Je vivais le drame de tous les émigrés écartelés entre deux espaces géographiques et culturels... " Ils se sentent d'ici et pas du tout de chez eux, mais certains finissent par se sentir de nulle part. "
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Les jours qui passent guérissent peu à peu toutes les blessures, cicatrisant les unes, faisant oublier les autres.
Heureusement, il y avait les lettres qui, à intervalles réguliers, apportaient des nouvelles du malade, de tous. Santo ne savait ni lire, ni écrire, seulement signer son nom, ce qui l’obligeait chaque fois à faire lire par un tiers les missives : par un ami, un parent, les faisant souvent lire plusieurs fois, voulant s’imprégner de tout cet amour qu’elles contenaient, de toute cette affection venue de loin et dont il avait tant besoin, afin de remonter son courage défaillant. L’espoir de jours meilleurs lui faisait tenir le coup, malgré la distance, seul au milieu d’un monde hostile.
Même aujourd’hui j’y repense, quelques fois avec un sourire bienveillant et d’autres fois, avec un frisson de honte, je traîne mes brisures et je ne suis pas sûr d’être complètement guéri de certaines d’entre elles.