Cet ouvrage a tenté de suivre pas à pas la façon dont s’est construit un ethos collectif dans le discours de protestation des étudiants français pendant la guerre d’Algérie. Nous avons montré comment une nouvelle image de soi émerge dans le discours interne des groupes d’opposition (la mino) ; comment elle s’institutionnalise dans une situation de querelle ; et comment elle est mobilisée dans un contexte de lutte. Durant la période d’émergence (954-1956), elle a été argumentée et légitimée afin de constituer une alternative valable à l’image préexistante. Se basant sur une référence intellectuelle commune fournie par la charte de Grenoble, les étudiants minos ont développé dans leur discours un ethos de refondation susceptible de remplacer les représentations sociales du milieu étudiant telles qu’elles circulaient dans la société, et l’image de l’organisation étudiante telle qu’elle se dégageait de l’approche gestionnaire du syndicalisme étudiant (majo)