Editions Somogy

Nancy et son formidable musée de l'école de… Nancy. Avec sa formidable collection de verreries. Pour moi, Gallé est associé à Meisenthal… mais, malgré par certains côtés son complexe de supériorité, le lieu est formidable, comme les pièces et photographies de ce livre.

J'avais connu Renefer par des dessins déliés, des aquarelles parfois bluffantes. Et puis un jour je suis tombé par hasard sur ce carnet de poilu, feuille de gauche manuscrite, feuille de droite, une aquarelle, qui fait 80 pages, pas plus grand qu'un bloc-notes pour aller dans la poche du pantalon. Je me suis dit, mais ça me dit quelque chose ce Renefer. Effectivement c'était bien lui.



Dans ce Belle petite Monde, dédié à sa fille de huit ans, alors que lui est au front, on voit des uniformes bleu gris dans un ton un peu délavé, mais c'est surtout l'oeil de Renefer que je regarde, toujours à rechercher le point de vue qui vous garantit un spectacle, une scène de première fraîcheur, inopinée, furtive, instantanée, mais qui va illustrer une épopée de notre histoire comme un témoignage qui ne nous est remonté que rarement.



Entre deux obus j'imagine,



"Les soldats pensent toujours à leur petite famille. Celui-ci écrit justement à sa petite fille en lui disant qu'il lui envoie une jolie petite bague.

Cela me fait penser que je vais t'envoyer la tienne qui est faite "



Leur petite famille, c'était aussi leur chérie à qui ils pensaient beaucoup sans forcément le dire

« Belle Petite Monde » est un objet un peu particulier, comme expliqué par la quatrième de couverture. C’est la tendresse d’un père de 35 ans pour sa fille de 8 ans à travers le lien qu’il ne peut entretenir avec elle qu’à distance, à travers un carnet de croquis (l’homme, Raymond Renefer, est artiste). Chaque croquis accompagne de brefs instants de vie, deux ou trois phrases tout au plus. Je ne saurais d’ailleurs pas dire si ce sont les textes qui accompagnent les dessins ou l’inverse, peu importe, cela leur donne une complémentarité toute particulière.

Si l’ouvrage est se présente comme une « histoire de poilus racontée aux enfants », il intéressera tout autant les adultes. En effet, outre cette tendresse rendant doux des moments qui ne le sont en réalité pas, la lecture de Belle Petite Monde permet de plonger dans le cadre de l’époque. Non pas tant dans l’idée de découvrir de nouvelles informations sur la vie dans les tranchées (quoique) mais plutôt en essayant de s’imaginer ce qu’était le climat, l’état d’esprit de cette période. Le patriotisme français est donc omniprésent et, bien que tout à fait désuet/décalé à l’heure actuelle, le contexte historique et la délicatesse du carnet dans son ensemble font qu’il n’est pas question d’en être choqué.

A la suite de la reproduction du carnet original et de sa traduction en anglais, un texte présente rapidement l’auteur-illustrateur et ses contributions dans le répertoire des œuvres de guerres.



Un catalogue raisonné de ses œuvres semble être en voie de réalisation, il ne reste plus qu’à espérer que le projet aboutira prochainement car, à nouveau, les croquis que Belle Petite Monde m’ont permis de découvrir un artiste qui m’a énormément plu.

Longtemps « oublié » par son court temps d’expression (brisé par la Grande Guerre) et la problématique objet d’art/objet usiné, le verre « art nouveau » d’Emile Gallé et de ses congénères de l’Ecole de Nancy occupe une place de choix dans les arts décoratifs français. Ce catalogue donne une courte biographie de l’industriel lorrain. Il aborde surtout sa recherche et de sa maîtrise technique dans le cadre de l’entreprise familiale nourries de ses voyages, des expositions universelles et de la fréquentation de Meisenthal. Les nombreuses techniques du verre expérimentées par la maison Gallé (ornementation à froid ou à chaud) sont émaillées en marge de page par les numéros des pièces correspondantes de ce catalogue raisonné. La qualité d’impression ne fait pas ombrage à la beauté et la particularité des verreries. C’est un régal pour les yeux même quand vous n’êtes pas un verrier d’art. Le catalogue illustre parfaitement le caractère éclectique de l’homme comme son intérêt pour les sciences.

C'est un poilu, un papa qui constitue un carnet de souvenirs pour son enfant. Les mots qui décrivent son quotidien sont pesés et mesurés, c'est une toute petite lecture intense. On ressent tout l'amour de ce père pour son enfant.