même temps, et Druon, en avait la plus claire conscience, sa part de malheur. Kessel, il n'en doutait pas, était habité par les dibbouks, ces esprits malins qui, dans la mythologie juive, pénètrent le corps et l'âme des vivants et ne les lâchent plus. Les dibbouks insinuent en vous le remord de la faute, le regret de ce qui n'est plus ou de ce qui aurait pu être, jusqu'à votre fin dernière.

De ces démons qui le terrifiaient et avaient sur lui une emprise obsédante, Jef voulait protéger Maurice. Il avait l'espoir de lui épargner ce qui avait conduit Lola (Lazare - père de Maurice) au suicide et qui le tourmentait lui-même, menaçait forcément Georges aussi, la maléfique influence qui avait toujours plané sur eux trois. Elle polluait leur esprit avec les miasmes d'un imaginaire plein de progroms, de villages incendiés, de tribus enterrées vivantes dans la neige, et de cavaliers kirghizes qui chevauchent la nuit, alors qu'ils sont morts.

page 115 -
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Ce qu’elle peint, c’est un monde idéal. Un monde dont elle rêve. Un monde serein et doux, préservé des duretés de la vie. Un monde féminin et comme à fleur de peau, concentré dans le bonheur des instants, dans le mirage d’une éphémère plénitude. Berthe Morisot ne peint pas ce qu’elle est, cette femme passionnée et combative, tendue vers un improbable et douloureux accomplissement. Elle peint ce qu’elle voudrait être : la femme paisible et détachée de tout, capable de se fondre dans le sourire d’un enfant, ou dans la caresse d’un rayon de lumière. Capable d’union, d’extase.
Sa propre vie lui pèse. Et il est probable que le bonheur - ce bonheur qu’elle sait si bien décrire - lui a toujours échappé.
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Personne ne m’avait parlé comme elle de l’existence future et j’espérais qu’il y aurait un jour quelqu’un pour m’enseigner l’au-delà et pour me rassurer au moment du grand passage, comme elle s’acharnait à le faire auprès de cette âme rebelle de son fils préféré. Saurais-je moi-même, si j’étais par malheur prématurément séparée de ma fille, entretenir avec elle ce lien miraculeux, à la fois ténu et puissant, ce lien d’amour que la mort ne peut détruire ?
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Paul Claudel : "Une œuvre de Camille Claudel dans le milieu de l'appartement est, par sa seule forme, de même que ces roches curieuses que collectionnent les Chinois, une espèce de monument de la pensée intérieure, la touffe d'un thème proposé à tous les rêves".

Je n'avais pas du tout l'intention, au départ, d'écrire une biographie de Camille Claudel. D'autres l'avaient écrite avant moi, je ne pensais pas avoir quoi que ce soit à rajouter à ces récits romanesques, à ces portraits émouvants, à ces études de spécialistes de la sculpture du XIXème siècle. J'aimais Camille mais tout le monde l'aimait : la réhabilitation était déjà en cours. Ce que je voulais plutôt tenter, c'était une biographie croisée. Et même entrecroisée ou entrelacée. Une biographie intimement liée du frère et de la sœur.

page 230
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Le noir de Manet, l'emblème de son style, c'est un noir qui brille et s'irise des autres couleur de sa palette ; ni funèbre ni sinistre, un noir dynamique et joyeux. Ardent, comme les yeux de Berthe --- la femme qui illustre le mieux la couleur qu'il préfère. p 93
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Maurice Druon - Volupté d'être :

Voici son héroïne : "Elle choisissait bien ses amants et laissait rarement passer un homme célèbre à sa portée dans lui organiser un souvenir. Elle faisait l'amour avec la gloire, et son lit était un Panthéon."

page 298
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La tendresse a des secondes qui battent plus lentement que les autres ...
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Le jeune homme derrière lui (Kessel) pourrait être son fils. Quoique beaucoup plus mince avec des cheveux roux, un teint très pâle, marqué de traces roses par l'effort, leur ressemblance est frappante.

Ils ont le même masque aux traits sculptés, la même implantation de cheveux, drue et léonine, et puis ce regard clair, à nuance de vert chez Kessel, nettement bleu chez lui. A l'allure aussi, on leur reconnaît un semblant de parenté, car ces deux marcheurs traqués, ces fugitifs, évoquent plutôt, par leur solidité, leur manière de porter haut le regard, des seigneurs de la steppe, d'indomptables nomades. Kessel, tout en puissance, avance en écrasant le sol tandis que le jeune homme, élégant en toutes circonstances, a plutôt l'air d'un cavalier tenant par la bride un cheval imaginaire.

page 15
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(Les doigts) Ils laissent leurs traces non seulement dans les esquisses ou lors du travail en cours mais dans les oeuvres les plus achevées. Il suffit de regarder de près n’importe qu’elle sculpture de Camille : l’empreinte des doigts y est toujours visible. Avant même la signature, avant toute impression d’ensemble, et bien qu’elle aime polir et lisser ses terres, ce sont eux que l’on voit d’abord, ces doigts agiles et sensuels, ces doigts puissants de Camille.
Pour modeler la terre, tous les doigts sont requis, surtout le pouce droit, mais le reste de la main travaille aussi. La paume lisse ou aplatit ; quant au coussinet, à la naissance du poignet, il permet de tasser, de compacter. Et puis, les ongles que les sculpteurs gardent aussi effilés que ceux des guitaristes ; ils tracent le sillon à la commissure des lèvres ou la ride au coin des paupières. Il y a, bien sûr, d’autres outils ; l’ébauchoir, principalement, mais aussi les mirettes, le fil d’acier, les râpes et l’os de mouton... Camille y aura recours pour compléter le travail des mains, qui restent l’outil premier, l’outil essentiel.
Après les mains de l’artiste, le corps.
Sculpter suppose de la force et une bonne santé. Les muscles des bras, dont Valéry admirait la beauté chez Camille, sont révélateurs. Pas de bras mous chez les sculpteurs.
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Ma rencontre avec Romain Gary a pris avec le temps le relief et la couleur des songes. S'il m'est arrivé de croire que je l'avais vraiment, intimement connu, je sais aussi que je l'ai perdu. Il m'arrive de penser à lui, de parler de lui - de ses livres avant tout - comme s'il était vivant. Mais la nuit l'entoure. Une nuit sombre et menaçante, où comme en Afrique, berceau de tous les vaudous, les étoiles sont les âmes des éternels errants.

page 36
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Le suicide de Romain Gary, c'est la détonation d'un coup de feu. Celui de Stefan Zweig, la diffusion silencieuse et dévastatrice d'un poison mortel.
Tous deux ont laissé un message d'adieu à leurs amis, avant de se retirer. Mais autant l'adieu de Gary est sarcastique et se clôt sur un amer '"Je me suis bien amusé, au revoir et merci!" où l'on entend en écho ses personnages les plus ironiques, Gengis Cohn ou Émile Ajar, autant Zweig se montre consolateur et plein d'égards, tandis que la nuit l'enserre.
Je n'ai pas pu écrire sa biographie sans é prouver à chaque instant son emprise, gravée au plus profond. Dès qu'on lit Zweig, la lumière s'éteint, les contours de la réalité s'estompent et c'est une autre réalité qui surgit : celle des rêves dont il a le secret. Le biographe, comme le lecteur, pénètre dans une atmosphère étouffante, hypnotique, et espère une aube qui ne vient pas. J'essayai de démontrer le plus étrange paradoxe de Zweig : tout ce que ce grand neurasthénique écrit a une puissante force de consolation. On se sent immédiatement compris, aimé, absous, grâce à lui. A Vienne, à Salzbourg, à Londres, à Pétropolis, partout où il est passé et où je suis allée le chercher, le paysage s'efface, perd son pittoresque, tout est dépouillé. Ce qui apparaît alors, grâce à cette personnalité poétique et pudique, habitée de sombres visions, c'est un univers qu'on ne soupçonnait pas. Une espèce d'outre-monde où la tendresse circule à flots.

page 151 - C'est pour moi, la biographie la plus inoubliable que j'ai lue tant Dominique Bona s'est identifiée à Zweig.
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Avec son caractère absolu, son goût de la perfection et sa recherche exaltée de la vérité, de l’harmonie, de la touche juste, Berthe Morisot apparaît comme un être que tend une volonté extrême. La vie ne cesse de la décevoir. Elle se déçoit plus souvent elle-même, incapable qu’elle est encore de transmettre ce qu’elle possède au fond de soi. Des trésors de sensibilité peinent à jaillir à la lumière. (..)
Au quotidien, elle exprime peu ses sentiments.
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Par les couleurs et par le coup de pinceau, bien des Morisot des années 1880-1890, ceux qui représentent des cygnes blancs glissant à la surface d’un lac, ou les effets du vent dans une futaie au bord de l’eau, annoncent les dernières toiles de Monet - ces Nymphéas qu’il ne commencera à peindre qu’après sa mort mais dont elle aura elle-même, dans ses pastels et ses aquarelles, pressenti ou préfiguré les sensuelles abstractions. Le premier nénuphar, c’est elle : « un nénuphar blanc », aujourd’hui disparu, mais dont Stéphane Mallarmé et Claude Monet ont eu entre les mains un exemplaire. Un nénuphar au crayon de couleur, suggéré en quelques volutes à peine, simples et douces. Elle l’avait imaginé pour illustrer un poème en prose de son ami Mallarmé, ainsi intitulé dans le recueil du Tiroir de laque ; or, ce dernier a toujours raconté combien ce dessin avait fasciné Monet.
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Degas sait voir le malheur, la détresse dans les yeux et les gestes de ceux qu'il peint, et il sait arracher aux femmes leurs secrets, violents ou délicats.
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Malgré ses traits de dur, ses manières souvent brutales, Gary semble receler, derrière la façade, des trésors de tendresse et de sensibilité : celles qui ont lu ses romans sont les premières conquises. Il est, avec elles, un macho nostalgique du bonheur, qui les protège toutes, mais qu'elles consoleraient...
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Mon anniversaire qui tombe fin juillet, marquait le départ de certains vers d'autres horizons, le mois d'août nous dispersait. Je retrouvais une relative solitude dans le mas familial, au parfum de pêches et de vignes. Nous avions fêté mes dix-huit ans dans une folie douce et la musique des Rolling Stones. J'avais été comblée de cadeaux : j'ai toujours près de moi, aujourd'hui, le lion en peluche, gardien de la mémoire de mon adolescence heureuse. Et j'ai gardé un autre de ces cadeaux , parce qu'il est lié à moi de la manière la plus mystérieuse et la plus profonde : un petit Poche. Sa couverture n'a jamais fané et ses pages, lues et relues, ont encore le parfum des vacances et de la Méditerranée. Il porte le plus beau des titres de roman : Les Racines du Ciel. Et c'est dans ses pages brûlantes, au goût de sel, que j'ai connu Gary.

J'hésite à prononcer le mot "coup de foudre" parce qu'il est ressassé; banal, à force d'être utilisé à tout propos. Mais c'est pourtant ce que j'ai ressenti, cet été là. La rencontre a été violente, définitive. "Love at first sight". La foudre est tombée sur moi.

Page 22
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Aucune autre femme n’aura autant posé pour Edouard Manet que Berthe Morisot.
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Il n'y a rien de plus dangereux que les rêves. Les miens tenaient une grande place dans ma vie. Ils venaient tout à coup de trouver, par une grâce du hasard ou de la chance, une occasion de s'enflammer. Les contes nourrissaient mes chimères. Ils m'entraînaient au-delà de mes désirs naïfs, au-delà des sphères de ma pauvre imagination, au-delà de moi-même et des miens, dans un royaume inconnu, sans limites et sans garde-fous, qui me semblait aussi vaste que l'univers, aussi profond que la mer.
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