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Citation de RegineS


Je réfléchissais ainsi lorsque j'entendis le son d'un violon. Le son d'un violon dans la baraque obscure où des morts s'entassaient sur les vivants. Quel était le fou qui jouait du violon ici, au bord de sa propre tombe? ou bien n'était-ce qu'une hallucination?
Ce devait etre Juliek.
Il jouait un fragment d'un concert de Beethoven. Je n'avais jamais entendu de sons si purs. Dans un tel silence.
Comment avait-il réussi à se dégager? A s'extraire de sous mon corps sans que je le sente?
L'obscurité était totale. J'entendais seulement ce violon et s'était comme si l'ame de Juliek lui servait d'archet. Il jouait sa vie. Toute sa vie glissait sur les cordes. Ses espoirs perdus. Son passé calciné, son avenir éteint. Il jouait ce que jamais plus il n'allait jouer.
Je ne pourrai jamais oublier Juliek. Comment pourrais-je oublier ce concert donné à un public d'agonisants et de morts! Aujourd'hui encore, lorsque j'entends jouer du Beethoven, mes yeux se ferment et, de l'obscurité, surgit le visage pale et triste de mon camarade polonais faisant au violon ses adieux à un auditoire de mourants.
Je ne sais pas combien de temps il joua. Le sommeil m'a vaincu. Quand je m'éveillai, à la clarté du jour, j'aperçus Juliek, en face de moi, recroquevillé sur lui-meme, mort. Près de lui gisait son violon, piétiné, écrasé, petit cadavre insolite et bouleversant.
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