Quand on a le cœur un peu étroit, c’est bien difficile d’y faire entrer un autre que soi. Pas de place pour les sourires de connivence échangés d’un bout à l’autre d’une table trop densément peuplée. Encore moins pour chanter, encore moins pour partager l’ultime bouchée d’un plat trop vite disparu ou la dernière gorgée d’une boisson trop éphémère, ou le dernier mot d’une conversation qu’on a fait durer le plus longtemps qu’on pouvait.
la vie ce n’est que ça, vivre une heure à la fois, une journée à la fois, une année à la fois. Et c’est ainsi que le pire devient supportable.
Ce n’est qu’un feu comme les autres. Ils peupleront leurs conversations de ce fait divers pendant des mois. Puis on oubliera. On oublie beaucoup à Rivière-Longue. Se souvenir, c’est bien compliqué. Et ça fait souvent si mal. Et ça saigne si longtemps.
Un homme, ça ne pleure pas souvent. Mais quand ça pleure, ça pleure beaucoup. Parce que c’est le petit gars en dedans qui pleure. Et un petit gars, ça pleure fort. Surtout quand on lui a interdit de le faire pendant longtemps. Trop longtemps.
Les au revoir sont pour ceux qu’on reverra, les adieux pour ceux que l’on a aimés.
Le jeune couple enlacé au milieu des herbes du Pré-à-Paquette s’en donnait à cœur joie, faisant fi de leurs bas trempés et de leurs pieds glacés. Que nous importe nos pieds humides quand on a le cœur chaud?
Le bonheur retrouvé, on ne veut pas trop le montrer. C’est une richesse que l’on craint d’afficher avec ostentation par crainte de se la faire voler.
On ne s’arrache pas si facilement à ceux qui croient nous posséder. Il serait toujours une blessure béante à la surface de la Terre.
Un ours, c’est un peu comme la mer, on a l’impression que c’est aussi grand que large. Parce que c’est immense. Et mouvant.
La fierté familiale est une laisse bien courte et si serrée que même un puissant rut a de la difficulté à la détacher.