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EAN : 9782021344684
176 pages
Seuil (15/03/2018)
3.56/5   8 notes
Résumé :
1917, dans le nord de l'Italie. Maria Rosa a fui la bourgeoisie napolitaine pour se consacrer aux soins des soldats blessés. Elle partage une chambre avec Eugénia, provinciale venue dans cet hôpital militaire proche du front pour devenir médecin en dépit de la méfiance familiale. Epuisées de travail, de souffrance à soulager, elles se retrouvent le soir et se ressourcent dans leur amour naissant.


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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
C'est un roman très fort, et très émouvant. On y découvre la vie dans un hôpital militaire pendant la première guerre mondiale, et le sort de nombreux soldats, les conditions de travail des infirmières, la condition des femmes en Italie à cette époque – elles ne travaillaient pas et avaient accès à très peu de métiers – . C'est également une très belle histoire d'amour en temps de guerre. L'auteur n'hésite pas à aborder un thème osé, l'homosexualité féminine, qui, à cette époque, était banni.
La forme est intéressante : les deux grandes parties du roman sont construites sous forme d'une lettre qu'Alba Rosa écrit à son amie disparue, dans laquelle elle relate leur histoire. Au début, un court texte introduit l'histoire, qui semble quelque peu autobiographique, car la narratrice – qui n'est autre que l'auteure – évoque sa grand-mère, amie d'Alba Rosa. L'épilogue nous renvoit à l'introduction en éclairant la fin de l'histoire.
Ce roman est agréable à lire, très bien conduit, d'une écriture fluide.
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Au delà d'une histoire d'amour entre deux femmes, ce roman retrace aussi La Vie des femmes durant La première guerre mondiale, leur contribution en qualité de volontaires sur le front auprès des soldats, leur combat pour s'émanciper d'une société très masculine.
En quelques mots, printemps 1917. Engagées comme infirmières volontaires, Maria Rosa et Eugenie font connaissance dans un hôpital militaire proche du front au Nord de l'Italie. Chacune vient d'un milieu très différent mais cherche pareillement à vivre librement. L'une a quitté une famille qui n'aspire qu'à la marier, l'autre va tester sa vocation pour le métier de médecin. En effet si elle confirme son intérêt, son père acceptera que sa fille suive des études de médecine et devienne une des premières femmes médecin.
L'écriture ne rend pas toujours la lecture très aisée car elle est basée sur un dialogue entre deux femmes sans en prendre les codes de grammaire. Il n'est donc pas toujours aisé de savoir qui parle. Les émotions sont fortes mais diluées par la narration. Dommage
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Citations et extraits (122) Voir plus Ajouter une citation
Je repensais à ma guerre, celle que j'avais menée pour surmonter mon dégoût face à la bouche qui vomit le cerveau, aux jambes et aux bras qui vous restent dans la main après les amputations, à l'horreur des plaies infectées et des os visibles sous les escarres, à la peau racornie par les brûlures, à l'odeur de cadavre se dégageant des corps en vie, à la puanteur d'égout imprégnant les draps, aux insupportables gargouillements dans la gorge des moribonds, aux gémissements sans fin.
Autrefois, j'aimais danser, je ne danserai plus, ai-je songé dans l'attente de tes nouvelles.
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C’est alors que j’ai réclamé à Nicola son Kodak, je lui ai dit
que je voulais essayer, que je croyais avoir compris comment
on procédait : un œil regarde ce qu’il voit dehors, l’autre œil
ce qu’il voit dedans. Tu veux me tirer le portrait ? J’ai éclaté
de rire, et il m’a imitée. Dans ce cas, retournons auprès des
blessés, a-t-il proposé. Non, je ne veux pas photographier les
blessés. Les médecins ? Le capitaine sicilien qui est ton ami ?
Non, lui non plus. Je veux photographier une femme, une
femme en guerre. Comme il me dévisageait, incrédule, je lui
ai expliqué que j’entendais photographier ma camarade de
chambre, l’infirmière bénévole Eugenia Alferro. Il a dit :
Choisis qui tu veux, une fois rentré chez moi je développerai
la photo et je te l’enverrai. Puis il me tendit son Kodak.
Nous t’avons rejointe dans la cour, où tu faisais la lessive,
penchée sur un baquet. Tu ne voulais pas qu’on te prenne en
photo, tu as objecté que tu avais honte, que tu étais toute
débraillée... Mais ce n’était pas vrai, tu n’étais jamais
débraillée, pas même à ce moment-là, au-dessus du baquet
d’eau sale. Allons à l’ombre, as-tu dit. Non, il faut que tu sois
à la lumière, regarde vers la lumière, t’ai-je ordonné.
Tu l’as fait et tu as fermé les yeux.
Non, ne ferme pas les yeux.
Je ne peux pas faire face à la lumière, les yeux ouverts.
Pourquoi, tu es un hibou ?
Tu as éclaté de rire, puis tu as porté une main à ton front,
comme une visière.
Maintenant tu as l’air d’un soldat au garde-à-vous.
Tu as recommencé à protester, tu as prétendu que tu
n’étais pas assez belle pour une photo, qu’il y avait des
choses plus sérieuses à la guerre... Alors je t’ai fait taire,
Nicola m’a aidée à te convaincre, tu as ri une nouvelle fois
par timidité, tu as fléchi un peu le buste, comme si tu voulais
te retourner. Ne bouge pas, t’ai-je dit, et tu t’es immobilisée,
la bouche à moitié ouverte sur tes petites dents blanches,
pas vraiment en un sourire, plutôt en une question, mais, les
lèvres désunies, tu avais l’air de sourire. J’ai pris la photo et
j’ai eu l’impression de t’avoir capturée, à jamais avec moi.
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Pendant le trajet, j’avais vu les montagnes pour la
première fois. Je ne les imaginais pas comme ça. Il y a bien
un volcan à Naples, mais il évoque la demeure d’une vieille
divinité, non un lieu naturel. Et puis le Vésuve ne modifie pas
la couleur de la mer et du ciel ; mieux, la montagne et ce qui
l’entoure paraissent juste encadrer le golfe. Le bleu l’emporte
sur tout et, même lorsqu’il vire au violet et au gris, les jours
de tempête, on sait qu’il reviendra et on l’attend. Ce n’est
pas le cas des montagnes du Nord. La route que j’ai
empruntée avec le chauffeur de l’ambulance a grimpé dans
les bois, et une cime surgissait à chaque virage. C’était peut-
être toujours la même, mais je voyais chaque fois un sommet
différent. Le chauffeur riait de mon étonnement : étant du
coin, il s’en amusait. Je ne comprenais pas ce qu’il me disait,
car il parlait dans son dialecte. Je faisais semblant de saisir et
souriais, raison pour laquelle j’ignore à présent les noms de
ces montagnes. Elles étaient vertes, mais aussi rouges, roses,
brunes comme les pierres d’un collier, et, au lieu d’être
domptées par le bleu du ciel, elles ne cessaient d’en modifier
les nuances. Si le Vésuve est un triangle, celles-ci avaient
d’innombrables formes étranges, comme si le vent les
modelait chaque nuit. Les nuages les étêtaient ou les
couronnaient d’une manière toujours différente.
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Mais dormir était impossible, les détonations se succédaient. Après une
explosion plus forte, elles se sont éloignées. Tout a plongé
dans le noir. Dans le noir, je t’ai entendue soupirer. Puis le
silence s’est fait. Tu as de nouveau soupiré. Je me suis glissée
dans ton lit.
Tu ne m’as pas renvoyée. Je suis restée à tes côtés sans
bouger, écoutant tes soupirs. Cependant tu as cessé de
soupirer. Ta respiration s’est calmée, et je me suis dit que tu
t’étais endormie. J’étais immobile près de toi, dans la chaleur
du lit, mais je ne parvenais pas à trouver le sommeil, et pour
une fois cela m’a réjouie. Tu as émis un faible gémissement,
comme si tu pénétrais dans un rêve compliqué. Alors je me
suis tournée vers toi et je t’ai étreinte. Tu ne m’as pas
repoussée. J’ai déposé un baiser léger sur tes yeux : tes
orbites étaient salées, à croire que tu avais pleuré, mais je ne
t’avais jamais vue pleurer. Peut-être avais-tu pleuré dans le
noir, à cause de ces détonations qui nous avaient réveillées
d’un coup. Je t’ai embrassée plus fort sur les yeux et les
joues, puis j’ai commencé à te caresser. Je voulais juste
adoucir ton sommeil par quelques caresses, mais j’ai
continué. De toute mon existence, je n’avais jamais rien senti
de plus lisse et de plus doux que ta peau. J’étais incapable de
m’arrêter : rien n’était plus soyeux que les parties profondes
de ton corps, celles que la nourrice qualifiait de honteuses.
Mes mains s’égaraient et s’impatientaient dans le choix des
caresses.
Tu avais beau être immobile, ton souffle n’était plus
régulier, et j’ai compris que tu faisais semblant de dormir. Tu
m’as caressé prudemment la tête, comme si tu craignais de
me heurter, ta paume allait et venait du front jusqu’à la
nuque. Je t’ai dit : Tu sais, je ne suis pas un de tes blessés. Tu
as eu un petit rire et tu t’es détendue. J’ai déposé un baiser
au coin de ton œil droit, puis sur la joue gauche, enfin sur la
bouche, toute la bouche.
Je n’avais jamais embrassé quelqu’un comme ça, mais ce
n’était pas difficile. Toi aussi tu m’as embrassée et t’es serrée
contre moi, comme jamais je n’aurais cru que deux corps
pouvaient se serrer. Dans l’étreinte, j’étais parcourue de
frissons qui m’ont étourdie. Tu étais également étourdie,
nous étions si étourdies que nous nous sommes endormies
alors que la première lueur du jour, une lueur faible et
grisâtre, pénétrait par la fenêtre. Elle était restée ouverte et
l’air était frais, mais nous étions en nage. Je me suis réveillée
dans la chambre inondée de lumière, et tu n’étais pas là. Tu
étais partie sans m’appeler.
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Tu t’es assise sur ton lit, ta bougie à la main, et tu as
observé un moment de silence. Puis tu t’es levée, tu as saisi
la bougie et l’as posée entre nous. Tu m’as dévisagée. Mes
yeux allaient de ton visage à l’obscurité. J’ai eu l’impression
que ton silence durait une éternité. Enfin, tu as pris la parole,
et tu avais une voix sérieuse que je ne te connaissais pas.

Écoute, Alba Rosa. Je ne sais pas ce que nous réserve
l’avenir. Seule une situation aussi terrible et aussi horrible
que la guerre nous permet de nous aimer à notre guise. Ce
ne sera plus le cas ensuite. Je veux devenir médecin. J’aurai
une vie dure, peu de temps, mille difficultés à affronter. Je
désire que tu sois avec moi. Je ne sais pas comment nous
ferons. Tu es habituée à une existence facile...

J’aurais aimé t’interrompre, te dire que c’était faux, mais
tu avais raison, mon existence avait été facile, quoique très
mélancolique.

... Je ne mènerai pas une vie facile. Je voudrais t’avoir à
mes côtés, ce qui compliquera les choses. Nous devrons nous
cacher, feindre, nous nous sentirons en danger, il se peut
qu’on nous humilie, il se peut qu’on nous démasque et qu’on
nous condamne. Mais je veux, je voudrais si tu le souhaites,
t’avoir à mes côtés. Si j’ai des sentiments, et je le déclare
comme je te l’ai déclaré, cela signifie que c’est vrai. Et que je
ne changerai pas d’avis. Il faut que tu aies confiance en moi.
Je ne changerai pas d’avis. Je ne changerai pas de
sentiments.
Tu ne veux pas te débarrasser de moi ?
Non, comment peux-tu imaginer une chose pareille ?
J’ignore ce qui se passera, mais nous serons ensemble. Il n’y
aura pas de règlements à suivre, comme ici. Et de toute
façon nous ne suivrons pas les règlements, nous ne serons
pas la règle, nous serons l’exception. Je veux que tu le
comprennes, ce ne sera pas facile. Il te faudra être une
femme différente, différente de celle que tu as été jusqu’à
présent, différente de celle qu’on a voulu que tu sois. Ce ne
sera pas confortable, tu y arriveras ?
Je crois, j’essaierai, je ne tiens pas à être comme on a
voulu que je sois, même si c’était confortable, bien sûr.
Tu t’es approchée et tu as posé une main sur mon front,
comme pour voir si j’avais de la fièvre, mais tu ne pressais
pas, tu me caressais lentement.
N’oublie pas, as-tu murmuré, de près ou de loin je
t’aimerai toujours. Tu dois avoir confiance, promets-le-moi.
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Vidéo de Elisabetta Rasy
Elisabetta Rasy - Un hiver à Rome .Elisabetta Rasy vous présente son ouvrage "Un hiver à Rome" aux éditions Seuil. Traduit de l'italien par Nathalie Bauer. http://www.mollat.com/livres/rasy-elisabetta-hiver-rome-9782021084429.html Notes de Musique : ?The Flames of Rome? (by Kai Engel). Free Music Archives.
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