L'annonce d'une leucémie est d'une telle violence qu'aujourd'hui encore je ressens dans le coeur cette bombe qui a éclaté - alors, cette immense fatigue qui rongeait ma Laurette depuis plusieurs semaines portait l'horrible nom de cancer ? La première nuit dans la service d'hématologie est terrible : on m'installe un lit de camp et je ne vais plus quitter ma fille, douleur contre douleur, peau contre peau, je suis l'énergie qui va battre de mal, l'amour en tant que rempart, la confiance comme viatique.
Je ne sais toujours pas si le courage existe ; c'est davantage une prise de conscience, une succession de hasards, un faisceau de confluences qui font que, soudainement, on peut aller de l'avant, saisir l'instant, prendre la barre et mener le combat.
Quand on regarde la mort différemment, on peut établir un contact heureux et paisible avec celui qui est parti. Je le souhaite à chacun, d’autant que, si l’on nous a arraché un morceau de notre cœur, c’est certainement pour laisser plus de place au ciel !
Les morts sont les invisibles mais ne sont pas les absents.