Citations de Elizabeth Acevedo (147)
Et j'essaie de me dire la même chose : il faut aller de l'avant, c'est la seule direction qui vaille ; retourner en arrière, c'est juste bon pour les saumons.
Il y a des soirs où j'ai envie de pleurer jusqu'à tomber de sommeil, trop de fardeaux, mais même mes yeux sont trop fatigués pour produire des larmes correctes.
Je prend ma colère et je la plie en tout petit et je la cale dans un recoin de mon coeur.
Pour le moment, ces sentiments-là ne comptent pas.
J'ai du mal à retenir certaines leçons, j'avoue, mais celle-là en particulier m'a pris des années : un père comme le mien, faut pas lui faire trop de place dans sa vie. Parce qu'il rentre à coups de coude et il écarte les murs, et quand il part, le vide est trop grand - cet espace dans ton coeur où il devrait y avoir un parent.
Le monde, c'est une platine où un disque tourne, tourne ; nous, les humains, on ne fait que décider quels sillons éviter et quels sillons nous donnent envie de danser.
" La meilleure chose qu'un père puisse faire pour son enfant, c'est d'aimer la mère." Mais il y a des fois où je me dis que la meilleure chose que Tyrone puisse faire pour Babygirl, c'est de foutre la paix à la mère.
Il se penche et enroule ses longs bras autour de moi, et je sens la chaleur fuser au milieu de mon dos, là où il me serre, jusqu'à mon visage. Je le serre moi aussi, très fort.
Des problèmes. Ce mec va me créer des problèmes.
- Très bien. Prends toutes les épices que tu veux et décide de la découpe. On la servira à ta manière. Gallina à la Americana.
Elle lève un sourcil et je comprends que c'est un défi. Elle veut voir si je vais tenir. J'ajuste ma toque et je m'approche du placard. Je n'ai pas à me retourner pour savoir que la cheffe a un sourire sur le visage.
Si la gorgone Méduse était dominicaine,
et qu'elle avait une fille, ce serait moi.
J'ai l'air d'une créature mythologique.
Un monstre chimérique, qui interrompt
toutes les conversations.
Cheveux frisés comme des départs de feu,
fusant vers le plafond. Lèvres serrées,
lames de couteau. Cils longs. Trop longs.
J'en suis presque jolie.
Si la gorgone
était dominicaine, si elle avait une fille,
mon sang toujours versé pour les exploits
de ces pseudo-héros qui nous massacrent.
Fille, de Méduse, j'apprendrais les secrets
de ces regards qui pétrifient les hommes
et les arrêtent en pleine conquête comment
ça se fait qu'ils continuent à venir ?
comment les empêcher de nous conquérir ?
Les mecs mignons, c'est pas trop mon truc, surtout quand ils s'attendent à ce qu'on embrasse le trottoir sur leur passage.
On est différentes, cette poétesse et moi. On se ressemble pas, on vient pas du même monde. Pourtant on est presque pareilles quand je l’écoute. Comme si elle m’entendait.
Ce qui
m'apaise
c'est mon carnet,
écrire écrire écrire,
tout ce que j'aurais voulu dire,
transformer en larmes de poèmes
toutes mes pensées coupantes,
les imaginer trancher net
mon corps pour
que j'en
sorte.
Passe encore une fois que vous êtes un professionnel. Mais en formation, il faut apprendre les régles avant de les briser.
Les autres filles disent que je me la pète. Pute. Pouffe.
Nympho.
Quand ton corps prend plus de place que ta voix,
la rumeur vient se coller à toi.
Mieux vaut laisser parler ses poings.
Mieux vaut laisser
tes épaules se hausser
si des insultes prennent la place de ton prénom
quand on s’adresse à toi.
Je me suis construit une carapace aussi épaisse que moi.
Et c'est ainsi que Xiomara
persuada le monde entier
à mains nues, les phalanges en sang
de l'appeler par son prénom,
de ne pas s'attendre à ce qu'elle soit
une sainte, mais juste une femme normale,
adulte, quelqu'un à respecter.
depuis toujours elle avait su
que le monde ne chanterai pas ses louanges,
mais elle attraper tous les
clichés qui la tenait captive,
et le rat serrer la gorge
jusqu'à ce que d'une voix étranglée
Ils soufflent enfin la vérité.
On se rappellera Xiomara
sous bien des angles : la lycéenne,
le miracle, la jumelle aimante,
la petite fille toujours incomprise.
Mais plus essentiellement encore,
on se rappellera l'effort
qu'elle fit toujours pour devenir
la guerrière qu'elle voulait être.
Parfois quelqu'un dit quelque chose
Et ces mots-là te mettent le feu,
comme le clic, clic, clic du briquet
fait éclore sur un cercle de la gazinière
un bracelet de flammes bleues...
Elle m'a traînée à l'église
comme on emmène un prisonnier en taule
et j'ai pas le temps de lui dire que Jésus,
pour moi, c'est devenu
un peu comme un ami d'enfance
qui tout à coup redébarque, qui a changé,
qui s'incruste chez toi sans demander,
qui t'envoie des sms tout le temps,
et cet ami j'ai l'impression que j'en ai plus besoin maintenant.
Je sais, je sais... écrire ces mots, c'est déjà un blasphème.
Les mots, ça donne la permission
d'être soi-même. De l'être complètement.
Le monde est presque en paix
quand on cesse d'essayer
de le comprendre.
Je sais juste qu'apprendre à croire à la puissance de mes propres mots, ça a été l'expérience la plus libératrice de mon existence. C'est celle qui m'a apporté le plus de lumière. Et ce ne serait pas ça un poème ? Une lumière dans le noir.