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Critiques de Elizabeth Breitweiser (68)
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Criminal, tome 7 : Au mauvais endroit

Cette lecture reste tout à fait plaisante, mais si vous voulez découvrir cette série, piochez dans les six premiers numéros pour en comprendre l’aura.
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Criminal, tome 7 : Au mauvais endroit

Ce tome fait suite à Criminal, Tome 6 : Le dernier des innocents qu'il n'est pas nécessaire d'avoir lu avant. Il contient les épisodes Criminal: The Special Edition + Criminal: Tenth Anniversary Special Edition Magazine, respectivement parus en 2015 et 2016, écrits par Ed Brubaker, dessinés et encrés par Sean Phillips, avec une mise en couleurs d'Elizabeth Breitweiser.



Wrong time (40 pages) - En mars 1976, Teeg Lawless est en prison. Il a été incarcéré pour bagarre dans une bar. Une histoire stupide : il venait de participer à une attaque de fourgon blindé, qui avait réussi, et il attendait que les jours passent pour aller au rendez-vous afin de récupérer sa part du butin. En attendant il était allé écluser quelques gorgeons avec un autre braqueur, et l'alcool aidant, cela avait dégénéré en dispute débile dont il ne se souvenait même pas du pourquoi. En prison, un autre détenu vient le trouver pour lui dire que monsieur G. souhaite avoir un entretien avec lui. Ça ne présage pas de bon moment, alors que Teeg tuait le temps en lisant un comics mettant en scène un barbare (Zangar the Savage) sauvant une pauvre sorcière sans défense (Ravena)



Wrong place (56 pages) - À l'été 1979, Teeg Lawless a emmené son fils Tracy pour une virée à travers la campagne. Visiblement il recherche une femme de petite ville en petite ville, une dénommée Lana. Teeg se sert de son fils pour faire le guet, faire des petites courses, et changer des plaques minéralogiques. Tracy a dégoté un comics qui met en scène un loup-garou pratiquant le kung-fu. Dans le patelin suivant, Tegg Lawless disparaît pendant plusieurs jours, laissant son fils (à peine adolescent) se débrouiller tout seul dans une chambre de motel. Tracy se met à la recherche d'une boutique de comics, il y a fait la connaissance de Gabby une demoiselle assez débrouillarde.



Dès le début, le lecteur reconnaît tout de suite le nom de famille Lawless, c'est celui du protagoniste principal du tome 2 de la série Criminal : Criminal, Tome 2 : Impitoyable. Il n'est pas besoin de l'avoir lu pour apprécier cette histoire en 2 parties. Le principe de la série Criminal est de rendre hommage aux différents sous-genres du polar, par le biais d'histoires complètes en 1 tome, avec des personnages qui se croisent d'un tome à l'autre. Ce nouveau tome ne déroge pas à la règle. La première partie permet de découvrir le paternel de Tracy Lawless, et s'inscrit dans le genre du polar de prison. Teeg Lawless est en cabane, et il se rend compte qu'il est sous le coup d'une prime pour son décès rapide.



La survie de Teeg Lawless dépend de sa capacité à voir les coups venir, et à frapper plus vite et plus fort que les autres. Les dessins de Sean Phillips sont charbonneux à souhait, montrant un univers carcéral plongé dans une demi pénombre du fait d'un éclairage insuffisant. Il prend le temps de donner corps aux décors : barreaux de cellule, radiateurs en fonte, revêtement rugueux de la cour de la prison (qui fait mal quand on tombe fortement dessus, peut-être un peu aidé), étonnante librairie de fortune dans la prison (tenue par un détenu qui sort de l'ordinaire), appartement minable, etc. Comme à son habitude, il croque des trognes peu avenantes à ses personnages, fortement marquées par l'encrage, avec des expressions qui font peur, montrant des individus habités par une forme de sauvagerie indomptée, incompatible avec une vie en société et en bonne intelligence. Il décrit une violence sèche, des actes brutaux qui ont pour but de faire mal du premier coup, sans remord, car il s'agit d'une question de vie ou de mort. Lors d'une séquence, un individu subit une altération de sa perception, à cause de l'ingestion d'un acide lysergique, à son insu. L'artiste s'amuse à tordre toutes les formes pour rendre compte de l'effet psychotrope, et Elizabeth Breitweiser s'amuse bien avec les couleurs pour une ambiance psychédélique. Ils trouvent le juste milieu pour rendre compte de l'impression de flottement et d'hallucinations, tout en faisant en sorte que le lecteur puisse rattacher ces délires à la réalité, du grand art.



Dans la deuxième partie, Ed Brubaker rend hommage à une autre forme de polar : la recherche d'un individu installé quelque part dans une petite ville. Il ne s'agit pas vraiment d'un road-trip parce que le récit ne se focalise pas sur l'ambiance dans la voiture, entre le père et le fils, ou sur les paysages, ou sur une forme de progression psychologique au fil des rencontres. Il ne s'agit pas vraiment d'une enquête à proprement parler puisque les indices arrivent régulièrement pour faire progresser la recherche. Il s'agit plus de montrer la relation entre Teeg et Tracy, et entre Tracy et Gabby (la jeune adolescente).



À nouveau, Sean Phillips est impeccable : reconstitution d'une Amérique impersonnelle, avec des stations-service, des pavillons bon marché, des boutiques improbables (le magasin de comics et sa pagaille), de supermarchés déprimants, de motels tous semblables. Teeg Lawless est montré comme un individu violent, sournois, imprévisible, peu préoccupé par le sort de son fils (ces émotions se lisent sur son visage). De page en page, le lecteur sent le respect de Tracy pour son père se muer en mépris, au vu de la manière dont il le regarde. L'artiste donne vie à des enfants ayant une vraie morphologie d'enfants (pas des adultes miniatures), avec des expressions franches comme des enfants, mais aussi des moues plus adultes. En particulier, le lecteur peut constater que Tracy imite déjà les expressions condescendantes de son père, qui ne respirent pas forcément un haut degré d'intelligence. Elizabeth Breitweiser habille les dessins avec des couleurs cafardeuses rendant compte d'une réalité qui n'a rien de riante ou de plaisante, sans sombrer non plus dans une ambiance dépressive.



Cette deuxième partie met plus en avant la lecture des comics. Le lecteur constate que Tracy a développé le même goût que son père pour cette forme de divertissement, ce qui établit un trait d'union entre le fils et le père, mais aussi entre Tracy et le lecteur. Il observe également que Tracy est un lecteur plus exigeant qui ne se contente pas d'histoires innocentes pour enfants. Par contre, Tracy ne se comporte pas comme un collectionneur, car il recherche activement d'autres numéros de cette incroyable série avec un loup-garou pratiquant le kung-fu, mais seulement pour les lire, pas pour thésauriser. Le lecteur apprécie également la description de la boutique artisanale, car il n'existait pas de réseau de distribution en librairies spécialisées, juste des boutiques mal éclairées, avec des trucs et des machins, et des comics en ordre dispersé, tenues par des néo babas à l'hygiène corporelle douteuse.



Dans la première partie, Sean Phillips illustre donc un comics dans le comics qui est un hommage au comics de Conan le barbare, et plus spécifiquement à la série The Savage Sword of Conan. Il continue de dessiner comme à son habitude, donnant une apparence réaliste et adulte aux personnages, sans exagération romantique pour ce barbare et cette sorcière. En particulier, quand Zangar fait usage de son épée, elle tranche dans la tripaille, avec une dimension gore assumée, et un peu second degré. L'artiste n'essaye de dessiner à la manière de John Buscema, il ne parodie pas Conan dessiné par lui. Le lecteur à l'œil exercé remarque le temps d'une case, un encrage évoquant Alfredo Alcala, avec des petits traits en croisillon pour figurer une texture. Il peut aussi déceler l'influence de Tony DeZuniga dans certaines cases. Les auteurs rendent donc un hommage pince-sans-rire, avec une petite dose de sarcasme, aux épisodes plus adultes de Savage Sword (le titre complet de ce numéro était d'ailleurs Savage Sword of Criminal).



De la même manière, les comics dans le comics de la deuxième partie sont un hommage à deux séries de Doug Moench : Werewolf by night (Jack Russell) dessiné par Don Perlin, et Shang-Chi: Master of kung-fu dessiné par Paul Gulacy. En observant les dessins, le lecteur y reconnaît plus l'influence de Don Perlin (teintée d'un soupçon de John Romita senior pour le personnage féminin) que celle de Gulacy. Ces 2 comics dans le comics procurent également un plaisir de lecture, pour le côté barbare tout en force de Zangar, et pour le côté plus parodique de Fang (le loup-garou).



Le lecteur est tenté de rechercher plus que ce premier niveau de lecture dans ces hommages. Il peut voir dans Zangar, une image déformée et exagérée de Teeg Lawless, se conduisant selon son bon plaisir, imposant sa volonté par la force. Mais le rôle de la sorcière n'a pas de transposition évidente dans le monde réel, si ce n'est peut-être l'appât du gain. Il semble alors que l'aventure de Zangar ne soit qu'une illustration déformée de la résistance physique de Teeg Lawless, et de sa détermination à atteindre un but, indépendamment des cadavres qu'il laisse derrière lui. La deuxième partie peut s'interpréter plus facilement, Tracy se projetant dans Fang, se représentant comme le héros de sa propre vie, avec le prix à payer (comme Fang) de ne pouvoir s'attacher à une compagne au risque de la voir mourir.



C'est un grand plaisir de retrouver l'univers de Criminal, et le lecteur ne boude pas son plaisir à replonger dans la vie pleine de turpitudes de ce petit criminel (on sent bien qu'il ne fera jamais un gros coup) et de son fils, emmené sur la même route que son père, et prenant modèle sur le seul adulte qu'il côtoie. Il prend également plaisir à retrouver les dessins rugueux et râpeux de Sean Phillips, donnant corps à cet univers sombre où les individus sont destinés à souffrir de leur condition sociale, et de leur culture étriquée. Le lecteur de comics de longue date apprécie ces hommages à Savage Sword of Conan et Doug Moench, même s'il n'est pas bien sûr d'avoir saisi l'intention des auteurs avec ces comics dans le comics.
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Criminal, tome 7 : Au mauvais endroit



Été 1979, Tracy se retrouve sur les routes avec son père violent et alcoolique. À devoir conduire pour lui, à changer les plaques, à être témoins de meurtres, à se retrouver seul de très long moment et au final à se démerder pour se nourrir car son père ne rentre pas, où ne lui offrent pas de bons repas.

À travers ce road trip entre père et fils, on comprend mieux pourquoi Tracy pensait que son jeune frère avait vécu une meilleure vie que lui en restant seul avec sa mère.



Seule échappatoire pour ce jeune enfant rentré trop vite dans ce monde d'adultes, est de lire les bandes dessinées. Là, au moins même s'il y a de la violence, c'est le bon côté qui gagne contre le mauvais... Car Tracy est hélas du mauvais côté par son père. On ne choisit pas sa famille, mais on peut choisir ses lectures. 📖



Côté dessin, les expressions faciales sont très bien réussites. Que ça soit la surprise, la peur, la lassitude de Tracy Lawless face aux mauvaises actions de son géniteur de père ainsi que les expressions de ce dernier dans ses côtés assez psychopathes de truands.
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Criminal, tome 7 : Au mauvais endroit

Ce tome 7 est une bonne surprise , une excellente lecture bien noire, bien violente que je vous invite à découvrir et qui donnera, si ce n'est déjà fait, l'envie de lire les autres titres de Brubaker et Phillips.
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Fondu au noir

Les 350 pages de ce thriller imparable se dévorent sans effort, donnent le vertige et lèvent des voiles de décence sur une nature humaine qui n’a pas conscience de sa noirceur. Indispensable.
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Fondu au noir

Plongée magistrale dans le Hollywood des années 40. Brubaker fait preuve de toute sa maestria narrative, tandis que Sean Philips est au diapason niveau dessin. Ellroy est convoqué, de même que Raymond Chandler et Dashiell Hammett. A lire pour tout fan de Bd mais aussi pour tout fan de romans noirs! Magistral!
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Fondu au noir

Ed Brubaker démontre toute sa maestria d’écriture dans ce polar faussement classique, en construisant des protagonistes complexes et en enchaînant des dialogues ciselés.
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Fondu au noir

Il y a une quinzaine d'années je m'étais prise de passion pour James Ellroy et j'avais dévoré pas mal de ses romans. Ce que j'appréciais tout particulièrement dans les œuvres de l'auteur c'était le soin particulier apporté au contexte, à l'arrière-fond de l'intrigue. Bien souvent, cette toile de fond emmenait le lecteur du côté sombre d'Hollywood. Si j'évoque Ellroy et ses évocations des turpitudes du show-business de l'âge d'or d'Hollywood c'est que la lecture de "Fondu au noir" m'a beaucoup fait penser à cet aspect des romans d'Ellroy.



Dans "fondu au noir" c'est comme si l'arrière-fond des romans d'Ellroy prenait ici la place centrale. Le monde du cinéma des années 40 n'est pas ici une simple toile de fond mais le cœur du récit. Quand on aime le cinéma américain de cette période, la plongée dans cet univers est passionnante. Le contexte est bien rendu, les références nombreuses, l'immersion est vraiment très réussie. En revanche, l'intrigue autour du meurtre d'une jeune actrice qui constitue le cœur du récit m'a moins emballée. Cette histoire est intéressante et on a envie de découvrir la vérité mais j'ai trouvé que l'intrigue n'était pas très bien menée, inutilement alambiquée et ce qui marche en roman chez Ellroy, des intrigues touffues à multiples ramifications, ne fonctionne pas aussi bien en B.D.



J'ai tout de même passé un bon moment de lecture. "Fondu au noir" est un sacré morceau de B.D qui reste agréable à lire et beau visuellement. Même si ce sont les turpitudes du Hollywood de l'âge d'or qui sont ici dépeintes, paradoxalement "fondu au noir" est aussi un bel hommage au cinéma américain des années 40.

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Fondu au noir

Ce pavé de 400 pages reprend les douze épisodes de « The Fade Out », la dernière saga en date des auteurs de « Criminal », « Fatale » et « Incognito » : le scénariste Ed Brubaker et le dessinateur Sean Phillips.



Le récit se déroule en 1948 à Hollywood, au lendemain de la seconde guerre mondiale et en pleine période du Mac Carthysme. L’histoire débute dans un des bungalows de Studio City, où Charlie Parish, scénariste en manque d’inspiration, se réveille dans la baignoire avec une sacrée gueule de bois. A quelques mètres de lui, gît le corps sans vie de Valeria Sommers, la star du film dont il écrit le scénario. Lorsqu’il découvre que le crime a visiblement été camouflé en suicide, il cherche à découvrir toute la vérité sur ce drame…



Ed Brubaker était déjà une référence au niveau du polar noir, mais en nous plongeant dans les coulisses d’Hollywood en compagnie d’un héros qui s’attaque à ce monstre du cinéma tout en affrontant ses propres démons, il démontre une nouvelle fois tout son talent. Usant d’une narration en voix-off dont il a le secret, il nous plonge au cœur de ce monde beaucoup moins glamour que prévu, au plus près d’un personnage principal délicieusement tourmenté.



Au-delà de l’enquête policière, Ed Brubaker lève donc le voile sur univers sombre, gangrené par l’alcool, le sexe, la corruption et les jeux de pouvoir, où les femmes ne disposent pas encore du hashtag « metoo » et où de nombreux auteurs sont victimes de la chasse aux sorcières communistes. Le tout étant rehaussé par le dessin expert d’un Sean Phillips au sommet de son art et par la colorisation experte d’Elisabeth Breitweiser, je ne peux que vous conseillez vivement ce roman graphique que vous retrouverez d’ailleurs au sommet mon Top comics de l’année !
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Fondu au noir

Les vacances, ça permet aussi d’avaler des pavés de 336 pages et celui-là a bien besoin d’un peu de whisky pour passer. Charlie Parish en boit pas mal… ça l’aide à avaler des couleuvres… Scénariste dépassé, il sait bien que Valeria Sommers, la star de son film, ne s’est pas suicidée… il essaie d’y voir clair dans ce Hollywood sale d’après guerre. Tous les travers humains sont là… C’est un tourbillon noir dans lequel s’enfonce Charlie, et nous avec….



Le récit est riche et complexe, les personnages nombreux et j’ai eu parfois du mal à m’y retrouver. Mais quelle ambiance ! Le dessin précis, les couleurs, les dialogues ciselés … on est bien dans un film noir américain des années 40.



Au final une re-découverte pour moi que l’univers Brubaker-Phillips ( j’ai lu Fatale mais il y a longtemps !) et je sens tout un univers noir qui me tend les bras… Si vous aimez ces ambiances, n’ayez pas peur de plonger !

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Fondu au noir

Jusqu'à présent, je n'avais jamais tout à fait accroché aux lectures du duo Brubaker/Philips. Elles ont pu être tantôt agréables (Pulp) tantôt plutôt cool (Un été criminel). Mais là, on est sur autre chose, là on est sur du très lourd !



A travers ce gros et joli pavé de 400 pages, Ed Brubaker et son acolyte préféré nous emmènent dans le Hollywood d'après-guerre (fin 40's). L'époque de Clark Gable (seul vrai acteur faisant un mini passage dans le livre), de Cary Grant, Audrey Hepburn ou autres James Stewart. L'époque aussi du maccarthysme et de la chasse aux sorcières. Et enfin, une drôle d'époque pour les femmes du milieu (et d'autres aussi…) pour qui les choses n'étaient pas rose tous les jours…



On rentre dans le bain dès l'introduction, avec Brubaker nous racontant son oncle, un scénariste très réputé durant la golden area d'Hollywood. On y apprend qu'à cette époque, il y avait la liste des 10 d'Hollywood: 10 personnalités du cinéma blacklistées car accusées de pencher côté bolchevico-gaucho. Encore une fois, drôle d'époque, je ne comprendrai vraiment jamais le discours du "c'était mieux avant" 😁



En tout cas, voir Brubaker raconter comment son oncle et tante se retrouvent d'une certaine façon mêlés à tout ça, m'a immédiatement rappelé Jason Aaron qui fait la même chose (mais avec son cousin) à la fin de The Other Side. Deux histoires de famille qui ont inspiré les auteurs, pour deux réussites littéraires.



Car oui, The Fade Out (titre VO) est une franche réussite. On se retrouve dès les premières pages happé par ce monde clinquant, flamboyant mais aussi nauséabond. On suit rapidement une multitude de personnages mais c'est fluide et toutes ces personnes croisées ou rencontrées par le protagoniste (un scénariste impliqué dans la chasse aux sorcière tiens tiens) profitent toutes (ou quasi) d'un super caracter design.



Et que dire de l'intrigue ? Quand on est fan comme moi de polar noir, c'est un vrai régal. Rien de trop téléphoné ni de trop conventionnel. Alors, ca reste tout de même assez classique dans l'approche, mais la profondeur des personnages et de l'intrigue nous plonge dans un monde dont on ne ressortira que quelques minutes après avoir tourné les dernières pages.



Et c'est alors, en fin de lecture, que j'ai tout de suite pensé à l'excellent film de Robert Altman sur les vices d'Hollywood avec le génial Tim Robbins en tête d'affiche, The Player. Si l'occasion s'en fait, ne surtout pas se priver de le regarder.



Prochaine lecture du duo: les Sleeper ou les Kill or Be Killed

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Fondu au noir

"Ce sont toujours les petits riens qui rouvrent les portes de l'oubli. Les détails... Un rouge à lèvres évoque un sourire... Le sourire une voix... Puis un visage...

Et d'un coup, Charlie comprend chez qui il vient de se réveiller juste avant de la trouver morte sur le sol du living."



Le fondu de l’âge d’or du cinéma que je suis ne pouvait pas passer à côté de ce monumental roman graphique.



Dans une ambiance polar qui m’a rappelé L.A. Confidential de James Ellroy, se croisent stars, starlettes, professionnels du cinéma, pourris et les rôles sont parfois étonnamment interchangeables surtout en pleine chasse aux sorcières.



Quand Charlie Parrish, scénariste sur le déclin, se réveille dans une baignoire, il n’a plus beaucoup de souvenirs de la veille. Ah si, des brumes de son esprit émerge le souvenir d’une danseuse et d’une pipe dans un dressing ! Mais, quand dans la pièce d’à côté, il découvre le cadavre de son amie Valérie Sommers, la star du studio qui l’emploie, c’est la douche froide. Qu’a-t-il bien pu se passer ici la veille ?



Comprenant qu’il pourrait facilement se faire broyer par le studio, Charlie va tenter de remonter le fil de cette funeste nuit…



Une histoire envoutante comme un bon roman noir et difficile à lâcher qui rappelle la toute-puissance des studios de l’époque sur leurs employés, stars ou simples gratte-papiers. A travers certains personnages secondaires, on s’amusera de retrouver l’ombre de vedettes de l’époque comme James Dean ou Montgomery Clift.



Une plongée en eaux troubles dans cette usine à rêve qui peut très facilement transformer votre vie en cauchemar.



Fondu au noir…

Scénario : Ed Brubaker

Dessin : Sean Phillips

Couleur : Elizabeth Breitweiser



The End




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Fondu au noir

Je tiens à remercier chaleureusement Les éditions Delcourt et la Masse Critique de Babélio pour l’envoi de ce superbe ouvrage qu’est la bande dessinée Fondu au Noir.



Charlie Parish, le héros, est scénariste dans un studio hollywoodien. Il fréquente assidûment les acteurs et les starlettes. Mais après une soirée arrosée, il va se retrouver avec un cadavre sur les bras ! Celui de son amie, Valeria Sommers, jeune actrice tenant le rôle principale dans un film en cours de tournage. Pris de panique, Charlie va fuir l’appartement…



L’amatrice de romans policiers et de films noirs que je suis a été ravie par la lecture de cette histoire très bien écrite par Ed Brubaker et superbement illustrée par Sean Phillips. Elisabeth Breitweiser en est la coloriste.

Brubaker déroule son histoire noire, très noire sur fond de Maccarthysme à Hollywood. Il nous plonge dans une ambiance de film des années 1950. J’ai adoré ce climat à la James Ellroy qui allie la femme fatale, blonde platine, au flic désabusé planquant sous la pluie la « clope » au bec !

Une fois cette bande dessinée terminée…on en redemande… :-)



Ps. : un fondu au cinéma est une transition entre deux plans qui prend la forme d’un écran devenant progressivement noir.

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Fondu au noir

Hollywood, au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale.



Charlie Parish est scénariste. Depuis qu’il est revenu du front, Charlie n’est plus le même. Une part de lui-même est resté là-bas, incapable d’accepter les horreurs dont il a été témoin… incapable d’imaginer un lendemain à sa vie. Auteur renommé, il a déjà écrit les scénarii de plusieurs films et a été récompensé pour cela. Mais c’était avant la guerre… Depuis, il est incapable d’écrire plus de deux mots d’affilée. Ses textes, c’est Gil qui les écrit. Gil Mason est celui grâce à qui il est entré dans le métier, celui qui lui a tout appris. Mais Gil est communiste et depuis la terrible « chasse aux sorcières » cet homme est devenu un paria dans le microcosme d’Hollywood. Les deux amis se sont mis d’accord : Gil écrit les textes et Charlie les signe. Leurs faiblesses font leur force.

Leur fragile équilibre est quotidiennement mis à mal par leurs frasques d’ivrognes. Tous deux ont déjà sombré depuis longtemps dans l’alcool et le décès soudain d’une jeune actrice en pleine ascension, Valeria Sommers, est le grain de sable qui va gripper la machine. Val était l’actrice principale du dernier film de Charlie et sa mort survient pendant le tournage du film. Charlie est le premier à découvrir le corps de Val ; lorsqu’il découvre des traces de strangulation sur le cou de sa collègue (et compagne), il prend peur et quitte précipitamment les lieux du crime. Le problème, c’est que Charlie n’est pas fichu de se rappeler ce qui s’est passé durant la soirée.

L’intrigue est riche, très riche. Dans un contexte social délétère de chasse aux sorcières, de faux-semblants, de profit et d’industrie cinématographique, ce thriller psychologique prend plaisir à torturer son personnage principal. Ce dernier, un homme brisé par son expérience au front, lutte chaque jour pour garder un semblant de dignité et sauver les apparences. Mais derrière le masque, il n’a plus de libre-arbitre, plus d’ambitions [... lire la chronique intégrale sur le site : https://chezmo.wordpress.com/2018/01/17/fondu-au-noir-brubaker-phillips/]
Lien : https://chezmo.wordpress.com..
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Fondu au noir

Au-delà d’un bon polar, Fondu au noir est un sacré morceau d’histoire, une coupe en forme de plaie à vif dans le Hollywood méconnu, sale et nauséabond, mais qui donne un album complet, épais et pourtant savoureux.
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Fondu au noir

On ressort lessivé de ce roman noir, superbement écrit, et magnifiquement dessiné par un Sean Phillips toujours en grande forme, dont le trait fin s’évertue à apporter un maximum de détails. Un chef-d’œuvre, qu’il faut cependant digérer.
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Fondu au noir

Hollywood, 1948. Le scénariste Charlie Parrish se réveille dans une baignoire après une nuit de beuverie. A ses cotés se trouve le corps sans vie de Valeria Sommers, LA star du studio pour lequel il travaille. Constatant que la jeune femme a été étranglée et n’ayant aucun souvenir des heures précédentes, il s’enfuit sans demander son reste. Apprenant que le meurtre a été maquillé en suicide par ses patrons pour éviter un scandale, Charlie essaie de recoller les pièces du puzzle pour comprendre ce qu’il s’est passé au cours de la funeste soirée. Ce faisant, il met le doigt dans un engrenage qui risque de le broyer sans la moindre pitié.



Un noir serré, amer, sans un gramme de sucre. Il faut s’accrocher au départ pour s’y retrouver dans la foultitude de personnages (merci le trombinoscope présent au début de l’album !) mais une fois les repères trouvés, on se régale de bout en bout. L’atmosphère pesante de l’industrie du cinéma de la fin des années 40 avec ses stars ingérables, ses producteurs véreux et ses scénaristes alcooliques est rendue à la perfection. La dimension politique (chasse aux sorcières communistes dans tous les studios d’Hollywood) est un élément majeur de l’intrigue. Manipulation, corruption, règlements de comptes et secrets inavouables rythment une histoire sans temps mort aux nombreux rebondissements.



Les personnages ont tous une vraie densité, leur évolution psychologique est extrêmement crédible et leurs relations particulièrement travaillées. Un vrai plaisir de se plonger dans ce polar poisseux à souhait, porté par les dessins aussi sombres que réalistes d’un Sean Phillips au sommet de son art. Bars miteux à peine éclairés, femmes fatales en robe fourreau, tapis rouge, chapeau en feutre, verre de whisky dans une main et cigarette dans l’autre, l’ambiance de l’époque, digne d’un roman de Raymond Chandler ou de Ross MacDonald, fascine autant qu’elle effraie.



Un album diaboliquement vénéneux à la mécanique sans faille. Efficace et addictif.
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Fondu au noir

Fondu au noir

Ça pèse combien la culpabilité ? Pour certains c’est une charge insurmontable, pour d’autre c’est un fléau que l’on traîne derrière soi et qu’on tente de noyer dans l’alcool. Pour d’autres encore ce n’est rien d’autre qu’une tâche qu’il suffit d’effacer, quitte à laisser une trace. Mais rien qui ne puisse les empêcher de continuer.

Une chose est sûre, à Hollywoodland, la culpabilité, une fois digérée, peut être un tremplin vers la gloire.

Fondu au noir ressemble à un roman de James Ellroy tant par sa construction que par son propos et ses personnages. Il nous laisse à voir l’envers du décor d’une machine à rêve qui ne demande qu’à s’enrayer. Le monde du cinéma fonctionne comme la mafia, l’argent et le pouvoir sont rois, la loi du silence est d’or pour qui veut survivre. A mesure que le scénario se développe, les rêves de nos protagonistes s’estompent comme des mirages. Nul n’est irremplaçable sauf les dollars. C’est à se demander si on a là vraiment affaire à une œuvre de fiction. Il n’y a rien qui sonne faux et rien en trop. L’avant propos de l’auteur nous éclaire sur ses intensions et ses motivations mais aussi sur le contexte historique. Cette chasse aux sorcières dont on parle encore aujourd’hui et qui a terni l’Histoire d’Hollywood.

Les desseins sont au diapason de l’histoire et des protagonistes tout comme le sont les couleurs qui rendent hommage aux tons de l’époque et aux ambiances de l’œuvre. Les dialogues sont taillés à la serpe, vifs et tranchants. Désormais, pour moi, Fondu au noir est à Hollywood ce que Casino (film de Martin Scorcese) est à Las Vegas : un objet culte vers lequel je reviendrai très souvent. La parenthèse désenchantée d’un univers admiré et admirable que la part d’ombres rend nauséeux.

Bonne lecture.

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Fondu au noir

C’est encore à cause du blog "Actu du noir" que j’ai découvert ce comics et une fois de plus, je dois dire merci à Jean-Marc pour le bon tuyau (je vais devoir l’appeler Jean-Marc-Les-Bons-Tuyaux maintenant).



Hollywood, 1948.



L’envers du décor, comme dans "La vallée des poupées"…



Vous imaginez bien qu’on va oublier le strass et les paillettes pour plonger dans les alcools forts, les coups de pute, le chantage et on va même ajouter la chasse aux Rouges.



Pour certains paranos, la chasse aux communistes était l’activité principale, la seule chose qui valait la peine que l’on traque.



Le cinéma et la littérature ont payé un lourd tribu à cette chasse aux sorcières, des acteurs, producteurs, auteurs,… s’étant retrouvé sur la liste noire (pour des rouges… le rouge et le noir ?), bien souvent sur dénonciation.



Ne jugeons pas trop vite les dénonciateurs, ce comics nous démontre (pour ceux qui ne le sauraient pas encore) que l’on n’a pas toujours le choix de fermer sa gueule.



Le corps sans vie d’une star de cinéma est retrouvé, elle a été assassinée mais on fait passer son meurtre pour un suicide et hop, affaire bouclée. Sauf pour Charlie Parrish qui n’y croit pas une seule seconde.



Ce comics noir, c’est une enquête brumeuse, un retour en arrière dans les souvenirs imbibés d’alcool de Charlie, scénariste incapable d’écrire une ligne depuis son retour de la guerre. Charlie, c’est le gars sympa, le copain des filles, celui qui a failli gagner un Oscar pour un de ses scénarios, celui qui est revenu de la guerre avec des horreurs plein la tête.



Charlie n’est pas le seul à être torturé, tout le monde a ses petits secrets, certains ont les moyens de les garder sous une chape de plomb, d’autres non et sont victime de chantage. La chasse aux Rouges se fait à n’importe quel prix et ceux qui chassent les sorcières ne regardent pas à la casse.



Les dessins sont excellents, sombres, réalistes, old school et on se surprend à faire des parallèles entre les vedettes croisées dans les pages et celles de la réalité.



Ce comics, c’est aussi de la politique avec le maccartysme et de l’intrigue avec Hollywood et mes magouilles de producteurs pour tenir leurs vedettes, faire le ménage quand ça dérape…



C’est intriguant, mystérieux et glaçant de regarder derrière le décor pour y voir les coulisses. On devrait fermer les yeux mais c’est plus fort que nous, on zieute et on les ouvre bien grand.



Hollywood ne sort pas grandi de ces pages, mais nous savions depuis longtemps que ce n’était pas le monde des Bisounours caracolant sur des arc-en-ciel, bouffant des papillons et chiant des petits poneys. Ou était-ce le contraire ?



Anybref, toi qui pousses la porte des studios de cinéma, respire un grand coup, rase les murs, ne cherche pas à devenir une vedette et si tu peux, fuis, pauvre fou (folle).



Mais avant de foutre ton camp avec tes jambes à ton cou, prends la peine d’ouvrir et de lire ce comics qui t’en donnera pour ton argent niveau enquête alambiquée où tu ne sauras plus très bien qui est coupable, qui est innocent et si les hypothèses sont bien les bonnes… Dans la vraie vie, il reste toujours des zones d’ombre, des non-dits, des mystères pas tout à fait résolus.



Un comics épais comme un café noir et lourd, mais il vaut bien une luxation du poignet !



PS : les personnages de « La vallée des poupées » sont des anges à côté de ceux qui gravitent dans ce comics…



PS 2 : Merci à Jean-Marc de m’avoir donné envie de découvrir ce comics (ce n’est pas le premier, j’ai une ardoise chez lui comme c’est pas possible !!).


Lien : https://thecanniballecteur.w..
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Fondu au noir

Hollywood, 1948, quelques mois après la Commission des Activités anti-américaines qui condamna dix personnalités soupçonnées de sympathies communistes. Un scénariste, Charlie Parish, se réveille d'une nuit mouvementée et très arrosée dans la même maison que la future star de cinéma Valeria Sommers. Mais Valeria est morte, étranglée. Charlie, torturé par ses démons issus de la guerre, ne parvient plus à écrire. Il va tenter de faire la lumière sur l'assassinat de son amie Valeria.



Revoilà Ed Brubaker récemment découvert dans la série Velvet. Le scénario est toujours bourré d'allers-retours dans le temps, de détails qui vont devenir importants. Il est parfois un peu complexe et long à suivre : ce roman graphique fait quand même 336 pages (sans compter le superbe cahier final avec les illustrations en grand de Sean Phillips). Je dois avouer que l'ensemble est parfois bavard, mais néanmoins passionnant. Un vrai roman noir avec un contexte particulièrement bien rendu, les dessins y sont aussi pour beaucoup. Hollywood au temps de la chasse aux sorcières et les dessous du cinéma qui commence à devenir une vraie industrie avec son lot de bassesses, de jalousies, de débauches sexuelles et d'alcool, d'espionnage par le FBI des activités de ce monde particulier, de dénonciation, ... Bref, un contexte qui vit également la naissance de vraies stars et de grands films devenus des références (notez la critique à peine dissimulée au cinéma actuel qui court tout au long de l'album). Un contexte idéal pour un bon roman noir !
Lien : http://www.lyvres.fr/
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