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Citation de MegGomar


Mais dormir était impossible, les détonations se succédaient. Après une
explosion plus forte, elles se sont éloignées. Tout a plongé
dans le noir. Dans le noir, je t’ai entendue soupirer. Puis le
silence s’est fait. Tu as de nouveau soupiré. Je me suis glissée
dans ton lit.
Tu ne m’as pas renvoyée. Je suis restée à tes côtés sans
bouger, écoutant tes soupirs. Cependant tu as cessé de
soupirer. Ta respiration s’est calmée, et je me suis dit que tu
t’étais endormie. J’étais immobile près de toi, dans la chaleur
du lit, mais je ne parvenais pas à trouver le sommeil, et pour
une fois cela m’a réjouie. Tu as émis un faible gémissement,
comme si tu pénétrais dans un rêve compliqué. Alors je me
suis tournée vers toi et je t’ai étreinte. Tu ne m’as pas
repoussée. J’ai déposé un baiser léger sur tes yeux : tes
orbites étaient salées, à croire que tu avais pleuré, mais je ne
t’avais jamais vue pleurer. Peut-être avais-tu pleuré dans le
noir, à cause de ces détonations qui nous avaient réveillées
d’un coup. Je t’ai embrassée plus fort sur les yeux et les
joues, puis j’ai commencé à te caresser. Je voulais juste
adoucir ton sommeil par quelques caresses, mais j’ai
continué. De toute mon existence, je n’avais jamais rien senti
de plus lisse et de plus doux que ta peau. J’étais incapable de
m’arrêter : rien n’était plus soyeux que les parties profondes
de ton corps, celles que la nourrice qualifiait de honteuses.
Mes mains s’égaraient et s’impatientaient dans le choix des
caresses.
Tu avais beau être immobile, ton souffle n’était plus
régulier, et j’ai compris que tu faisais semblant de dormir. Tu
m’as caressé prudemment la tête, comme si tu craignais de
me heurter, ta paume allait et venait du front jusqu’à la
nuque. Je t’ai dit : Tu sais, je ne suis pas un de tes blessés. Tu
as eu un petit rire et tu t’es détendue. J’ai déposé un baiser
au coin de ton œil droit, puis sur la joue gauche, enfin sur la
bouche, toute la bouche.
Je n’avais jamais embrassé quelqu’un comme ça, mais ce
n’était pas difficile. Toi aussi tu m’as embrassée et t’es serrée
contre moi, comme jamais je n’aurais cru que deux corps
pouvaient se serrer. Dans l’étreinte, j’étais parcourue de
frissons qui m’ont étourdie. Tu étais également étourdie,
nous étions si étourdies que nous nous sommes endormies
alors que la première lueur du jour, une lueur faible et
grisâtre, pénétrait par la fenêtre. Elle était restée ouverte et
l’air était frais, mais nous étions en nage. Je me suis réveillée
dans la chambre inondée de lumière, et tu n’étais pas là. Tu
étais partie sans m’appeler.
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