Comme chaque année, le grand jour est arrivé. La valise est bouclée : crème solaire, maillot de bain, jupes et autres robes. Le coffre est plein, l’appareil photo chargé, bref, je suis prête pour MES vacances ! À moi la piscine, la rivière, les vieilles pierres, le rosé en terrasse et… la solitude. Après cinq ans d’une relation qui ne tenait plus debout depuis quelque temps, me voilà seule depuis six mois, mais tellement tranquille ! Oui, bien sûr, j’ai quelques histoires par-ci par-là, toutefois, rien qui ne me donne envie de partir à deux, rien de concret. Je suis célibataire et contente de l’être ! Ouais, bien sûr ! Et la marmotte…
Tiens, tiens, regardez qui voilà, ma jolie tête en l’air, toujours seule, mais avec deux tongs identiques cette fois. Je tente un « bonsoir » de ma voix la plus suave, auquel elle répond en rougissant. Elle est mignonne, ou alors elle vient de voir que je matais ses pieds. Quel con ! La discrétion n’est vraiment pas mon fort. Ça ne doit pas être son truc non plus, à voir comme elle roule des hanches, puis ralentit le pas.
Putain, si elle continue, ma semaine pourrait bien s’avérer distrayante finalement. Je me demande vraiment ce qu’elle fait là toute seule, si quelqu’un va venir la rejoindre ou si elle cache une famille dans sa maisonnette. Non, ça, je n’y crois pas. En attendant, elle me retourne la tête rien qu’en passant devant moi, et il y a longtemps que ça ne m’était pas arrivé.
Comme je l’avais imaginé, les 5 h 40 se sont rallongées, vous pouvez donc en ajouter quasiment deux ! Un vrai périple durant lequel j’ai failli faire marche arrière au moins cinq fois, mais chut, on ne dira rien aux copines. Toutes les questions auxquelles je n’avais pas pensé en préparant ce séjour me sont tombées dessus pendant ce long, très long trajet, et croyez-moi, j’ai de l’imagination… Allant de l’arnaque à la location, à la présence d’un psychopathe, en passant par les enfants qui me collent au train, car sur mon front est inscrit « instit trop cool ». Bref, je pense avoir eu assez de temps afin d’échafauder tous les plans possibles pour échapper à ces situations grotesques, mais néanmoins plausibles, vu ma chance légendaire.