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Critiques de Edmée de Xhavée (5)
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Villa Philadelphie

C’est parce que je suis abonnée à son blog que j’ai eu envie de découvrir la plume d’Edmée de Xhavée à travers un texte plus long que ses billets hebdomadaires. J’ai hésité entre des nouvelles ou un roman et j’ai choisi cette histoire de famille et de maison (ce qui fait, encore une fois « par hasard », un lien avec ma lecture de Jacqueline Harpman cette semaine.) Ce billet me donne aussi l’occasion de présenter un ouvrage d’une petite maison d’édition belge, pilotée par des bénévoles, dont le siège est à une quinzaine de kilomètres de chez moi, Chloé des Lys.



Dans cette Villa Philadelphie, nous suivons l’histoire de deux soeurs, Rosalie et Eveline, dont les parents leur ont offert deux maisons mitoyennes à l’occasion de leur mariage. Richard et Rosalie ont sans doute cru que leur propre relation fusionnelle allait être vécue à la fois par les deux soeurs et par les deux couples. Mais les dés étaient pipés dès le départ : Aimée, tout à son amour pour Richard, a accepté avec joie la naissance de la première file, « Rosalie jolie », qui s’est glissée dans l’image du couple parfait et a reçu (comme sa mère) sa part de reconnaissance, de gâteries, de louanges sans partage. L’arrivée tardive de sa soeur a chamboulé cet équilibre et la jalousie s’est sournoisement installée dans le coeur de l’aînée. Aimée n’a jamais vu ou voulu voir ce poison lent dans le coeur de sa fille chérie, elle a toujours cru être équitable alors qu’elle continuait de servir la part énorme d’attention que Rosalie exigeait pour exister, sans en faire autant pour Eveline. Celle-ci s’est construite presque seule, à bas bruit.



Quand le temps du mariage est venu, Rosalie a prestement chipé Antoine, ému par Eveline, et a vécu un amour passionné avec lui tandis que la cadette se contentait alors d’un mariage de convenance avec un Edouard à pleurer d’ennui. C’est la maternité qui a permis à la jeune femme de se révéler, toujours tout en discrétion malgré tout. Les deux couples, généreusement suivis et aimés par les parents d’Eveline et Rosalie, ont évolué dans deux maisons avec véranda et jardin partagés. Bien sûr, au fil du temps, de 1920 à 1960, la vie, les gens (ou pas…) évoluent avec les événements, et les sentiments aussi…



Ce qu’Edmée de Xhavée a voulu raconter à travers l’histoire de ces deux soeurs qui ne s’aiment pas autant que le titre du livre le voudrait, ce sont plusieurs « formes d’amour » : amour parental, amour conjugal, amour fraternel, amour filial… autant de facettes d’un sentiment qui construit, cimente, sublime les vies ou au contraire les abîme, les étiole quand il est mal vécu. On sent qu’Edmée aime observer les relations interpersonnelles, le vivre ensemble et c’est ce que j’ai aimé dans ce roman: les pages se tournaient toutes seules pour savoir ce qui allait se passer entre ces deux soeurs et dans cette famille à la fois agaçante et attachante. Comme toutes les familles, me direz-vous… oui, c’est pourquoi il ne faut pas espérer non plus de grands fracas dans cette histoire, mais la vie, le quotidien, ce qui rend des choses et des gens a priori insignifiants finalement remarquables, riches du poids de leur histoire. Celle-ci est placée à Verviers, une ville provinciale à l’est de la Belgique, qui a connu la prospérité puis le déclin avec les industries lainières.



Bon, il me faut avouer qu’au niveau éditorial, j’ai été un peu déroutée par l’abondance de virgules et quelques fautes d’orthographe, le roman aurait mérité un petit toilettage supplémentaire, mais cela n’a pas trop gâché mon plaisir de découvrir la plume d’Edmée de Xhavée, sa finesse psychologique et sa sensibilité.
Lien : http://desmotsetdesnotes.wor..
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silencieux tumultes

Silencieux tumultes, quatrième roman de l'auteure, a été publié par les éditions Chloé des Lys en avril 2018. Le style est aussi sensible et délicat qu'une goutte de rosée matinale sur un pétale de rose. Edmée de Xhavée manie la langue avec bonheur,  parsemant de-ci de-là de petites touches de poésie cachées dans les aspects les plus simples ou les plus triviaux de la vie: "Derrière la haute haie de troènes, le jardinier des voisins pousse sa tondeuse, et l'odeur de l'herbe coupée lui parvient au gré du souffle de l'air chaud de cette journée de mai. De gros nuages galopent épars dans le ciel, troupeau vaporeux dans un ciel autrement pur." (Page 83)..."Sur la table ronde empire marquetée et cerclée de cuivre ciselé et étincelant, de superbes dahlias jaillissent d'un vase chinois, tandis qu'un Val Saint Lambert, juché sur le petit guéridon japonais laqué rouge, offre sa transparence à un plumetis de grappes de verges d'or, dont les tiges feuillues s'élancent en se croisant, vigoureux traits verts dans le cristal de l'eau où la lumière tremble." (Page 55).

C'est l'histoire d'une maison, acquise par l'ancêtre devenu riche grâce à son entreprise industrielle, et de ses occupants au fur et à mesure des générations qui s'y succèdent jusqu'à nos jours. Fidèle à son thème de prédilection qu'elle maîtrise avec brio, Edmée de Xhavée, à travers le regard de cette habitation tour à tour curieuse et bienveillante, nous raconte l'histoire de couples mal assortis, formés plus par des contingences bassement matérielles que par les élans de l'amour. Ainsi, nous suivons le destin de plusieurs générations de femmes et d'hommes souvent désunis par l'incompréhension, manipulés par leurs pères dans le but d'accroître leur patrimoine, dont la vie est heureusement illuminée par les enfants...et l'attachement à leur maison, même pour celles qui n'y sont pas nées.

La maison, léguée de père en fils ou de mère en fille, porte la trace, dans ses murs, des unions, des naissances, des rencontres, mais également des désunions, des décès et des départs. Elle abrite les secrets et les mensonges de chacun, assistent à leur compromis plus ou;moins bancals, entend leurs confidences, étouffent leurs murmures et leurs pleurs, veille sur leurs joies et leurs petits bonheurs quotidiens.

Dès les premières pages, la question cruciale, le fil conducteur de l'intrigue, est posée: "Etiez-vous amoureuse de Père quand vous vous êtes mariée, Mère?" Car là réside le nœud, plus important que toute autre considération: l'Amour avec un grand A, le mariage d'amour romantique qui fait rêver toute jeune fille. La réponse de Mère est sans ambiguïté: dans ce milieu bourgeois, il n'est nullement question d'amour mais de fonder un foyer, de perpétuer des valeurs sûres et solides avec bon sens, en respectant les convenances de cette classe sociale qui s'est épanouie grâce au développement de l'industrie, au 19e siècle, qui à enfouir au plus profond des grandes armoires tous les squelettes indésirables, jusqu'au moment inévitable où ils en sortiront dans un vacarme assourdissant, éclatant le fragile vernis de bienséance si patiemment étalé par les générations passées.


Lien : https://legereimaginarepereg..
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Les Romanichels

Une jolie couverture aux couleurs -terre et feu- et 260 pages pour une croisière sur trois générations. Des escales en Belgique, dans le sud de la France, sans oublier l’Italie, Torino en particulier. Un beau voyage avec trois familles, pour une histoire émouvante à plus d’un titre.

Les romanichels s’inscrivent dans la lignée des fresques familiales où les personnages s’animent en 3D sous les yeux du lecteur : un univers tout en relief.

Les secrets de famille auraient pu dormir pour l’éternité si la maladie d’Alzheimer n’avait brandi son épée de Damoclès sur la tête de Suzanne. Elle est la mère d’Olivia, devenue femme. Mère et fille se connaissent en surface, Olivia ayant été élevée par sa grand-mère sans vraiment savoir pourquoi.

Si l’annonce de la maladie fait figure de menace, elle sera aussi pour Suzanne l’occasion de lever le voile sur un secret à la portée fondamentale, avant qu’il ne disparaisse, englouti par les trous noirs de la mémoire. Un secret conséquent, bien gardé par le clan familial, injuste pour la mère comme pour sa fille qui ne peut avoir eu jusque là qu’une vision parcellaire de la femme que fut sa maman. Un secret offert en héritage avant qu’il ne soit trop tard…

Un voyage aussi au cœur de deux familles dont les équilibres et les relations sont soumis aux épreuves du temps, aux convenances, aux carcans éducatifs, aux rêves et aux désillusions... Les destins s’entrelacent ou s’éloignent, tantôt soudés par l’amour, la tendresse ou les obligations, tantôt dispersés par les aléas de l’existence, les contingences sociales et les rancœurs. Un récit où conventions et conformismes, soumissions et rébellions conduisent en cadence l’évolution du roman.



Il faut du souffle, de l’endurance et une maîtrise certaine pour mettre au monde un tel roman. L’entreprise, périlleuse, compliquée, ne pouvait être portée que par un auteur de talent. Une écrivaine.

Dans Les Romanichels, Edmée De Xhavée ne se contente pas d’écrire. Elle compose une partition complexe, elle dessine des tableaux animés, elle sculpte les émotions et les sentiments, elle parfume les ambiances et les lieux. Elle imprime sa marque par un style élégant, limpide et dense, ouvragé comme une pièce de dentelle de luxe quand les circonstances s’y prêtent. Une écriture qui éprouve les cinq sens pour le plus grand bonheur du lecteur. Présent et passé, narration et dialogues s’associent sans rupture et sans discordance préjudiciables à la visibilité du lecteur ou susceptibles de rompre l’enchantement.

J’ai tourné la dernière page comme on ferme la porte sur un univers familier. L’esprit réquisitionné par les souvenirs et le plaisir, le cœur encerclé par la nostalgie. Pour ne pas quitter les Romanichels trop vite, j’ai relu les premières pages, puis les nombreux extraits signalés par un post it en cours de lecture ; et j’ai résumé pour moi-même ce que j’expose plus largement ici : « Bon sang ! Quel beau roman… ».



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Les Romanichels

Les Romanichels n'est pas "juste" un livre ; c'est une aventure humaine qui nous transporte, au gré de la plume d'un auteur inspiré, entre parfums d'antan, humour et émotion(s). J'ai souri, j'ai ri, j'ai pleuré... Madame de Xhavée, MERCI. Cela faisait longtemps qu'un roman ne m'avait pas ému à ce point...
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Les Romanichels

Les Romanichels, Edmée de Xhavée

Editions Chloé des lys, 2010

ISBN: 978-2-87459-295-9 Prix : 20,9 €

Site auteur : edmee-de-xhavee.over-blog.com



Premières pages... L'histoire ne commence pas dans l'allégresse mais avec une mauvaise nouvelle qui rapproche lentement mais inexorablement mère et fille en les projetant dans le temps.

Un résumé? Non... je ne vous en dirai pas plus ! L'histoire se découvre mais ne se résume pas...

Je me laisse aller, fais connaissance avec quelques personnages... Et, peu à peu, sans y prendre garde, je ne veux plus entendre parler du présent des héros... Je veux découvrir leur passé... une histoire de vieilles dentelles... sans arsenic mais pavée de conventions dans un monde figé dans le paraître... une histoire de gens englués dans la bienséance, qui souffrent et font souffrir dans le carcan imposé, sous le regard acéré et moralisateur de leur communauté.

Mais on les aime, ces personnages qui se débattent sous le ciel gris... parce que, parfois, ils s'échappent. On les suit alors avec soulagement sous le soleil italien ou provençal. On applaudit à leurs résurrections, à leurs coups de pieds dans les convenances, à leurs libertés grappillées ou gagnées de haute lutte. Puis on grince des dents aux retours de bâton.

Un joli style qui amène sans effort à mes narines provençales les effluves piquantes du thym et du romarin à peine cueillis et qui accompagne avec délicatesse les personnages dans leurs joies, leurs doutes et leurs désillusions.

Prochain roman édité aux Editions Chloé des lys, 2011, De l'autre côté de la rivière, Sybilla".


Lien : http://www.christine-brunet...
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